Vogamorgos Un an, un couple, un voilier daily 1 https://vogamorgos.com Mon, 21 Jun 2021 00:00:00 +0000 Des Açores à la Bretagne Pauline <p> </p><h2>Un archipel enchanteur</h2><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/portugal-carte-acores%20(1).jpg"></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/493efdf2-6fc8-415f-a46d-94bfce219758.jpg"></figure><p> </p><p>Ah, les Açores…rien que d'y penser, une bouffée de nostalgie nous envahit.</p><p><strong>Cet archipel de 9 îles sous drapeau portugais est un paradis pour les amateurs de nature et de grands espaces</strong>. Tout comme le Portugal et Madère, les Açores font partie des destinations ibériques  “coup de coeur” de l'année: il y règne une douceur de vivre, une ruralité vivante et un raffinement exceptionnels. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Faial/20210522_160517-min.jpg"><figcaption>Paysage typique des Açores: la caldeira (cratère volcanique géant) de l'île de Faial</figcaption></figure><p> </p><p>La qualité des <strong>fromages locaux</strong>, de la <strong>viande de boeuf </strong>produite sur place (les vaches y sont très heureuses paraît-il) et des<strong> vins issus de terres volcaniques</strong> de l'île de Pico en font une destination idéale pour les fins gourmets.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Sao%20Jorge/20210526_183627.jpg"><figcaption>Pâturages avec vue sur mer, sur l'île de Sao Jorge</figcaption></figure><p> </p><p>Après trois mois passés sous les tropiques, l'arrivée sous des latitudes plus frisquettes est la bienvenue: nous retrouvons le plaisir de nuits plus fraîches, et découvrons émerveillés une végétation splendide. <strong>Hybride, la flore est à la croisée des chemins entre les Antilles et l'Atlantique</strong>. À notre arrivée, les hortensias commencent à fleurir, de quoi nous donner le sentiment d'être de retour sur les côtes bretonnes! Vous l'aurez compris: le passage par les Açores est la transition rêvée pour se préparer à revenir vers nos côtes françaises, tout en conservant cet esprit de découverte curieux et enthousiaste.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/20210526_162830-min.jpg"><figcaption>Composition florale en randonnée, dont la fameuse fleur de perroquet ou oiseau de paradis dite “Strélitzia”</figcaption></figure><p> </p><p>La richesse des Açores est telle qu'<strong>aucun sentiment de lassitude ne s'empare de nous tout au long de cette escale</strong>: après 10 mois de découverte à en prendre plein la vue, il est encore possible de tomber sous le charme de ces îles discrètes et peu connues. Dynamisés par la beauté des villages traversés, la spécificité des paysages volcaniques, le charme <span style="background-color:rgb(255,255,255);color:rgb(53,60,78);">des plus grandes villes et l'accueil des habitants</span>, nous avons beaucoup de mal à ne pas décaler notre retour…<strong>Les Açores nourrissent l'élan du voyageur par la contemplation de ses paysages grandioses</strong>. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/IMG-20210619-WA0000-min.jpg"><figcaption>Entre mer et montagne, sur l'île de Faial</figcaption></figure><p> </p><p>Enchaînement de <strong>cratères verdoyants à perte de vue, descentes escarpées vers des plages de sable noir, pâturages généreux, piscines naturelles, falaises à pic, </strong>il est bon de prendre le temps de visiter chaque île et de ne pas trop courir pour chercher à tout voir. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Faial/20210521_184539-min.jpg"><figcaption>Ponta dos Capelinhos à Faial </figcaption></figure><p> </p><p>Par manque de temps, nous nous sommes “seulement” arrêtés dans les îles centrales: <strong>Faial</strong> deux semaines, <strong>São Jorge</strong> une semaine et <strong>Terceira</strong> une nuit, pour découvrir sa sublime ville “Angra do Heroismo”. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Faial/IMG-20210604-WA0000.jpg"><figcaption>Départ d'Amorgos pour Sao Jorge</figcaption></figure><p> </p><h2>Horta, le QG des marins</h2><p> </p><p>Après plusieurs semaines en mer, refaire le plein de nourriture, d'eau et de sommeil s'impose: la situation des Açores sur un parcours transatlantique est idéale pour cela.</p><p><strong>Qui arrive des Açores de la mer se rend en général sur l'île de Faial, dans le port d'Horta.</strong> </p><p>Horta est une petite ville charmante, escale incontournable des marins de passage. Elle draine tous les voiliers en provenance de l'Amérique et des Antilles, et même au-delà…Quand on rencontre des équipages en provenance directe du Chili (53 jours de mer!) ou de Sainte-Hélène, on se dit que notre tableau de chasse de marins est encore relativement vierge! </p><p> </p><h4>Le Café Peter Sport et son industrie</h4><p> </p><p>À peine le pied posé par terre, direction le café Peter Sport: le mythique bar des navigateurs! <strong>Des générations de marins, plaisanciers et coureurs au large, s'y succèdent pour trinquer à leur navigation et y laisser un drapeau, un autocollant, des photos de leur passage</strong>. Un Gin do Mar (gin de maracuja) plus tard, puis deux, puis trois, et vous voilà dans l'<strong>ambiance conviviale et chaleureuse de ce bar familial</strong>. Sans compter sur ses fondateurs et successeurs qui ont su développer un business florissant, fait de goodies autour de la baleine bleue, du cachalot, et de sculptures réalisées à partir d'ossements du temps où ces pauvres bêtes étaient chassées par les hommes.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Faial/IMG-20210518-WA0006.jpg"><figcaption>On admire chez Peter la déco et les traces laissées par les marins de passage</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Faial/IMG-20210518-WA0003.jpg"><figcaption>On prend des verres chez Peter…</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Faial/IMG-20210603-WA0019.jpg"><figcaption>On dîne chez Peter. Et bis repetita.</figcaption></figure><p> </p><h4>Laisser sa trace </h4><p> </p><p>Une fois qu'on a pris une bonne bière chez Peter, un deuxième rituel prend la relève: <strong>peindre ses couleurs sur l'un des murs du port ou de la digue</strong>. Vous le savez, les marins sont superstitieux et s'adonnent avec joie à toute tradition supposée éloigner les foudres de Poséidon…</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Faial/20210603_173710-min.jpg"><figcaption>Logos face à l'entrée du port</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Faial/WhatsApp%20Image%202021-06-20%20at%2008_26_55.jpeg"><figcaption>Tous les murs sont colonisés par les logos des équipages. L'enjeu et le jeu sont de se faire une petite place…</figcaption></figure><p> </p><p>Nous nous plions à l'exercice avec joie, et élisons domicile <strong>à côté du logo des anciens propriétaires du bateau, partis en 2016-2017 pour une boucle Atlantique</strong>. Une fois la peinture achetée, c'est parti pour le nettoyage de la surface d'un vieux logo délavé de 2004…, la peinture en blanc, le dessin au crayon à papier, la peinture d'une couche, puis deux.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Faial/NEW%202.jpg"><figcaption>Kévin, l'artiste de la bande. </figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Faial/NEW%203.jpg"><figcaption>Pauline, le maçon qui fait tout à la truelle. Oups, j'ai fait un pâté</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Faial/IMG-20210523-WA0004.jpg"><figcaption>Le logo fini: la fierté du voyage accompli! We did it!</figcaption></figure><h4> </h4><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Faial/IMG-20210620-WA0002.jpg"><figcaption>Il est beau le logo, il est beau!</figcaption></figure><h4> </h4><h4>La baie tranquille de Porto Pim</h4><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/20210520_180251%20(1)-min.jpg"></figure><p> </p><p>Horta est une ville agréable à vivre, très bien entretenue et aménagée. Des <strong>barbecues publics approvisionnés en bois </strong>ou des sièges pour admirer la vue sont à disposition des passants, c'est très plaisant! Les <strong>façades blanches ornés de pierre de lave </strong>des bâtiments principaux et les maisons colorées dégagent une impression de quiétude et de propreté. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/933887ab-338a-4e38-a672-b2cf2544e79a.jpg"><figcaption>Vue sur Horta - la marina à droite</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Sao%20Jorge/20210602_205900.jpg"><figcaption>Plusieurs barbecues publics sont dispo dans la ville: tu appelles les copains, quelques saucisses, et tu fais griller le tout dans la joie et la bonne humeur</figcaption></figure><p> </p><p>À cinq minutes du centre se situe la baie de Porto Pim. C'est un bon spot pour prendre petits déjeuners et verres au soleil couchant.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Faial/20210522_132500.jpg"><figcaption>L'arrivée sur la baie, face à la plage</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Faial/20210603_083427.jpg"><figcaption>Vue d'en haut</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Faial/IMG-20210619-WA0008.jpg"><figcaption>Le petit-déjeuner: la serveuse hallucine quand Kévin commande tout ça, pour lui! On l'entend pester sur les étrangers…dommage que Kévin parle portugais, on a tout compris! :D (Il est à signaler que ce petit-déj coûte moins de 8 euros: pas cher pas cher!)</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Faial/IMG-20210520-WA0006.jpg"><figcaption>On y trinque aussi, parfois (souvent)</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Faial/20210603_201438(1).jpg"><figcaption>Et surtout: on s'y réunit avec les batocopains! C'est notre dernière soirée aux Açores avant le retour vers la France</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Faial/20210603_194232.jpg"><figcaption>Le soir, il y a même des concerts flottants…</figcaption></figure><h4> </h4><h4>Une jolie côte…polluée par le plastique</h4><p> </p><p>La baie de Porto Pim, comme tant d'autres plages des Açores, est magnifique, mais a pour désavantage de se trouver sur la route de courants marins. Quand on sait qu'<strong>en 2050 il y aura plus de plastique dans la mer que de poissons</strong>, on se dit qu'il est temps d'agir. <strong>De manière préventive</strong> avant tout, en sortant de nos habitudes de production et de consommation l'utilisation de plastiques à usage unique, et <strong>curative</strong> aussi, en nettoyant ce qui est déjà inondé de plastique. </p><p>Nous répondons présent à l'appel de nos copains les Arvik, qui sillonnent le globe pour sensibiliser à la réduction des déchets et observer les cétacés. </p><p>L'objectif ? <strong>Nettoyer ensemble une plage particulièrement  inondée de déchets en tous genres.</strong> Le nettoyage de plage s'organise en 3 temps:</p><p>- le ramassage des déchets et la collecte dans de grands sacs, ou à la main quand il s'agit de grosses pièces. En 1h30 à dix, nous collectons une vingtaine de sacs en toile.</p><p>- le tri, par catégorie</p><p>- le comptage</p><p>Ces deux dernières phases sont les plus chronophages et fastidieuses, mais efficacement menées par un travail d'équipe! L'idée est de remonter les données de la collecte à Surfrider Foundation, cette super asso qui agit pour la protection des océans. En triant par catégorie les principaux déchets aquatiques retrouvés,<strong> le nettoyage de plage alimente une base de données européennes, constituant un puissant argumentaire factuel pour faire pression sur les décideurs politiques et les industriels</strong>.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Faial/IMG-20210619-WA0014.jpg"><figcaption>On trouve de tout: tongs, déodorants, brosses à dents, douilles, bouchons de bouteilles, bouteilles, morceaux indéfinis…</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Faial/20210522_121900-min.jpg"><figcaption>Deuxième phase: tri par catégorie (microplastiques, objets identifiés, bouchons, mégots, filets de pêche…tout y passe)</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Faial/IMG-20210523-WA0021.jpg"><figcaption>Résultat des courses: plus de 110kg de déchets ramassés. Parmi ceux-ci:  3000 morceaux de plastiques ramassés non identifiables, plus de 800 bouchons de bouteille, des bidons, caisses, filets et innombrables objets du quotidien.</figcaption></figure><h2> </h2><h2><span style="background-color:rgb(255,255,255);color:rgb(77,81,86);">São Jorge, l'île aux verts pâturages</span></h2><p> </p><p>Après une dizaine de jours passés à Horta,<strong> nous retrouvons la joie de mettre les voiles pour quelques heures</strong> (et non trois semaines!), afin de nous rendre sur l'île de São Jorge. Cette <strong>île de verts pâturages </strong>est connue pour sa production <strong>de fromage et de lait</strong>. </p><p><strong>Les Açores fournissent 30% de la production laitière du Portugal</strong>, il est donc normal de croiser le chemin de nombreuses vaches laitières, omniprésentes sur l'île tout en jouissant de grandes prairies rien que pour elles.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Sao%20Jorge/20210523_140100.jpg"><figcaption>En route pour Sao Jorge, avec Pico en toile de fond, et un bateau canadien juste devant</figcaption></figure><p> </p><p>Direction le petit port de Velas, où <strong>le chant des puffins cendrés </strong>animent nos nuits de leurs cris dignes d'un film de Hitchcock. La charmante marina accueille une quinzaine de bateaux. Loin du tumulte de Horta, <strong>nous renouons avec le calme et le repos</strong>, et finissons par passer une semaine sur cette île regorgeant de randonnées sur de jolis chemins de pierre. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Sao%20Jorge/20210526_150121-min.jpg"><figcaption>Déjà, nous retrouvons des piscines naturelles, comme c'était le cas aux Canaries et à Madère</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Sao%20Jorge/20210526_150323-min.jpg"><figcaption>Il n'y a qu'à faire un plouf, si ce n'est qu'on a perdu plus de 10 degrés de température d'eau depuis les Antilles!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/514c7776-8471-4b2f-b38a-c508745d0858.jpg"><figcaption>D'ailleurs, il y en a un qui ne part plus à l'eau sans la double couche de néoprène</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Sao%20Jorge/IMG-20210619-WA0006.jpg"><figcaption>Le calme d'une eau protégée par la lave face aux embruns de la mer</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Sao%20Jorge/IMG-20210619-WA0009.jpg"><figcaption>C'est venteux, c'est à pic, c'est beau!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Sao%20Jorge/20210526_172153-min.jpg"><figcaption>Vue sur une faja en randonnée. <span style="background-color:rgb(255,255,255);color:rgb(90,88,88);">Paysage emblématique de São Jorge, l</span>es<strong> </strong><i><strong>fajãs</strong> </i><span style="background-color:rgb(255,255,255);color:rgb(90,88,88);"> ponctuent le rivage de l’île. Ce sont des surfaces de terre planes en bord de mer, situées au pied d’imposantes falaises et s’avançant dans l’océan.</span></figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Sao%20Jorge/20210526_173015-min.jpg"><figcaption>Une fois arrivés à la faja, nous découvrons de charmantes maisons en pierre très bien entretenues, entourées de généreux potagers</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Sao%20Jorge/20210526_175038-min.jpg"><figcaption>Les habitants de Sao Jorge se rendent dans ces maisons le week-end. C'est rustique: les maisons sont accessibles uniquement à pied, un câble permet de descendre les biens et matériaux les plus lourds.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Sao%20Jorge/20210527_143748.jpg"><figcaption>La cordillère centrale traverse toute l'île</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Sao%20Jorge/20210530_093828-min.jpg"><figcaption>En amont des randos, on s'organise pour un petit-déj face à Pico </figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Sao%20Jorge/20210530_121446-min.jpg"><figcaption>Avec les Arvik, nous faisons une super rando jusqu'à un magnifique village, où un surf camp top secret mais très réputé attire les rares personnes qui en ont connaissance…</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Faial/IMG-20210604-WA0006.jpg"><figcaption>Après l'effort…</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Sao%20Jorge/20210530_161338-min.jpg"><figcaption>Vue d'une faja</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Sao%20Jorge/IMG-20210619-WA0005.jpg"><figcaption>Après cinq jours de rando et quelques courbatures, on savoure toujours la vue à couper le souffle </figcaption></figure><h2> </h2><h2><span style="background-color:rgb(255,255,255);color:rgb(77,81,86);">Les baleines</span></h2><p><br>L'approche à la voile des Açores nous donne un avant-goût de la présence massive de baleines dans la région. Si les cétacés sont légion aux Açores, ce n'est pas (uniquement) parce-qu'elles sont friandes des paysages somptueux de l'archipel . Les espèces résidentes ou migratrices, communes ou rares, apprécient <strong>la forte concentration en poisson </strong>de ces eaux généreuses. </p><p>Traditionnellement, la chasse à la baleine est une activité source de développement pour les habitants des Açores, depuis son introduction par les Yankees au XIXème siècle. En tuant au harpon un cachalot d'une baleinière (le cachalot se déplace très lentement et ne coule pas quand il meurt…)<strong>, les chasseurs assurent l'approvisionnement de l'île en huile et l'exportation de cette dernière.</strong> A l'époque, l'huile sert essentiellement à l'<strong>éclairage</strong>, aux<strong> machines industrielles </strong>et aux <strong>instruments</strong>. Les baleines permettent également à produire savon, parfums, cosmétiques et farines.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Baleines/20210520_153456.jpg"><figcaption>Le cachalot, baleine particulièrement chassée aux Açores pendant 1 siècle</figcaption></figure><p> </p><p>En nous rendant au musée de la baleine de Horta, nous apprenons avec soulagement que <strong>depuis 1984, la chasse à la baleine est interdite</strong>.  Celle-ci est non seulement violente à regarder mais est aussi à l'origine de l'<strong>extinction d'une espèce fragile dont la population peine à se reconstituer</strong>. La gestation de la femelle dure jusqu'à 15 mois. Elle donne naissance environ tous les 5 ans. Seuls trois cachalots ont été tués en 1987, pour récupérer leurs dents à des fins d'artisanat (le fameux “scrimshaw”, soit les os de baleine sculptés en pendentifs, bagues, porte-clés, bibelots…). C'est joli, mais nous avons résisté à la tentation d'en acheter.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Baleines/20210520_155246.jpg"><figcaption>Ossement d'un cachalot dame (une cachalote?)</figcaption></figure><p> </p><p>Durant cette année, nous en avons appris beaucoup sur les cétacés, baleines comme dauphins. Les baleines sont notamment des mammifères gigantesques, majestueux, dotés de <strong>comportements sociaux étonnants</strong>, même attachants.</p><p>Pour continuer à nous documenter sur le sujet, en complément des observations de baleines faites sur Amorgos lorsque ces mastodontes nous offrent une visite surprise, nous testons l'activité phare des Açores: le <strong>Whale watching</strong>. Les observateurs, qui faisaient avant la veille pour chasser la baleine, se sont transformés en vigies afin d'informer les professionnels de whale watching de la présence d'individus à certains endroits de l'archipel. Lorsque nous nous sommes inscrits, la présence d'une “petite baleine bleue" (cela dit, le plus grand mammifère marin) est signalée au large de Pico. Go c'est parti, on fonce en Zodiac sur les traces de ce pauvre animal.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Baleines/20210602_114225.jpg"><figcaption>Whale watching style: t'as plusieurs zodiac (3 normalement au max) qui guettent la remontée à la surface de la baleine pour s'approcher d'elle. </figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Baleines/P1240687.jpg"><figcaption>Le souffle de la baleine nous alerte. Elle respire plusieurs fois à la surface avant de replonger.  Ici, nous apercevons son dos.</figcaption></figure><p> </p><p>Cela dit…l'expérience est intéressante mais <strong>nous préférons bien largement profiter de la visite inopinée de cétacés lorsque ces derniers le souhaitent</strong>. </p><p>Aux Açores, nous avons fait de jolies rencontres sur Amorgos:</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Baleines/20210604_195543.jpg"><figcaption>Des dauphins communs, un grand classique dont on ne se lasse pas </figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Baleines/IMG-20210604-WA0018.jpg"><figcaption>Et surtout, au loin: un cachalot! Les cachalots vivent en groupe. Leur souffle donne de précieuses indications quant à leur identité: projeté à 45 degrés, leur inclinaison permet de détecter sa présence. Le cachalot souffle par sa seule narine, la gauche. </figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Baleines/P1240794.jpg"><figcaption>Un grand nez noir comme ça, pas de doute: c'est bien un cachalot!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Baleines/P1240821.jpg"><figcaption>Et l'avantage du cachalot, aussi, c'est qu'il plonge! </figcaption></figure><h2> </h2><h2>Açores-Bretagne: last but not least!</h2><p> </p><p>Après trois semaines à profiter des Açores entre Faial et Sao Jorge, l'heure de rentrer en France a sonné. Nous tenons à nous arrêter une journée dans la ville d'<strong>Angra do Heroismo, sur l'île de Terceira</strong>, tant sa beauté est réputée. Les 75 milles qui la séparent de Faial sont avalés en une grosse journée de navigation, et nous passons 24h dans cette ville, à admirer son architecture et ses magnifiques points de vue.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Terceira/20210605_155623.jpg"><figcaption>Vue sur Angra. À gauche, on aperçoit la marina</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Terceira/IMG-20210620-WA0005.jpg"><figcaption>Un magnifique jardin nous permet de faire le plein de verdure avant d'embarquer vers 10j de Grand Bleu</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Terceira/IMG-20210620-WA0000.jpg"><figcaption>Nous dégotons une taverne branchée pour trinquer à cette escale et à notre séjour aux Açores</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Terceira/20210605_213523.jpg"><figcaption>Angra s'endort, sous des couleurs magnifiques</figcaption></figure><p> </p><p>Le lendemain, nous nous levons à l'aube pour prendre le temps d'un dernier jogging avant d'embarquer pour <strong>une dizaine de jours en mer</strong>. Dix jours, c'est moins long que la transat retour (proche de 19 jours) mais tout de même conséquent. Plus de 1400 milles nous attendent.</p><p>La météo semble propice à notre traversée: nous partons <strong>vent portant</strong> des Açores pendant cinq-six jours, puis traversons une <strong>dorsale anticyclonique</strong> (sans vent), pour ensuite remonter vers la Bretagne au<strong> bon plein</strong>. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Nav%20A%C3%A7ores-Bretagne/IMG-20210606-WA0001.jpg"><figcaption>Cap sur la Bretagne</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Nav%20A%C3%A7ores-Bretagne/20210606_120711.jpg"><figcaption>Départ de Terceira, avec la vue sur un jolie phare à l'Est de l'île</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Baleines/20210612_084045(0).jpg"><figcaption>Des globicéphales nous accompagnent!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Nav%20A%C3%A7ores-Bretagne/20210611_194706.jpg"><figcaption>Nous renouons avec le large: le ciel est majoritairement couvert, nous n'apercevons que peu d'étoiles la nuit</figcaption></figure><p> </p><p>Les premiers jours se déroulent à merveille:<strong> le bateau file à 7-8 noeuds au portant</strong>. En nous relayant toutes les 3 heures, nous retrouvons le rythme de quart habituel en grande traversée. Au bout de quelques jours, nous allumons le moteur pour traverser (péniblement) au moteur la dorsale en moins de 24h. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Nav%20A%C3%A7ores-Bretagne/20210615_141248.jpg"><figcaption>Le retour se prépare: on fait des listes, des “to do”, des rétroplannings…ça nous occupe</figcaption></figure><p> </p><p>En nous dégageant de la dorsale, nous nous retrouvons à la latitude du Nord de l'Espagne, un peu à l'extérieur du Golfe de Gascogne. Nous nous sentons presque “arrivés”, tant les premiers jours se sont bien passés. C'est sans compter <strong>la pénibilité de remonter au près serré jusqu'à notre objectif</strong>... si bien que pendant trois jours, nous avons l'impression d'être scotchés à 300 milles de la Bretagne sans progression visible en journée. </p><p><strong>Lourdauds que nous sommes du fait de l'excès de matériel et de souvenirs embarqués, nous plantons des pieux à chaque fois que nous passons une vague</strong>. Au mieux, le bateau ralentit à 3,5 noeuds, au pire, il s'arrête…Nous nous relayons jour et nuit à la barre pour mieux négocier les vagues. Peu à peu, nous gagnons du terrain et arrivons enfin à la latitude de Bordeaux. Harassés par une sourde fatigue engrangée pendant la nuit, un sentiment de révolte s'élève lorsque<strong> la Marine Nationale Française nous survole pour nous dérouter vers le sud, pour cause de tirs de missile sur une large zone d'intervention</strong>. Un AVURNAV (Avis Urgent aux Navigateurs) est publié pour l'occasion, mais étant au large et en eaux internationales, nous n'en avons pas connaissance.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Nav%20A%C3%A7ores-Bretagne/IMG-20210619-WA0018.jpg"><figcaption>Un avion rien que pour nous! Bon, ce ne sont pas des rigolos par là. Ils n'apprécient pas le fait qu'on essaye de négocier de redescendre un peu moins au sud que ce qu'ils nous intiment de faire…l'amende pointe le bout de son nez. On est en eaux internationales, il n'y a que les Français capables de vous coller une prune dans de telles circonstances!</figcaption></figure><p> </p><p>Nous sommes bien peu de choses face à l'Armée, aux 4 bâtiments militaires mobilisés et à l'avion qui nous survole de bien près pour communiquer avec nous par VHF,  et <strong>obtempérons la mort dans l'âme pour nous rediriger vers l'Espagne au portant</strong>. Après 4 heures plein sud, nous sommes autorisés à reprendre cap au nord, et regagnons peu à peu du terrain, au prix d'un saut de haie à chaque vague passée. <strong>Les derniers jours sont difficiles, épuisants </strong>pour le corps et l'esprit,<strong> désespérants </strong>parfois, et se soldent heureusement par une excellente dernière journée de remontée au bon plein sur une mer bien lisse. Notre dernière journée à bord d'Amorgos dans le cadre de ce voyage se déroule parfaitement. <strong>Le bateau glisse sur un tapis roulant</strong>, nous nous laissons porter jusqu'à l'arrivée.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Nav%20A%C3%A7ores-Bretagne/20210615_152839.jpg"><figcaption>Une dernière journée idyllique! Les nuages de la côte nous laissent entrevoir l'arrivée</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Nav%20A%C3%A7ores-Bretagne/20210615_230547.jpg"><figcaption>Au bout d'un moment, l'objectif tant rêvé devient tangible: le phare des Moutons nous accueille au large de Concarneau, l'arrivée est proche!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Nav%20A%C3%A7ores-Bretagne/20210615_225930.jpg"><figcaption>Amorgos file droit, sous un coucher de soleil magique</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Nav%20A%C3%A7ores-Bretagne/IMG-20210616-WA0009.jpg"><figcaption>L'émotion d'arriver se dessine…</figcaption></figure><p> </p><p>Nous arrivons à marée basse et décidons de passer la nuit dans la baie de Port-La-Forêt pour éviter de talonner à l'entrée de Port La Forêt, nous remettre de nos émotions à bord et profiter d'une dernière nuit sur l'eau. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/29463bd5-c560-445c-ab8b-cd8da3695b50.jpg"><figcaption>En pleine nuit noire, nous nous amarrons à une bouée, soulagés et heureux d'arriver.</figcaption></figure><p> </p><p>Quant à l'arrivée, elle fut chargée en émotions après un an sans avoir serré nos parents dans nos bras:  </p><figure class="media"><div data-oembed-url="https://www.youtube.com/watch?v=2cHEpgGVD2c"><div style="position: relative; padding-bottom: 100%; height: 0; padding-bottom: 56.2493%;"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/2cHEpgGVD2c" style="position: absolute; width: 100%; height: 100%; top: 0; left: 0;" frameborder="0" allow="autoplay; encrypted-media" allowfullscreen=""></iframe></div></div></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Nav%20A%C3%A7ores-Bretagne/IMG-20210616-WA0020.jpg"><figcaption>On amarre le bateau avant d'embrasser les parents, il serait dommage de casser quelque chose à l'arrivée!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Nav%20A%C3%A7ores-Bretagne/IMG-20210616-WA0019.jpg"><figcaption>Et après, ce sont les retrouvailles tant attendues!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Nav%20A%C3%A7ores-Bretagne/IMG-20210616-WA0033.jpg"><figcaption>Après une vraie bonne douche, nous trinquons à nos retrouvailles et à l'année écoulée! Aux projets, à la vie, à l'amour! </figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/A%C3%A7ores/Nav%20A%C3%A7ores-Bretagne/IMG-20210617-WA0016.jpg"><figcaption>Quelle joie euphorique et profonde de retrouver un endroit connu, auquel nous sommes attachés: dans cette église, le 24 juillet, une nouvelle aventure prendra le relais!</figcaption></figure><p> </p><p>À bientôt pour le dernier article “Bilan” de cette année riche et mouvementée!</p> Mon, 21 Jun 2021 00:00:00 +0000 /blog/a-terre/des-acores-a-la-bretagne /blog/a-terre/des-acores-a-la-bretagne Transat retour: 19 jours et 15h sur l'océan Pauline <p> </p><p> </p><p>La transat retour. La fameuse. Inéluctablement, elle arrive. Plus redoutée que la “transat aller”. Par sa réputation, déjà, et par notre expérience, aussi: la transat aller était éprouvante, pourquoi la transat retour le serait-elle moins? </p><p><strong>La durée est plus longue: trois semaines au lieu de deux, la météo plus complexe, les risques plus grands</strong>. Les anciens propriétaires du bateau se sont tout de même retrouvés dans 70 noeuds de vent en revenant de leur boucle Atlantique en 2017! Mieux vaut ne pas trop en savoir sur les 48h de l'enfer qu'ils ont vécu avant d'être rentrés de notre voyage: nous savons que l'incompétence de leur routeur à terre y était pour beaucoup, mais nous ne tenons pas plus que ça à nous projeter dans le récit qui en a été fait. La lecture en sera faite une fois installés sur un confortable canapé, munis d'une tasse de thé fumante face au poêle chaleureux d'une maison bretonne.</p><p>En prenant le large du Cap-Vert vers les Antilles en janvier, nous savons que nous nous engageons sur le chemin inverse. Si on fait l'aller, on fera le retour, pour que la boucle soit bouclée. Bien sûr, il ne faut rien dramatiser: si vraiment nous le voulons, nous pouvons revendre le bateau aux Antilles et nous arranger pour rapatrier nos malles en Europe. Il y a des solutions à tout, mais <strong>la volonté d'être à la hauteur du projet pallie notre courage parfois vacillant</strong>. Aussi: on a un peu peur de cette traversée, mais on a aussi envie de la faire!</p><p>C'est donc avec une légère boule au ventre que nous voyons les jours heureux en Guadeloupe se réduire à peau de chagrin: le compte-à-rebours est lancé. Bientôt, il nous faudra reprendre la mer, s'habituer à nouveau au rythme du large, retrouver cette lenteur bienfaisante et parfois pesante de la vie hors du temps. Nous choisissons d'accueillir une troisième personne à bord, pour partager les quarts et égayer l'ambiance du bord. Alexandre, que Pauline connaît des Glénans pour avoir fait quelques navigations avec lui, arrive de France le 16 avril. Nous espérons partir dès le 23.</p><h2> </h2><h2>La météo: l'enjeu de la transat</h2><p> </p><p>Si la transat retour est plus risquée qu'à l'aller, c'est parce-que le système météo n'est pas identique. À l'aller, il “suffit” de se laisser porter par les alizés jusqu'aux Antilles - qui nous ont plutôt propulsés que poussés vu leur forme olympique en janvier dernier. Le chemin est suffisamment sud pour éviter les dépressions qui se forment dans le Nord de l'Amérique et balaient l'océan d'Ouest en Est. Pour le retour, le passage vers l'Europe se fait par les Açores. <strong>Il est nécessaire de remonter à des latitudes beaucoup plus Nord afin de se rapprocher de nos côtes</strong>. Cela signifie: se positionner entre deux systèmes météos:</p><p>- <strong>un anticyclone</strong> formé au niveau la Floride, se décalant vers les Açores (le fameux “anticyclone des Açores” d'Evelyne Dhéliat)  à contourner en remontant plein Nord-Est afin de se positionner en son Nord et bénéficier des vents portants</p><p>- <strong>une ou des dépression(s) en provenance du Labrador ou de la Floride</strong>, qui vient / viennent balayer l'Atlantique nord.</p><p>Ainsi, l'enjeu est double:</p><p>- <strong>remonter suffisamment au nord pour ne pas se retrouver bloqués dans une dorsale anticyclonique </strong>et passer de nombreuses journées en mer à attendre que le vent revienne (au coeur de la dorsale, il n'y a pas un souffle d'air). </p><p>- <strong>ne pas remonter trop nord non plus pour éviter de se retrouver au coeur d'un système dépressionnaire </strong>face auquel nous serions bien peu de chose étant donné la vitesse d'escargot à laquelle avance notre bateau. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/Illustration-sans-titre%20(1).jpg"><figcaption>Le système météo général (by Kévin): en vert, les 3 étapes à suivre par un voilier qui rallie les Açores en partant des Antilles. H = High Pressure (anticyclone) / L = Low Pressure (Dépression)</figcaption></figure><p> </p><h2>Notre mission: nous y préparer</h2><p> </p><p>Depuis nos quartiers Lillois, nous nous sommes demandés comment nous engager en toute confiance dans cet océan d'incertitude, sur lequel nous serons à la merci des éléments. Le premier confinement a certes ralenti les préparatifs de notre voyage, mais il a aussi été source d'opportunités. Face à l'impossibilité de nous rendre dans un centre de formation pour apprendre “en présentiel” les rudiments de la météo, du routage, des premiers soins et de la survie en mer, <strong>nous avons découvert que des professionnels de la voile dispensaient des formations en ligne</strong>. </p><p>Ainsi, nous nous sommes tous deux formés auprès de Christian Dumard - ancien navigateur de haut niveau et routeur du Vendée Globe - à la météo hauturière, à l'utilisation de Windy pour les prévisions météo, au logiciel SquidX pour le routage. À la fin de la formation, l'animateur garantissait notre autonomie pour la réalisation d'un programme Atlantique classique. En somme, ce qui est en apparence compliqué et hors de notre portée s'avère finalement assez simple. Il faut savoir se lancer: <strong>nous décidons de nous router nous mêmes</strong>. La météo, ce n'est pas si sorcier que ça, grâce à une compréhension des systèmes généraux et grâce à la qualité des prévisions météo que nous pouvons recevoir avant de partir (choix du créneau météo) et en mer grâce à notre Iridium. </p><p>Avant le départ, nous passons tout de même un coup de fil à Christian Dumard, pour nous assurer de ne pas partir dans un excès de confiance quant à nos maigres compétences en la matière. <strong>Il nous confirme que nous pouvons partir sereins, valide le créneau météo choisi, et se propose de nous fournir une analyse météo en cas de gros doute lors de la transat</strong>. Cette solution est idéale pour nous: nous sommes autonomes tout en pouvant faire “l'appel à un ami” si besoin. Notre désir d'apprentissage est comblé, car nous aimons apprendre sur le tas plutôt que nous faire téléguider jusqu'aux Açores, et notre sécurité assurée. </p><p>On le sait, on l'a déjà vu ensemble: “<i>qui regarde trop la météo reste au bistro</i>”, alors à un moment yallah il faut y aller: en route pour la grande traversée!</p><p> </p><h2>La transat retour: 3 semaines, 3 temps forts</h2><p> </p><h4>Le départ</h4><p> </p><p>Vous commencez à le connaître, nous vous épargnons le ballet des mille et une petites et grandes choses à faire avant de larguer les amarres. Avoir assez d'eau, de nourriture, un bateau et un équipage parés à prendre le large, une météo et un routage prêts: voilà les éléments clés à assurer. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210425_114026.jpg"><figcaption>Défi numéro 1: sortir de la zone de sargasses qui a envahi la marina de Saint-François…Ça a failli mal tourner, tant ces algues brunes nous rendent très peu manoeuvrants dans la bouillasse.</figcaption></figure><h4> </h4><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210425-WA0013.jpg"><figcaption>L'équipage est paré. <strong>On est dimanche 26 avril en fin de journée, il est temps de larguer les amarres</strong>. L'équipage des Mordicus est là pour nous détacher: merci Daphné et Martin! Nous ne souhaitons pas partir de nuit, car la passe de sortie est traître et l'idée est d'<strong>avoir de la visibilité pour éviter les casiers de pêcheurs</strong>. </figcaption></figure><p> </p><figure class="media"><div data-oembed-url="https://youtu.be/vlIsGXcupys"><div style="position: relative; padding-bottom: 100%; height: 0; padding-bottom: 56.2493%;"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/vlIsGXcupys" style="position: absolute; width: 100%; height: 100%; top: 0; left: 0;" frameborder="0" allow="autoplay; encrypted-media" allowfullscreen=""></iframe></div></div></figure><p> </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210425-WA0006.jpg"><figcaption>Ciao la terre, ciao Saint-François, ciao les Antilles…un dernier regard ému vers ces mois sous les tropiques. </figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210426_181507.jpg"><figcaption>Premier coucher de soleil. Le stock de fruits est encore au max</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210426_054603.jpg"><figcaption>À peine partis, un grain nous menace. Nous sommes contents de quitter les Antilles car les grains sont fréquents et passer de 15 noeuds à 35 noeuds de vent en permanence, c'est un peu usant! La mer qui s'est levée a raison de notre équipier, qui passe les 2 premiers jours avec un mal de mer carabiné.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210426_185114.jpg"><figcaption>La nuit tombe rapidement. La lune est pleine. La visibilité est bonne. <strong>Cela ne nous empêche pas de nous prendre un casier dès la première nuit.</strong> Les pêcheurs ont des nasses reliées à un bout et une bouée émergée pour les retrouver. Nous craignons qu'il faille plonger car le bout nous a bien stoppés et il semble coincé dans le safran ou dans l'hélice… Je ne suis pas très sereine que Kévin plonge car le clapot est fort et je crains qu'il se fasse assommer par la coque. Heureusement, en étant sur le point de tenter au couteau une entaille dans le bout, le casier se libère et nous reprenons notre vitesse…OUF! Nous apercevons le phare de Petite Terre à droite, longeons l'île de la Désirade à gauche et puis, plus rien. Ce sera le grand bleu jusqu'à l'arrivée!</figcaption></figure><p> </p><h4>La remontée vers le Nord-Est</h4><h4> </h4><p>La première semaine, nous cherchons à remonter vers le Nord-Est pour aller à la rencontre d'un anticyclone qui, en le contournant par l'Ouest, nous emmènera avec un vent portant vers l'Est. <strong>Dès le lendemain du départ, le bateau glisse au près, sur une allure appuyée</strong> (ce n'est pas le roulis de la transat aller!). Le près n'est pas l'allure préférée des marins en général, car elle implique de vivre penchés. Vu les conditions, à savoir <strong>vent régulier et une mer lisse, le confort est excellent</strong>: pour une grande traversée, nous sommes dans un 4 étoiles! </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210426_180725.jpg"><figcaption>Premier lever de soleil. Ça y est: de terriens, nous redevenons marins.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210426_061150.jpg"><figcaption>Les deux premières nuits sont toujours un peu difficiles. Il n'empêche: prendre le petit déj ensemble, c'est sacré!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210427_143330.jpg"><figcaption>Et là, le kiff commence: grand beau temps, chaleurs estivales, mer bleu profond…il n'y a qu'à se laisser porter! On plonge dans l'indolence de la grande traversée.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210516_120356.jpg"><figcaption>C'est pas la pression. On peaufine le bronzage.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210428_084450.jpg"><figcaption>On est bien, et on n'a même plus besoin de barrer: bientôt, nous bloquerons le frein de barre sans avoir à mettre le pilote auto (qui consomme de l'énergie), tant le bateau est équilibré!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210516-WA0038.jpg"><figcaption>On a même tendance à dire: on en profite à fond!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210428_060851.jpg"><figcaption>La coriandre est heureuse, elle aussi</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210429_181207.jpg"><figcaption>Les levers et couchers de soleil de dingue s'enchaînent</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210429_184554.jpg"><figcaption>Le dégradé de couleurs varie en permanence</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210429_155208.jpg"><figcaption>Tous les soirs, une sterne, puis deux, nous survolent</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210426_181431.jpg"><figcaption>On a même un squatteur qui s'est reposé pendant 2j chez nous! Un beau jour, il est reparti…</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210428_052953.jpg"><figcaption>La semaine passe ainsi: le grand large, on peut donc en profiter!</figcaption></figure><h4> </h4><h4>Le contournement de la dorsale</h4><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210502_175841.jpg"><figcaption>Voilà quelques jours que nous sommes partis. Comme prévu, nous atteignons une zone de vent capricieux. Nous avançons à 2, 3 noeuds parfois. Il faut être patient</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210502_045042.jpg"><figcaption><strong>La mer d'huile nous est un paysage inédit pour nous en haute mer</strong>. C'est le calme plat, on attend. Parfois, les voiles fasseyent, générant un bruit pénible à l'intérieur (l'écoute frotte sur la filière, qui par intermittence rague et donc fait trembler le bateau)</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210516_120336.jpg"><figcaption>Les couchers de soleil sont splendides. Avec Kévin, <strong>nous avons même la chance très rare d'observer le rayon vert</strong>, ce flash fluo qui clignote un bref instant lorsque le soleil disparaît! </figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210429_180124.jpg"><figcaption>En attendant, on profite</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210429_180121.jpg"><figcaption>On cuisine, on fait des mots croisés, on lit, on dort…</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210516-WA0032.jpg"><figcaption>On ressort le Ukul' en changeant de décor: la plage avant!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210516-WA0033.jpg"><figcaption>La mer est tellement belle et plate, la chaleur si intense sans vent, que l'<strong>on se jette à l'eau</strong>!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210516-WA0036.jpg"><figcaption>Un bout, un parre-battage et hop, à nous la piscine de 6000m de profondeur. C'est grandiose et ça fait du bien! Car depuis qu'on est parti, il fait sacrément chaud!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210516-WA0040.jpg"><figcaption>On se dit qu'on vit un moment bien fun tout de même. Avant de sauter, on a quand même guetté à l'horizon qu'il n'y avait pas de requin. Ce n'est que le surlendemain qu'on en apercevra deux. Des requins bleu, a priori. Cela dit, les requins réputés extrêmement dangereux pour l'homme ne le sont que très peu en réalité… Des attaques de certaines espèces font entre 5 et 15 morts par an. Seules 5 espèces sur 400 sont dangereuses. </figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210516-WA0015.jpg"><figcaption>Bon, il y a un moment où quand même il faut avancer, car à 60 milles de distance parcourue en une journée, on n'est pas sorti de l'auberge. On sort le spi, et c'est parti: 4 voire 5 noeuds même, et on retrouve une moyenne journalière acceptable!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210516-WA0034.jpg"><figcaption>Nous continuons à<strong> croiser des cargos</strong>. Il y en a plus qu'à l'aller. Nous en verrons une dizaine environ sur toute la traversée. Parfois, on se demande si le chef de quart n'est pas parti se taper un roupillon en douce vu qu'il n'y a pas de réponse à la VHF.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210516-WA0019.jpg"><figcaption>Et puis bon, c'est bien sympa le Pulco à l'apéro, mais au bout de 2 semaines, on a peur de se transformer en citron. Bref, on rouvre le bar!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210505_163451.jpg"><figcaption>Parfois, des nuages chelous s'approchent de nous. Ok, là on affale le spi et on prend un ris en prévention.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210505_163718.jpg"><figcaption>Ah, c'est le moment de sortir le gel douche. On va se faire rincer!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210516-WA0029.jpg"><figcaption>Il n'empêche, ces quelques jours de vent faible ont joué avec nos nerfs. Y allons-nous y arriver? Au bout de combien de jours? Un inventaire de notre capacité d'eau et de vivres nous rassure: nous en avons au moins pour 40 jours d'autonomie! Bon, si on pouvait arriver avant, ça serait cool tout de même…</figcaption></figure><p> </p><h2>La dépression</h2><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210512_064309.jpg"><figcaption>La bonne nouvelle, c'est qu'il y a toujours un moment où le vent revient. Petit à petit, nous sortons de la dorsale anticyclonique. Le ventilateur s'active, la mer se forme: on reprend des ris!</figcaption></figure><p> </p><p>Enfin, nous entrons dans une dépression! En quelques heures, nous allons vivre le passage du front chaud puis du front froid, avec les phénomènes météo associés. Arrêtons-nous quelques instants pour en savoir plus sur ces changements de pression, de température, de météo…</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/Illustration-sans-titre%201.jpg"><figcaption>Dessin et texte by Kévin</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/Illustration-sans-titre.jpg"><figcaption>Dessin et texte by Kévin</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210516-WA0030.jpg"><figcaption>La température change radicalement. On perd 10 degrés, gagne en humidité: il est temps de ressortir bonnets et salopettes de quart!</figcaption></figure><h4> </h4><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210516-WA0013.jpg"><figcaption>Nous vivons en live le passage d'un front dépressionnaire, avec toutes les étapes associées au front chaud puis au front froid. </figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210516-WA0028.jpg"><figcaption>Nous barrons 3 heures chacun et activons le pilote auto seulement pour les changements de quart. On reste quand même plus efficaces pour négocier les vagues!</figcaption></figure><h4> </h4><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210510_205038.jpg"><figcaption>La fatigue s'installe dans l'équipage. Cela ne nous empêche pas de cuisiner et de faire la fiesta pour l'anniversaire d'Alex!</figcaption></figure><h4> </h4><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210516-WA0010.jpg"><figcaption>La mer est grosse, la houle croisée (impossible de rendre compte de la réalité sur une photo, on a toujours l'impression que la mer est plate…), mais le soleil revient et ça fait du bien!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210516-WA0024.jpg"><figcaption>Barrer demande une certaine concentration. Le bateau prend un sacré coup de gîte quand des vagues traversières nous passent sous la quille</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210516-WA0020.jpg"><figcaption>N'empêche qu'on continue à cuisiner, notamment du pain! Grâce à une bonne recette que nous a donnée Alex, nous parvenons tous les jours à améliorer la boulangerie. Bonne dose de levure, temps de levée, de pétrissage…le pain devient bon! Pain complet, aux céréales, aux figues, aux noix…on se régale! </figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210513_111130.jpg"><figcaption>Les podcasts s'enchaînent, les siestes se multiplient pour récupérer de nuits trop courtes et mouvementées</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210516-WA0018.jpg"><figcaption>Un impondérable quotidien: l'apéro! Faut bien garder le moral</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210516_120629.jpg"><figcaption>La mer est agitée (si, si, on vous jure, même si on ne voit pas bien sur la photo!)</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210516-WA0014.jpg"><figcaption>La bonne nouvelle, c'est qu'à un moment, on finit toujours par arriver! :D Allez, on ressort le drapeau portugais!</figcaption></figure><h2> </h2><h2>L'arrivée aux Açores</h2><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210516-WA0007.jpg"><figcaption>L'île de Faial en vue! Notre destination: le port de la Horta</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210515-WA0003.jpg"><figcaption>Nous posons l'ancre, fatigués et heureux d'être arrivés! Bon, il semblerait qu'on ait perdu au change en termes de température et de météo. Ça a tout de même l'air super joli!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210515-WA0005.jpg"><figcaption>Ah oui, car nous qui projetions en arrivant de poser le pied à terre pour se dégourdir les jambes, prendre une bonne douche chaude, avions été bien refroidis. Bien que nous ayons fait presque 20 jours de mer, et un test PCR avant de partir, nous devons tout de même être en quarantaine au mouillage jusqu'à la réalisation d'un test et son résultat. C'est un peu dur pour l'équipage, mais nous prenons notre mal en patience et faisons 2 bonnes nuits pour bien récupérer! </figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210516_115849.jpg"><figcaption>Nous retrouvons avec joie les EcoArvik et les Matelowtech, partis quasi en même temps de Guadeloupe pour arriver à Horta. C'est génial de tisser des liens avec tous ces équipages sur plein d'îles du globe!</figcaption></figure><h2> </h2><h2>Le bilan</h2><p> </p><p>La bonne nouvelle de cette traversée est que <strong>nous avons aimé vivre au large pendant 3 semaines</strong>! Les conditions agréables et tout à fait vivables des deux premières semaines nous confirment que la haute mer peut être une expérience plaisante, enrichissante, libératrice même. <strong>L'état de la mer y est pour beaucoup: dès que l'océan est ondulé sans être déchaîné, la vie du bord est un vrai plaisir</strong>. Nous aimons aussi des conditions plus soutenues et “dantesques”, car ce sont elles qui éveillent notre instinct de marin, mais elles sont bien plus usantes pour le corps et l'esprit quand elles tirent en longueur. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-20210516-WA0041.jpg"></figure><p> </p><p>Une fois de plus, nous apprécions le fait de vivre pleinement la lenteur d'un voyage en voilier: <strong>immersif et expérientiel, le hauturier nous pousse à vivre pleinement au rythme de la planète</strong>. Remontée progressive des latitudes, allongement des journées au fur et à mesure que nous allons vers le Nord, refroidissement de la température sitôt la dorsale passée (nous sommes partis de Guadeloupe en maillot de bain tant il faisait chaud et sommes arrivés avec le bonnet vissé sur la tête et 2 sous couches techniques!), évolution de la déclinaison magnétique (perturbation du champ magnétique terrestre) de 19 degrés aux Antilles à 6 degrés aux Açores…tous ces signaux sensorielset terrestres sont de puissants vecteurs du voyage en voilier. En complément des récits de mer, nous vivons la réalité de ces changements. </p><p>Notre bilan énergétique est bien meilleur qu'à l'aller: l'orientation du soleil par rapport à notre bateau est telle sur cette trajectoire que nos panneaux solaires ont bien mieux rechargé qu'à l'aller. Etant donné que nous avons beaucoup plus barré qu'à l'aller, nous avions finalement rarement besoin de faire une heure de moteur par jour pour recharger les batteries. Au final, cinq heures de recharge moteur ont suffi sur toute la traversée. C'est un apprentissage de cette année: <strong>les panneaux solaires, c'est nickel pour l'autonomie énergétique au mouillage, mais pour la navigation, mieux vaut être équipé d'un hydrogénérateur!</strong> </p><p> </p><p>Il reste un mystère, non élucidé à ce jour: <strong>nous n'avons pas réussi à pêcher</strong>! Les <strong>sargasses </strong>ont fait capoter nos tentatives de pêche les dix premiers jours: à peine la ligne mise à l'eau, des algues se prenaient à l'hameçon. Nous avons beau remonter la ligne pour la nettoyer régulièrement, rien à faire, aucun thon ne s'aventure dans nos filets! Après les sargasses, les <strong>méduses</strong> prennent le relais. Les filaments bleutés des physalies - sorte de méduses violacées et transparentes en forme de berlingots - se collent à la ligne de pêche. Ni le poulpe orange ni le poulpe blanc (eh oui, les poissons ont leur préférence…) ne convainc une dorade de se sacrifier pour notre déjeuner.</p><p>En revanche, les mammifères marins nous entourent tout au long de notre traversée! Plusieurs bandes de dauphins nous escortent le long de la coque, attirant notre attention par des sauts loufoques ou l'illumination du plancton à leur passage lorsqu'il fait nuit.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/IMG-2571-compressed.jpg"><figcaption>Dauphins</figcaption></figure><p> </p><p><strong>Nous apercevons à plusieurs reprises des baleines</strong>! En pleine lecture du “Retour de Moby Dick” sur les cachalots, je fais de la mer mon terrain d'observation. Au loin, une dizaine de fois, <strong>nous avons aperçu des nuages d'eau en suspension</strong>. Leur souffle puissant attire notre attention: avant de replonger pour une trentaine de minutes, les baleines respirent à la surface. Lorsqu'elles sont suffisamment proches, <strong>nous entendons même le puissant jet d'eau qu'elles expulsent</strong>. Deux ou trois fois, sur la fin de la traversée, des baleines plongent à notre approche. Leur dos bombé et leur nageoire dorsale nous apparaissent…nous laissant deviner qu'il s'agit d'une baleine bleue ou d'un rorqual commun.  Les Açores sont le paradis des baleines, nous espérons bien en voir quelques unes plonger devant nous, afin d'admirer la majesté de leur caudale!</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transat%20retour/20210510_184559.jpg"><figcaption>En petit, au loin à droite: une baleine et son souffle.</figcaption></figure><p> </p><p>                                                                                ***</p><p>À bientôt pour la découverte des Açores et la dernière grande traversée: celle qui nous ramènera en Bretagne!</p><p> </p><p> </p> Wed, 26 May 2021 00:00:00 +0000 /blog/en-mer/transat-retour-19-jours-et-15h-sur-l-ocean /blog/en-mer/transat-retour-19-jours-et-15h-sur-l-ocean Gwada: last but not least! Pauline <p> </p><blockquote><p>Le mieux est l'ennemi du bien</p></blockquote><p> </p><p> </p><p><strong>À quelques heures de larguer les amarres pour la transatlantique retour, je m'imprègne de cette maxime pour vous livrer, de manière efficace et chronométrée, quelques sensations fugaces de la Guadeloupe</strong>. Attendre les Açores pour retracer le mois passé sur ces terres aussi diverses que magnifiques aurait été un brin anachronique: l'intensité de ce que nous vivons impose de faire un temps d'arrêt entre deux séquences, pour digérer l'expérience passée, créer un sas de respiration, pour ensuite nous lancer dans la prochaine aventure. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1155.JPEG"><figcaption>Retour en annexe au bateau face au coucher de soleil (Les Saintes)</figcaption></figure><p> </p><p>Ainsi, cet article ne sera pas “commun”, documenté ou volubile, j'irai à l'essentiel, en espérant distiller en vous la curiosité et l'envie de découvrir ces îles qui sont, je le crois, les plus belles que nous ayons vues des Antilles.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/37906.jpg"><figcaption>Carte de la Guadeloupe</figcaption></figure><p> </p><p>La Guadeloupe, ou “Gwada", ne se résume pas au papillon rallié par Point-à-Pitre. </p><p>La Désirade, Marie-Galante et Les Saintes en font partie. Nous avons la chance d'en avoir vu une bonne partie:</p><p>- <strong>Les Saintes, coup de coeur de la Guadeloupe</strong>, est le premier archipel visité. On ne peut que tomber sous le charme de cette île à taille humaine, joliment découpée, sauvage tout en étant propice à l'accueil de visiteurs - le nombre d'excellents restaurants ne le démentira pas!</p><p>- <strong>Marie-Galante, en forme de Galette,</strong> est une île beaucoup plus “naturelle” que les Saintes, dans le sens où la vie locale y est encore très développée. Il y règne une quiétude et une douceur de vivre certaines, L'île est plutôt plate, et essentiellement dédiée aux plantations de canne à sucre. Le rhum du Père Labat à 59 degrés y est produit ici. Nous lui avons bien sûr fait honneur, et avons un lancé un programme de recherche avec un laboratoire Américain pour étudier la corrélation entre le faible nombre de cas Covid sur l'île et la consommation élevée de Ti Punch.</p><p>-<strong> Petit-Terre</strong>, réserve naturelle où seuls 8 bateaux peuvent mouiller après avoir réservé une bouée. Il n'y à qu'à plonger pour nager avec les tortues, les raies, les requins citrons, et admirer les vives couleurs des poissons tropicaux.</p><p>                                                                 ***</p><p>Avec Amorgos, nous avons fait le tour de la Guadeloupe, en étant tout à fait conquis par <strong>Basse-terre, soit l'île de l'Ouest, montagneuse, volcanique, verdoyante, authentique</strong>. </p><p><strong>Grande-terre est donc l'île de l'Est, beaucoup aménagée et touristique</strong>. Hormis deux sites naturels remarquables: la pointe de la Grande Vigie pour observer les baleines et La Pointe des Châteaux, nous avons trouvé que le cadre naturel était amoché par le tourisme de masse et la densité. Cela dit, l'eau y est translucide, les marchés animés, et les sessions de kite et de planche à voile y ont été appréciées.</p><p>Finalement, nous avons trouvé que Basse-Terre avait quelques similitudes avec le Nord de la Martinique, et que Grande-Terre ressemblait plutôt au sud de la Martinique. Le découpage du relief et des activités humaines qui en découlent avec, au milieu la ville principale - Point-à-Pitre en Gwada, Fort-de-France en Martinique - sont similaires entre les deux îles. Sans comparer ce qui n'est pas comparable, <strong>nous avons beaucoup apprécié la Guadeloupe, qui d'un point de vue diversité de paysages et d'activités, est un peu plus riche que la Martinique</strong>. Le climat social y est en revanche plus tendu, avec des grèves interminables dans le secteur public et des rapports de force usants pour les habitants.</p><p>Séjourner dans les Antilles est aussi un excellent exercice de mémoire pour qui n'a pas assez enchaîné les Memory durant son enfance: entre Basse-Terre, Grande-Terre, Terre-de-Bas, Terre-de-Haut, Petite Terre, il y a de quoi s'emmêler les pinceaux au début. Surtout que l'arrivée est assez déroutante: beaucoup de localités de la Guadeloupe portent le même nom qu'aux Antilles! Saint-Anne, Riviére-quelque chose (Riviére Salée, Riviére Pilote), Le Carbet…on ne sait plus où on habite!</p><p>Enfin, <strong>nous avons été tristement frappés par l'invasion de sargasses sur toutes les plages de la Guadeloupe</strong>. Plus d'un touriste a du déchanter en s'imaginant passer une semaine sur une plage de sable blanc sous les cocotiers: bien souvent, les algues recouvrent intégralement le tapis doré!</p><p><strong>Ces algues brunes sont putrides et pullulent sur les plages et dans les ports</strong>. En plus de leur odeur nauséabonde, elles polluent la vue et ont même des conséquences sur les métaux, accélérant l'obsolescence des appareils électroniques, électroménagers, voitures. Si cela vous intéresse, je vous invite à lire cet article de <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/environnement-et-sante/c-est-quoi-le-probleme-avec-les-sargasses-ces-algues-toxiques-qui-proliferent-dans-les-antilles_2962815.html">France-Info</a>.</p><h2>La “Gwada” en photos</h2><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_0924.JPEG"><figcaption>Une nuit de nav' pour relier la Martinique à la Guadeloupe</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_0926.JPEG"><figcaption>Passage devant la Dominique</figcaption></figure><p> </p><h2>Les Saintes</h2><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/20210328_100934-compressed%20(1).jpg"><figcaption>Terre-de-Haut aux Saintes. Effet Wahoo +++!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/31503A56-098F-4909-894C-732DEBA7B386.jpg"><figcaption>Terre-de-Haut vue du Pain-de-Sucre</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/220024A7-796C-47F0-9CB4-F10364D8E15C.jpg"><figcaption>L'anse Rodrigue. Enfin une île adaptée à nos vélos pliants! On est content de les ressortir.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/79AC129B-FB6F-4441-AF80-A8B106CC46A0.jpg"><figcaption>Balade sur la plage de Bompierre</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/20210327_161231-compressed.jpg"><figcaption>Les fameuses sargasses</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_0940.JPEG"><figcaption>Vue sur le Bourg, approche en annexe</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/D6F5285B-CE54-4854-810C-5C603ECA27C4.jpg"><figcaption>Restau bistronomique aux Saintes: cuisine créole revisitée. Raviolis de boudins noirs et tempura de giraumon en entrée!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/B85BF76F-34EB-4FE0-BC6D-7E37E8E918B5.jpg"><figcaption>D'excellents chefs sont implantés en Gwada!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1191.JPEG"><figcaption>Les resto de bord de plage ne sont pas mal non plus! (Pour ceux qui se demandent quand Kévin taillera sa barbe, patience, ça va venir…)</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1201.JPEG"><figcaption>Thazard, marlin, thon, les poissons du coin sont délicieux en grillade! Fin du <span style="background-color:rgb(255,255,255);color:rgb(32,33,36);">#foodporn</span></figcaption></figure><p> </p><h2>Marie-Galante</h2><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1229.jpeg"><figcaption>Y'a d'la joie à aller à Marie-Galante! Une nav' au près, ça faisait longtemps! C'est l'occasion de voir que notre répa de drisse sur étai largable fonctionne parfaitement. La voile d'avant est enfin étarquée. Ouf! C'est important pour la transat retour.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1236.JPEG"><figcaption>Mouillage à Marie-Galante</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1247.JPEG"><figcaption>On est content. Et en plus, on a sorti son beau chapeau. </figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/3613D5C1-81A9-46A1-8A4F-EDF7AD8CA969.jpg"><figcaption>Normal</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1363.JPEG"><figcaption> Après tout, les vaches ont aussi le droit de prendre un bain, non?</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/B4FCD1AB-9A04-4F9D-82A2-6259F5D6B70E.jpg"><figcaption>WE de Pâques, impossible de louer une bagnole: ok, on fait l'île à vélo!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/95F2877E-B7E1-4AE3-AC69-DCC964F2E719.jpg"><figcaption>Balade à travers les champs de canne à sucre</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/3CB1428B-81DE-475F-BE4C-D85DA9FA99ED.jpg"><figcaption>Merci Kévin pour le “raccourci”</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/99582AC7-CC32-4877-B73D-BAD246BBC255.jpg"><figcaption>La carotte au bout du bâton: la distillerie Bellevue</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/848885B2-7E54-40B7-A97C-3C52D1219F7B.jpg"><figcaption>La récompense. On pédalera plus vite au retour.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1288.JPEG"><figcaption>Séance de kite à Capesterre</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1416.jpeg"><figcaption>â Marie-Galante, on se sent chez soi. Bar en bord de plage, très connu des marins.</figcaption></figure><p> </p><h2>Basse Terre</h2><p> </p><h4>Rando à la Soufrière et aux chutes du Carbet</h4><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/A5402DE2-D52B-425D-9F62-313E22866D89.jpg"><figcaption>Forêt luxuriante pour y accéder</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/8E107F69-467D-4C30-828E-D0F178BC9E39.jpg"><figcaption>Emerveillement forestier</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1495.JPEG"><figcaption>C'est beau…</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/0C660DCC-EDDB-45C3-A0B3-6B1BE706F087.jpg"><figcaption>…mais c'est bouché! On est au sommet, mais la vue n'est pas dingue</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/252823E3-26DA-4345-A503-7A309EE70404.jpg"><figcaption>Les chutes du Carbet</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1641-compressed.jpg"><figcaption>Cocktail vivifiant</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1669.JPEG"><figcaption>Fraîcheur de vivre, Hollywood Chewing-gum</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/0546591B-C4EB-459A-9279-A9196E52E207.jpg"><figcaption>Le bain Paradis. Encore un plouf.</figcaption></figure><p> </p><h4>Trois jours de plongée à Malendure dans la réserve Cousteau</h4><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1777.JPEG"><figcaption>L'Ilet Pigeon, dans la Réserve naturelle</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1787.JPEG"><figcaption>Amorgos de jour</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/747AFFAF-E725-42D7-977A-CD509D9A154D.jpg"><figcaption>Départ pour une plongée de nuit, dans une épave à 24m. Jamais nous n'avons vu de coraux si magnifiques…Violets, verts, jaunes, ocre. Nous nageons avec les tortues et observons des langoustes géantes.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/DSCN1710-compressed.jpg"><figcaption>Plongée de jour. Epave de jour puis Aquarium. Splendide!</figcaption></figure><p> </p><h4>Anse Deshaies: le meilleur mouillage de Guadeloupe</h4><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1821.JPEG"><figcaption>Pas simple de caser son bateau en Guadeloupe: l'anse Deshaies est canon! On a nagé avec des dauphins qui étaient dans la baie. À terre, plein de bars de plage et de clubs de plongée.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1856.JPEG"><figcaption>Ah oui, et on est allé au jardin botanique aussi</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1844.JPEG"></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1831.JPEG"><figcaption>Plantes tropicales</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1879.JPEG"></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1864.JPEG"></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/da0bb9a7-3749-4ca8-aed4-39c251b444c4.jpg"><figcaption>Photo de famille. </figcaption></figure><p> </p><h4>Départ pour Grande Terre</h4><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1910.JPEG"><figcaption>On a pris une bato-stoppeuse! Et là BIM, le CROSS nous appelle pour aller secourir un jet-ski! Ok on se déroute et on y va. Il aura été secouru juste avant qu'on soit sur place. </figcaption></figure><h4> </h4><h4>Grande Terre</h4><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1950.JPEG"><figcaption>Le Nord de Grande Terre</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_1953.jpeg"><figcaption>Point de la Grande Vigie, super spot pour observer les baleines (nous, on les attend toujours)</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/20210416_112925.jpg"><figcaption>Plage de Sainte-Anne: eaux translucides…</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/20210416_112152-compressed.jpg"><figcaption>Marché typique</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/D9804BBC-B4FA-4082-BFC8-AEFEE9E091CA.jpg"><figcaption>Un super spot: la pointe des Châteaux!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/7F4B952D-3F59-447A-9226-FEAC1E1F542F.jpg"><figcaption>On aaaime</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_2008.JPEG"><figcaption>En haut de la pointe des Châteaux</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_2025.JPEG"><figcaption>Plage privée. Tentative de sirène.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_2085.JPEG"><figcaption>Baignage dans une eau chaude</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_2056.jpeg"><figcaption>Le kiff suprême: la chambre d'hôtes avant la transat! Draps propres, lit douillet, grand lit, terrasse privée</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/8D68AC06-DE51-4B09-A227-AE1FB7905FFC.jpg"><figcaption>Le critère de recherche: la piscine</figcaption></figure><h4> </h4><h2>Petite terre</h2><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/29c57ff2-f6b9-4947-8c22-3c5e697493ed.jpg"><figcaption>On est allé récupérer Alex, notre équipier pour la transat retour</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/20210417_152849.jpg"><figcaption>Et on l'a emmené à Petite Terre</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/20210418_164158.jpg"><figcaption>Le spot de ouf</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/20210418_164651-compressed.jpg"><figcaption>Sur Terre de Haut à Petite Terre (vous suivez?)</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_2137.JPEG"><figcaption>On se détend</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/20210418_170022.jpg"><figcaption>On observe les iguanes</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/20210418_170442-compressed.jpg"><figcaption>Balade jusqu'au phare. Les iguanes déambulent, indifférents à notre présence</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_2175.JPEG"><figcaption>Il est temps de partir, on se désamarre</figcaption></figure><p> </p><h2>Départ en transat</h2><p> </p><p>Nous y sommes. Il est temps de nous rapprocher de la métropole, de la famille, des amis. La transat retour démarre ce soir. Depuis une semaine, nous sommes sur le qui-vive, à écumer la “to-do list” pour préparer le bateau et l'équipage. Préparation du routage, points météo, configuration du téléphone satellite, menues réparations (ah ces hublots!…), agencement du bateau pour une longue traversée, courses chez le Shipchandler, menus, avitaillement, rangement, lavage, synchronisation de BD, playlists, livres audio, films, tuto ukulélé, compléments de pharmacie, revue des procédures de sécurité et d'urgence…des dizaines de tâches s'accumulent. Nous les déroulons concentrés, efficaces et conscients de l'expérience qui nous attend.</p><p>Le but: arriver aux Açores dans les 3 semaines après le départ.</p><p>L'enjeu: naviguer avec une météo incertaine. En transat aller, nous sommes portés par les alizés, au retour, il faut aller chercher le nord de l'anticyclone  pour avoir du vent, sans trop remonter non plus histoire de ne pas se prendre une méchante dépression en pleine tronche. Nous ajusterons notre routage au jour le jour, et naviguerons prudemment pour arriver à bon port. Mathieu, le frère de Kévin, actualisera notre position de temps en temps, et transmettra sur la carto du blog quelques messages.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG-20210423-WA0012.jpg"><figcaption>Dernier restau “teambuilding” avant le départ</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/IMG_2252.JPEG"><figcaption>Les courses: Super U, Carrefour, Marché, Boucherie → une matinée, et beaucoup d'orga pour tout faire rentrer à bord!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/20210421_173352.jpg"><figcaption>PAUSE prépa transat dans le lagon de Saint-François. Ça y est je fais du kite! J'aurai atteint mon objectif: faire des bords, remonter au vent, faire des transitions! Bon, il reste à gagner en aisance, à rentrer les fesses, à revenir toujours à bon port, à s'arrêter quand le vent mollit pour finir une fois sur 2 sur un ponton, sur une passerelle, sur un bateau…Bref, y'a du taf.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Guadeloupe/planche%20%C3%A0%20voile.jpg"><figcaption>Kévin peaufine sa technique de planche. Allez on range le matos, quand faut y aller faut y aller! On est lourdingue dans le bateau avec les vélos, les 4 ailes de kite, la planche à voile, les souvenirs et tutti quanti: pour le prochain voyage, on visera le minimalisme!</figcaption></figure><p> </p><p><strong>Allez, la mer nous appelle, nous vous laissons pour terminer notre “to-do”</strong>, laver intégralement le bateau, acheter du pain frais et prendre une dernière douche!  </p><p>Merci de nous lire, et à bientôt sur les cailloux portuguais de l'Atlantique!</p> Sun, 25 Apr 2021 00:00:00 +0000 /blog/a-terre/gwada-last-but-not-least /blog/a-terre/gwada-last-but-not-least Martinique: la France exotique Pauline <p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/20210306_132847-compressed.jpg"><figcaption>Plage de Tartane, Presqu'île de la Caravelle</figcaption></figure><p> </p><p><span style="color:hsl(240,75%,60%);"><i><strong>Outre-mer</strong></i></span></p><p>Ce bleu intense, azur, tirant sur le violet, en dit long sur le dégradé de couleurs qui nous attend dans les Antilles Françaises. <strong>Les fameux territoires ultra-marins</strong>, dont les statuts ont évolué au fil de l'Histoire et au gré des spécificités de chacun, <strong>font voyager rien que par leurs noms, évocateurs de contrées lointaines</strong>. Et d'évasion, par les temps qui courent, on en a besoin. </p><p><strong>La Martinique fait partie de ces 12 territoires périphériques français</strong>, dépendants du Ministère des Outre-Mer. Saurez-vous citer les autres?</p><p>Guadeloupe, oui. Saint-Pierre-et-Miquelon, en effet. Saint-Barth, oui pour Johnny, bien sûr.</p><p>Allez, on vous aide, les outre-mer rassemblent 12 territoires rattachés à la France: <span style="background-color:rgb(255,255,255);color:rgb(69,69,69);">la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, La Réunion, Mayotte, La Nouvelle-Calédonie, La Polynésie française, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, les Terres Australes et Antarctiques Françaises et les îles de Wallis-et-Futuna, soit près de </span>2.6 millions d’habitants. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/domtom_carte_original.png"></figure><p> </p><p> </p><p>Ainsi, <strong>bien que nous soyons à plus de 7000km de chez nous, en allant en Martinique, nous avons le sentiment de rentrer un peu à la maison</strong>. Fini le dépaysement le plus total en allant à l'étranger, avec son lot de surprises administratives, culturelles et linguistiques: ici, nous revenons en terrain connu, où la Sécu, La Poste et les boulangeries sont de retour.</p><p>Cela dit, nous rentrons dans la France qui n'est pas tout à fait la France, car l'hexagone est d'ici qualifié de “Métropole”.<strong> Nous sommes donc des “métros” en vadrouille,</strong> qui allons découvrir des similitudes mais surtout des différences avec la France gauloise telle que nous la connaissons. <strong>La culture créole, par ses multiples influences africaines, indiennes et européennes, n'a pas fini de nous surprendre</strong> par son art de vivre, ses surprises culinaires et ses couleurs chatoyantes. Avant de vous faire goûter en images à ces saveurs tropicales, faisons un rapide détour contextuel.</p><h4> </h4><h4>Un peu d'histoire…</h4><p> </p><p><strong>Surnommée Madinina (l'île aux fleurs), la Martinique est rentrée dans l'histoire européenne avec la découverte de l'île par Christophe Colomb en 1502.</strong> C'était le jour de la Saint-Martin, d'où le nom de Martinique. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/20210315_122539.jpg"><figcaption>Balisier</figcaption></figure><p> </p><p>Anciennement habitée par des peuples premiers (les Amérindiens puis les Caraïbes), l'île devient en quelques décennies une <strong>colonie de peuplement française</strong>, suite à plusieurs chamailleries avec l'Angleterre pour sa possession. Sous Richelieu, l'intérêt est avant tout stratégique et militaire. Il évolue vite vers un intérêt économique pour le Royaume de France: l<strong>'île devient l'usine à sucre de la France sous Colbert,</strong> forgeant ainsi le destin de la Martinique jusqu'à aujourd'hui. <strong>Le succès de l'or blanc antillais est à l'origine de la mise en place d'une organisation socio-économique basée sur l'esclavagisme</strong>, main d'œuvre importée d'Afrique dans le cadre du commerce triangulaire Europe-Afrique-Antilles, pour cultiver la canne à sucre.</p><p><strong>Lors de nos premières balades, nous sommes frappés par la place qu'occupe “encore” l'esclavagisme sur les grands titres des journaux</strong>. De notre point de vue de “métro”, de couleur blanche à fortiori, il est tentant de dire “Hé ho, les gars, c'est du passé, il faut avancer maintenant”. En s'intéressant aux faits historiques et à quelques données socio-économiques actuelles, nous constatons que ce n'est pas si simple. Et qu'une fois de plus, on ne peut pas juger ce qu'on n'a pas vécu. La question de l'esclavagisme est un sujet encore brûlant car il est à la source de nombreuses inégalités actuelles.  Tout au long de notre séjour, <strong>nous découvrons que l'héritage postcolonial est une plaie encore à vif</strong>, et que l'on ne peut comprendre la Martinique d'aujourd'hui sans s'intéresser à son passé tourmenté.<strong> </strong></p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/20210319_151820-compressed.jpg"><figcaption>Visite de la maison dans laquelle a grandi Joséphine de Beauharnais, impératrice de France, épouse de Napoléon Bonaparte. Elle est née et a grandi en Martinique. Pour fonctionner, cette ancienne sucrerie avait recours à plus de 200 esclaves.</figcaption></figure><p> </p><p>Pour la faire vraiment courte, de ce que nous comprenons, en plus du <strong>traumatisme transgénérationnel de l'esclavage, vécu collectivement et individuellement</strong>, l'abolition de l'esclavage par Victor Schoelcher en 1848 n'a pas été accompagnée d'une juste redistribution des terres pour les affranchis. <strong>La manière dont s'est passée l'abolition puis la décolonisation est en fait à la source des inégalités criantes d'aujourd'hui</strong>. <strong>Les békés, héritiers des premiers colons français, restent les principaux détenteurs des terres</strong> et gardent historiquement la  mainmise sur les activités économiques: les plantations, la grande distribution, le tourisme, l'eau. <strong>Moins d'1% de la population détiendrait plus de 50% des terres agricoles, 90% de l'industrie agroalimentaire</strong>. Les faits sont parlants, ne justifient pas tout bien sûr, mais éclairent sur la difficulté à gommer le passé.</p><p>Heureusement, nous constatons aussi dans la rue que la ligne Maginot Blancs / Noirs a tendance a se tasser par la mixité des couples qui se constituent. <strong>Le métissage est l'avenir d'un futur plus apaisé, espérons-le.</strong></p><p> </p><h2>Rentrer en France au temps du Covid</h2><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG_0251.jpeg"></figure><p> </p><p>En quittant les Grenadines, nous mettons cap vers le Nord pour rejoindre la première collectivité d'outre-mer française sur notre route: la Martinique. <strong>Il est d'usage, pour des contraintes météo, de remonter le plus vers le Nord des Antilles avant d'entreprendre la transatlantique retour</strong>. Nous préparons donc notre venue en Martinique, en nous plongeant comme à chaque nouvelle entrée dans un pays sur les formalités administratives.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/20210224_063844.jpg"><figcaption>À l'aube, la Martinique se dessine</figcaption></figure><p> </p><p>Car oui, rentrer en France signifie renouer avec les joies de l'administration française, ma foi plus capricieuse et tordue que toutes celles auxquelles nous avons eu affaire cette année. Les conditions d'accès ne sont pas simples, avec l'interdiction d'entrer sur le territoire, sauf motif impérieux, dont la validité est laissée à la libre appréciation du douanier qui voudra bien lire notre requête. Les informations officielles de la Préfecture laissent entendre un durcissement des conditions d'entrée, même quand on est sur zone et en bateau. Notre autorisation de rester aux Grenadines touchant à sa fin, nous comprenons que nous pouvons nous retrouver sans terre d'accueil, si jamais nous nous voyons refuser l'accès à notre propre territoire. Cela nous semble absurde…</p><p>Car oui, <strong>aller des Grenadines à la Martinique signifie “rentrer chez nous”</strong>, en tant que citoyens français, ce qui bien sûr ne dispense pas de montrer patte blanche pour accéder au territoire. En ces temps d'épidémie, cela nous semble normal. Cela l'est moins lorsque l'on comprend que l'accès peut nous être refusé si l'on n'a pas de motif impérieux satisfaisant aux yeux de l'administration, quand bien même nous sommes prêts à nous plier aux contraintes d'isolement et de test prévues pour notre arrivée.</p><p>Heureusement pour nous, <strong>préparer son bateau pour une transatlantique retour est un motif finalement déclaré acceptable pour le CROSS AG </strong>(Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage Antilles-Guyane), pourvu que l'on prouve faire tourner l'économie de l'île en montrant un devis ou une commande... Nous jouons le jeu, même si les pros du nautisme vont commencer à en avoir marre de ces plaisanciers qui demandent des devis pour des travaux qu'ils n'ont pas besoin d'effectuer.</p><p>Nous recevons l'autorisation officielle de rejoindre <strong>le mouillage du Trou à Cyclones numéro 2, zone de quarantaine du Cul de Sac du Marin, pour 7 jours de quarantaine. Un test PCR est prévu à J+1 et à J+7</strong>. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG_0268.JPEG"><figcaption>Affalage à l'arrivée</figcaption></figure><p> </p><p>Quelle n'est pas notre surprise, en arrivant sur zone de bon matin, lorsque nous constatons que nous pouvons finalement nous mettre où nous voulons - et certainement pas au trou à cyclones réputé pour sa mauvaise tenue de fonds et pour son éloignement du ponton à annexes - et que ces mesures si restrictives sur le papier n'ont aucune application concrète sur le terrain.<strong> Le message était dissuasif, la réalité est plus apaisée</strong>. Le décalage est là, il joue en notre faveur En effet: nous ne voyons pas l'ombre d'un douanier, nous pouvons faire notre clearance d'entrée dès J+1 et non à J+7 à la marina (qui ne nous demande pas si nous avons l'autorisation du CROSS…), et pouvons aller et venir à notre guise. En somme, il flotte un léger parfum d'insouciance et même de rébellion dans l'air. Il y a ce que disent les fonctionnaires dans les bureaux, et la réalité terrain…</p><p> </p><p>Même si  le cadre est bien plus relâché qu'annoncé, cela n'empêche pas de nous responsabiliser et de respecter des fondamentaux, bien entendu. Nous continuons de rester prudents pour ne pas contribuer à la propagation du Cocobidule sur le territoire français, et attendons sagement les résultats du test PCR à J1. Une fois cette formalité passée, nous choisissons de rester dans les parages jusqu'au test à J+7, pour nous atteler aux menues réparations nécessaires avant la Transatlantique retour. Réparation du guindeau, recoudre la protection de la barre, refaire le vaigrage, changer la pompe à eau de mer, changer la drisse de trinquette pour bien étarquer la voile, bricoler le Hors-bord…toutes ces taches occupent nos journée. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG-20210303-WA0002(1).jpg"><figcaption>Un peu de briquage ne fait jamais de mal. Il était temps!</figcaption></figure><p> </p><p><strong>Nous nous aérons dans les bars de plage du Marin pour nous détendre</strong>, limités dans nos promenades par l'absence totale de sentiers pédestres pour nous dégourdir les jambes. Ici, la voiture est reine.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/20210226_142440.jpg"><figcaption>Premier restau martiniquais en bord de plage. Ici, tu commandes un Ti-Punch, ils te laissent la bouteille…</figcaption></figure><p> </p><p>Assez parlé des contraintes du voyage à la voile au temps du Covid, place aux réjouissances maintenant!</p><h2> </h2><h2>Saveurs locales au Marin</h2><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/20210226_150133.jpg"></figure><p> </p><p><strong>Le port du Marin est la caverne d'Alibaba pour le plaisancier</strong>. Plateforme de location, d'achat-vente et de réparation de la zone Antilles, elle draine professionnels, propriétaires et vacanciers autour du nautisme. Les shipchandlers, voileries, ateliers de réparation mécaniques, assurances, “bars des skippers” jouent des coudes pour attirer le navigateur. Une telle offre nous est plutôt bénéfique: finies les galères pour trouver du matériel d'entretien et de réparation!</p><p>En plus de cette bouffée d'air frais “nautique”, nous nous précipitons dans le supermarché du coin pour faire quelques provisions. Après 3 mois au Cap-Vert, en transat et aux Grenadines, quelle joie de retrouver une telle diversité alimentaire! Les produits frais, surtout, à des prix plus élevés qu'en France (la plupart sont importés…)  mais plus raisonnables qu'aux Grenadines, ravissent nos yeux et nos papilles. Nous revenons chargés comme des baudets, et ne manquons pas de nous arrêter dans une boulangerie pour croquer une baguette bien fraîche. </p><p>Tous les matins, <strong>les Halles du Marin sont animées des stands de fruits et légumes locaux tenues par des femmes drapées du tissu local: le Madras</strong>, des carreaux vifs rassemblant rouge, vert jaune et orangé. Suite à l'abolition de l'esclavage, de nombreux Indiens sont venus sous “contrat libre” cultiver la canne à sucre, important une nouvelle influence culturelle à une île déjà riche de son métissage. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/2930f738050422fd158b399c7cfbb07b.jpg"><figcaption>Jour de marché: tissu Madras pour la vendeuse, étals de fruits et légumes du pays (ok, la photo n'est pas de nous)</figcaption></figure><p> </p><p>Melons, concombre et tomates du pays, christophines, caramboles, manioc et ananas garnissent les étals colorés.<strong> Des stands d'épices, de gousses de vanilles et de Punch aromatisés en tout genre (maracuja, coco, fruits de la passion, ananas, banane…) nous font de l'oeil</strong>. Nous repartons avec des épices à colombo (le colombo de poulet: une autre influence indienne!), de chiquetaille de morue et de Punch Coco. Si vous venez dîner chez nous au retour, le menu est tout constitué: accras de morue en entrée et boudin créole - servis bien sûr avec du Ti-Punch-, Colombo de poulet puis Blanc-Manger-Coco en dessert (qui n'est pas qu'un jeu parfaitement subversif mais aussi un flan coco proche de la Pana Cotta: un délice!). </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG_9938.jpeg"><figcaption>Cours de yole traditionnelle </figcaption></figure><p> </p><p>Nous nous attendions à un village dénué de charme, nous sommes agréablement surpris par la <strong>douceur de vivre du Marin</strong>. Une jolie église surplombe la baie dans le quartier historique, <strong>des cours et courses de yole traditionnelles égaient le plan d'eau</strong>. En plus de la célébration de nos retrouvailles avec les produits français, nous sommes amusés de retrouver des panneaux indicatifs tels qu'on les connaît en métropole: c'est bien en France que nous sommes. Ces quelques repères font office de Madeleine de Proust, mais n'enlèvent rien à l'exotisme d'une escale que nous quitterons à regret. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG-20210302-WA0000.jpg"><figcaption>Le Marin: l'occasion de retrouver des batocopains! Matelowtech, Hisse tes Rêves, Khaïma, les Mordicus, les Grenoblois. Ils sont flex sur le 6 par table ici!</figcaption></figure><p> </p><p> </p><h2>À la découverte de la Martinique</h2><p> </p><p>Pour faire simple, la Martinique est organisée en trois territoires, écho aux variations du paysage:</p><p>- au sud, il y a les plages de sable blanc (Saint-Anne et la fameuse plage des Salines, les Anses), les offres touristiques les plus développées, l'aspect “soleil et farniente”,</p><p>- au centre, Fort-de-France, le cœur économique de l'île, et les bouchons et zones commerciales qui vont avec,</p><p>- au nord, les montagnes, le volcan de la Montagne Pelée (1395m), toujours en activité, et les plages de sable noir.  </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/carteblog.png"></figure><p> </p><p>On distingue aussi la <strong>côte Caraïbe ou côte “sous le vent”</strong>, bien plus construite, de <strong>la côte Atlantique ou côte “au vent”</strong>, très sauvage et préservée.</p><p>Pour tenter de réparer notre ordinateur dont l'alimentation a cramé, nous sommes allés à Fort-de-France une journée. La capitale est dense, fourmille d'échoppes locales et de quelques bâtiments remarquables. Nous avons trouvé la capitale plutôt authentique - les enseignes occidentales se concentrant plutôt à l'extérieur, sur des kilomètres de zones commerciales enlaidissant les environs. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG_0038.jpeg"><figcaption>La bibliothèque Schoelcher</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG_0068.jpeg"><figcaption>Fort-de-France, aujourd'hui base militaire</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG_0071.jpeg"><figcaption>La Place de la Savane, avec au loin d'église Saint-Louis</figcaption></figure><h2> </h2><h2>La Martinique côté mer</h2><p> </p><h4>La côte sous le vent</h4><p> </p><p>Pour notre première virée en dehors du Marin, nous trouvons un bon plan “voiture” et nous dirigeons vers la pointe sud de l'île, vers Sainte-Anne. Le combo plage-rando devient un rituel pour varier les plaisirs.</p><p> </p><p><strong>La plage des Salines</strong></p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/20210304_143252-compressed.jpg"><figcaption>Plage bordée de cocotiers et de payottes animées, la plage des Salines est considérée comme l'une des plus belles plages de Martinique. C'est notre premier contact avec le Sorbet coco. Qui s'est bien passé. C'est aussi l'occasion d'inaugurer notre tentative de record d'échanges en raquettes de plage. Car oui, nous avons tout de même un peu d'ambition dans ce voyage: apparaître dans le Guinness Book Records! Pour l'instant, nous en sommes à 27 A/R, soit 54 simples. </figcaption></figure><p> </p><p><strong>La savane des pétrifications</strong></p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/20210304_164154.jpg"><figcaption>Zone aride quasi-désertique, la savane des pétrifications est une rando en bord de mer magnifique. On y trouve des arbres fossilisés, d'où le “pétrifications”. Parfois, la côte à quelques allures de Bretagne.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/20210304_160815-compressed.jpg"><figcaption>Les arbres y sont étonnants</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/ecoarvik-compressed.jpg"><figcaption>Avant de rendre la voiture, nous avons retrouvé les copains d'<a href="https://ecoarvik.com/">EcoArvik</a>. On est fan de leur projet: ils voyagent autour de l'Atlantique sur la route de la migration des baleines. Ils les observent, enregistrent leurs sons, sensibilisent les scolaires à la protection de l'océan, ont plein de bonnes idées dans le zéro-déchet et le Do-it-Yourself. Ils ont créé une carte collaborative autour de l'Atlantique qui recense les endroits où acheter local et sans déchets pour éviter les grandes surfaces. Ils nous inspirent beaucoup par la cohérence de leur discours et de leur mode de vie, et on compte bien leur piquer la recette de leur fromage fait maison en 1h qu'on avait goûté à un apéro.</figcaption></figure><p> </p><p><strong>Les Anses</strong></p><p>En remontant la côte Caraïbes, nous arrivons au paradis du plaisancier: les anses: Dans un périmètre restreint, une succession d'anses plus charmantes les unes que les autres se succèdent. Elles permettent de vivre de snorkeling, tortues marines, balades en bord de mer et resto sur la plage (oui, ils restent ouverts…) pendant une semaine. La déconnexion est totale, le plaisir entier. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/235011FA-E3CF-4EB7-8F04-EE20BF47B61D.jpg"><figcaption>En remontant vers les Anses</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/DF9BCDF6-B98A-4D7C-8623-F1B521C0A8C7.jpg"><figcaption>Passage devant le Rocher du diamant</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/20210311_174414-compressed.jpg"><figcaption>L'Anse Noire: sublimissime plage de sable noire bordée d'une cocoteraie. C'est notre préférée! Sauvage et intimiste, seuls quelques bateaux peuvent y mouiller.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/Martinique-compressed.jpg"><figcaption>Face à ce paysage, on est obligé de sortir le Ti-Punch et le Thazard fumé. Une fois de plus on s'adapte.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG_0452.JPEG"><figcaption>Grande Anse - encore et toujours des cocotiers et des payottes sur la plage. Non, on ne se lasse pas.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG-20210313-WA0005.jpg"><figcaption>La fameuse anse d'Arlet, et son clocher qui donne sur le ponton</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG_0438.JPEG"><figcaption>Re-re-re accras de morue. Et ce n'est que l'apéro. On vous épargne tout le menu.</figcaption></figure><p> </p><p>Parmi les anses visitées, on doit tout de même insister sur une en particulier: l'<strong>anse Mitan</strong>. Nous avons décidé d'y poser l'ancre quelques jours car c'est un <strong>excellent spot de kite </strong>pour progresser. Je prends 2 cours, gagne en autonomie, et me lance dans 2 sorties sans prof, dont la première s'est soldée par un sauvetage (la faute au vent, on va dire), le deuxième par une arrivée un peu trop sous le vent de la base nautique, avec un dégonflage d'urgence sur un ponton d'une propriété privée. Oups. Plus de peur que de mal dans les 2 cas. <strong>L'apprentissage est une bonne piqûre de rappel d'humilité</strong>: en dépit des pubs d'écoles de kite “en 3 cours, vous serez autonomes”, l'aisance se gagne au fil de nombreuses sorties, dans des conditions très variées. Il n'empêche, on s'est senti très bien à l'anse Mitan, en devenant copains avec les moniteurs, qui nous voyaient défiler tous les jours pour un cours de kite ou de planche à voile. </p><p>Le reste du temps, nous prenons nos marques dans le bourg. Une vie de village s'y déroule tranquillement, au cœur de la micro-marina et des resto environnants.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG_0859.JPEG"><figcaption>Bazonotik, aux 3 îlets: le spot de rêve! Il y a un bon effet Venturi bien que ce soit sous le vent: max de vent, plan d'eau large, c'est parfait pour apprendre!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG_0868.JPEG"><figcaption>Décollage imminent</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG-20210310-WA0011%20(1).jpg"><figcaption>Ti-punch-coucher de soleil à l'Anse Mitan</figcaption></figure><h4> </h4><h4>La côte au vent</h4><p> </p><p>On vous le disait, la côte Atlantique est bien plus sauvage et préservée que la côte Caraïbe. Nous n'aurons pas le temps de l'arpenter de long en large (de la “poncer”, comme le veut l'expression consacrée de l'année), mais de ce que nous en avons vu, c'est grandiose! Les plages bordées de palmiers et le relief déchiqueté y sont pour quelque chose.</p><p> </p><p><strong>Le Vauclin</strong></p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/DB44983E-57D7-4D88-933E-D19B220EFBB5.jpg"><figcaption><strong>Le Vauclin est LE spot de kite de la Martinique</strong>. C'est un peu l'embouteillage au décollage et au départ, ce qui rend le lieu peu hospitalier pour les débutants. <strong>T'as intérêt à maîtriser tes règles de priorités pour ne pas mélanger tes lignes à celles de tes voisins</strong>, car ça peut te coûter cher. Ah oui, et il faut savoir remonter bien au vent aussi, car le vent te pousse à la plage. <strong>J'ai opté pour le forfait “Kévin Darde remontées mécaniques”</strong>: quand je redescendais trop sous le vent, Kévin me remontait l'aile avec la planche, tandis que je rejoignais le point de départ à pied. l'eau étant peu profonde. Pratique, non?</figcaption></figure><h2> </h2><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/e7ec48cf-e2df-4ccb-b757-c8a3edd26a27.jpg"><figcaption>Joli dégradé de couleurs</figcaption></figure><h2> </h2><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG_0143.jpeg"><figcaption>Après l'effort, le réconfort: boudins créoles, accras de morue, crabe farci, chiquetaille de morue. Et bien sûr, uneu grosseu bièèreu.</figcaption></figure><p> </p><p><strong>La presqu'île de la Caravelle</strong></p><p>Rando dont on nous avait vanté les mérites, la Presqu'île de la Caravelle démarre par la plage de surfeurs, Tartane. Ensuite, entre Mangrove, criques et vues sur les falaises, la balade vaut le détour.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/20210306_151728-compressed.jpg"><figcaption>Sentier dans la mangrove</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG_0092-compressed.jpg"><figcaption>On cultive le look de Ranger</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG_0117.jpeg"><figcaption>La côte déchiquetée. Il y a quelques airs de Bretagne ou d'Irlande, non?</figcaption></figure><p> </p><h2>La Martinique côté montagne</h2><p> </p><p>Après plusieurs jours de kite / plage / farniente, nous louons une voiture des Anses où nous laissons le bateau sur bouée pour aller explorer le nord de la Martinique. Le Nord, c'est la verdure, les volcans, la montagne. Nous louons donc un “bungalow créole” pour 4 nuits, histoire d'être sur place pour faire des randonnées et de dormir à plat. Car oui, <strong>sachez que le luxe ultime du voyageur en voilier est de pouvoir faire le tour de son lit</strong> (chose impossible en bateau du fait de la configuration de la cabine), après prendre une douche et ouvrir un frigidaire à porte (le notre est une glacière qui s'ouvre par le haut, nos vivres sont savamment entassés). </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/20210315_173913-compressed.jpg"><figcaption>Ledit bungalow. Oui, il flotte plus qu'en Bretagne au Morne-Rouge. Mais la vue est jolie!</figcaption></figure><p> </p><p>Quatre jours de rando s'ouvrent donc à nous, nous révélant la végétation luxuriante et diversifiée. </p><p><strong>La Canal des esclaves</strong></p><p>La rando la plus “efficace”, comprendre: le moins de distance et de dénivelé pour le max de vue. </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/20210315_140048-compressed.jpg"><figcaption>La rando du Canal des esclaves se fait le long d'un cours d'eau construit par les esclaves au 18ème pour irriguer un cours d'eau en contrebas.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/20210315_114326-compressed.jpg"><figcaption>Nice view, isn't it?</figcaption></figure><p> </p><p><strong>La Montagne Pelée</strong></p><p>Aller au sommet de l'île, ce n'est pas sorcier. Il faut juste être prêt à monter des escaliers pendant 3 heures. La vue est magnifique, lorsque la brume se dissipe pour un bref instant. La montagne pelée est un volcan toujours en activité. Sa dernière éruption meurtrière date de 1902: en quelques minutes, plus de 30 000 personnes ont péri, soit 1/5ème de la population de l'île. Saint-Pierre, alors considéré comme le “Petit-Paris” de la Martinique, a été détruite. Elle est aujourd'hui reconstruite, mais garde un aspect fort tristoune du fait de la tragédie.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG_0554.JPEG"><figcaption>À la fin, c'est quasi de l'escalade. Les mains et les pieds pour se hisser sont de rigueur!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG_0641.JPEG"><figcaption>Pas si pelée que ça la montagne.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG_0602.JPEG"><figcaption>Le mec m'a encore demandé en mariage. J'ai encore dit oui.</figcaption></figure><p> </p><p><strong>Le Pêcheur-Grande Rivière</strong></p><p>Cette magnifique randonnée de 6h aller nous immerge dans la forêt tropicale. Elle surplombe la mer, donnant à voir de jolies perspectives. Cette rando, c'était un peu la rando de trop en dépit de sa beauté. Avec 900m de dénivelé et une chaleur étouffante, j'ai bien cru à mi chemin que je n'allais plus pouvoir avancer. Bon, en même temps, on ne va pas appeler l'hélico parce-qu'on a les jambes coupées, ça risquerait de nous coûter cher en apéro cette histoire. On se remotive, on met du Christophe Maé, et ça repart. Cela dit, c'était très beau, il ne faut juste pas enchaîner le Montagne Pelée et la rando Le Prêcheur-Grand'Rivière le lendemain, si vous tenez à vous préserver.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/20210317_122453-compressed.jpg"><figcaption>Vue sur une crique. </figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG_0700.JPEG"><figcaption>Des arbres centenaires</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG_0715.JPEG"><figcaption>On vous rassure, on n'a pas fait les 6h de retour: nous avions réservé une yole pour nous rapatrier à Anse Couleuvre. Une jolie expédition nous laissant voir la côte depuis la mer!</figcaption></figure><p> </p><p><strong>La trace des Jésuites</strong></p><p>En immersion totale au sein de la forêt tropicale, cette rando est connue parce-que des Jésuites empruntaient ce chemin à la fin du 17ème, début du 18ème siècle. Entre pont suspendu, rivières, lianes et végétation, c'est une rando variée, agréable et pas trop longue :D</p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/d02fab27-a091-45df-9a1f-96d2391f562c.jpg"><figcaption>Pont suspendu</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG_0766.JPEG"><figcaption>La team Khaïma-Amorgos à la cascade après la rando</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/20210316_172650-compressed.jpg"><figcaption>Après l'effort, encore le réconfort. </figcaption></figure><p> </p><h2>Il est temps de partir</h2><p> </p><p>De retour au bateau, nous repassons 3 jours à l'anse Mitan pour profiter du spot de kite puis remontons la côte Caraïbe jusqu'au Carbet et la baie de Saint-Pierre. L'idée est de partir pour la Guadeloupe, pour profiter de quatre semaines dans ces îles dont on a entendu que du bien…Comme toujours, on se force à quitter des endroits auxquels on s'attache et dans lesquels on aurait aimé passer plus de temps. <strong>La logique du voyage veut que la découverte continue</strong>, alors cap sur Les Saintes en Guadeloupe, avec une dernière escale au Carbet pour partir au petit matin vers le nord.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG_0906.JPEG"><figcaption>Nous sentons qu'un bruit bizarre surgit: le moteur patine. Nous le stoppons. Heureusement, la houle est faible, notre vitesse réduite. <strong>Kévin plonge, et ramasse dans l'hélice un sac Carrefour à la dérive</strong>. Heureusement que c'est arrivé dans des conditions où on a pu intervenir! Prendre un bout dans l'hélice reste une hantise pour les navigateurs…</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG_0915.JPEG"><figcaption>Arc en ciel sur les plages du Carbet</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Martinique/IMG-20210318-WA0003.jpg"><figcaption>Un dernier coucher de soleil sur la plage du Carbet, et nous disons adieu à la Martinique.</figcaption></figure><p>                                                               ***</p><p>3h15. Une bourrasque s'engouffre par le hublot de la cabine avant. Il parvient à ébranler la structure du bateau. La coque danse. Le bruit du vent et le tangage nous forcent à ouvrir un oeil.</p><p>J'entends:</p><p>- Tu dors?</p><p>- Non. Pas là.</p><p>- On y va?</p><p>- Heu…ok, on y va.</p><p>Munis de notre lampe frontale, nous nous habillons à la hâte, remontons l'ancre, et glissons le long de la côte Martiniquaise à la lueur du clair de lune. Nous ne la reverrons pas de jour, et partirons dans la pénombre vers la suite de nos aventures.</p> Sat, 03 Apr 2021 00:00:00 +0000 /blog/a-terre/martinique-la-france-exotique /blog/a-terre/martinique-la-france-exotique Les Grenadines: un paradis bien fragile Kévin <p> </p><p><i>Une fois n'est pas coutume: à mon tour de prendre le clavier!  Une chose se confirme: je suis plus à l'aise avec le réglage des culbuteurs du moteur que l'écriture sur le blog. Je me plie néanmoins à l'exercice, pour moi aussi apporter ma patte à l'ouvrage, en espérant vous retranscrire de façon vivante les quelques semaines passées aux Grenadines. Bonne lecture!</i></p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/saint-vincent-et-grenadines.jpg"><figcaption>Plantons le décor: les îles Grenadines sont au sud des petites Antilles. Saint-Vincent est l'île principale. SVG (Saint-Vincent-les-Grenadines) est un Etat indépendant depuis 1979, toujours membre du Commonwealth britannique.</figcaption></figure><h2> </h2><h2>Young Island: un atterrissage en douceur après la transat</h2><p> </p><h4>C'est bon: la traversée, c'est digéré!</h4><p> </p><p>Nous vous avions laissés avec un récit copieux concernant cette traversée de l'Atlantique éprouvante. C'était il y a plus d'un mois. Le moral était alors un peu entamé: la fatigue accumulée ne nous permettait pas d'y voir totalement clair. Puis, nous avons passé une bonne nuit, sorti le bout du nez de la descente, observé le paysage environnant et, déjà,<strong> de cette expérience difficile nous commencions à ressentir une certaine fierté</strong>: nous n’avons pas fait toute cette route pour rien et méritons les beaux mois à venir. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/IMG-20210123-WA0009.jpg"><figcaption>Quand on vous avait laissé, nous étions là: en quarantaine à Young Island, au sud de l'île de Saint-Vincent. </figcaption></figure><p> </p><p>Ajoutez à cela 6 jours de quarantaine fort sympathiques, des apéros clandestins, les messages de nos proches nous faisant prendre conscience de « l’exploit » réalisé à l'échelle de notre parcours ainsi qu’<strong>un article sur notre aventure dans Voiles et Voiliers,</strong> et<strong> nous</strong> <strong>nous projetions déjà dans notre prochain achat de voilier!</strong></p><p> </p><h4>On est dans le journal! La bonne surprise de l'arrivée</h4><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/IMG-20210218-WA0018.jpg"><figcaption>Voiles et Voiliers nous fait rêver depuis que nous sommes ados, alors avoir son article dans le journal...</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/IMG-20210218-WA0017.jpg"><figcaption>Dans la rubrique “Grande croisière”, l'article “Quatre familles ont largué les amarres en plein Covid-19” fait un éclairage sur nous et 3 autres batocopains. L'interview avait eu lieu en novembre, nous ne savions pas quand l'article allait sortir!</figcaption></figure><h4> </h4><h4>T'es plutôt côtier ou grand large?</h4><p> </p><p>Le voyage au long cours présente deux volets:<strong> la découverte de nouveaux pays</strong>, capitales, villes, îles et archipels d'un côté et <strong>les traversées</strong> d'un autre, qui nous permettent d'atteindre ces nouvelles destinations, par nos moyens, avec notre maison sur le dos. </p><p>Des marins préfèrent le premier volet, d'autres le second. Nous concernant, nous ne faisons pas partie de ce dernier groupe, qui rêve secrètement que la mer s'étire, tellement ils apprécient le large.</p><p>Nous faisons partie du premier groupe, celui qui fait les traversées principalement pour accéder à un nouveau terrain de jeu, découvrir une nouvelle culture, laisser dans le sillage un paysage que nous avons eu le temps de décortiquer, nous laisser surprendre par celui qui apparaît à notre étrave, après des jours de navigation et d'efforts. Et comme rien n'est toujours tout blanc ou tout noir, <strong>je vis aussi pendant les traversées des moments absolument exceptionnels</strong>. Pendant la transatlantique, je me suis entraîné à reconnaître les constellations, ce dôme scintillant et totalement hypnotisant qu'on ne voit plus en ville. S'éloigner autant des côtes devient un luxe pour assister à ce spectacle nocturne. Tracer sa route et décider des stratégies de voilure, de route est tout aussi stressant qu'amusant. <strong>Enfin, le confort à bord étant bien réduit, un tout petit plaisir devient une grande joie!</strong> J'écris ces lignes 3 semaines après notre retour et le cerveau a fait son travail de tri, les souvenirs plus difficiles ont été remodelés de manière positive, les bons souvenirs resteront gravés pour toujours.<strong> Les expériences vécues aux Grenadines seront magnifiées par le chemin qu'il a fallu parcourir pour y accéder</strong>.</p><p> </p><h4>La quarantaine: l'opportunité de se reposer</h4><p> </p><p>La quarantaine à Young Island est une pause bienvenue après cette traversée. D'une part nous avons besoin de nous reposer, d'autre part nous apprécions le fait de nous arrêter toute une semaine au même endroit. </p><p><strong>Le déplacement incessant en voilier apporte son lot de découvertes, et par la même occasion, exige constamment de trouver de nouveaux repères. </strong>Cela représente parfois un effort de sur-adaptation constant et fatigant. Rester une semaine au même endroit est donc une opportunité plutôt qu'une contrainte.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/IMG-20210220-WA0011.jpg"><figcaption>Kévin Néry plonge à Young Island</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/IMG-20210220-WA0013.jpg"><figcaption>Le Nausicaa d'ici, grandeur nature</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/IMG-20210218-WA0021.jpg"><figcaption>La quarantaine est finalement assez souple: nous avons même le droit de sortir la planche à voile! Sous les grains, c'est impressionnant…</figcaption></figure><p> </p><h2>Oups, on a failli couler</h2><p> </p><p>Dans les péripéties  de cette escale, il serait dommage de ne pas mentionner que nous avons failli couler. Pour les marins et mécaniciens, voici l'histoire:</p><p>Nous étions partis remplir les cuves d'eau et retournions au mouillage. Au moment de mettre la marche arrière pour casser l'erre du bateau et étaler la chaîne, voilà que je ne sens plus du tout de puissance. Nous terminons de mouiller pour sécuriser le bateau. Je vais inspecter le moteur … qui tourne comme une horloge, comme a son habitude. Je remonte donc la chaîne de puissance et arrive à <strong>l'axe d'hélice… qui n'était plus connecté au tourteau</strong> (pièce qui solidarise l'axe avec l'inverseur et donc le moteur). Il s'agit de l'une des avaries les plus graves qui puissent arriver:<strong> l'axe du moteur peut alors s'échapper du presse étoupe et  un trou de 25mm de diamètre laisse le champ libre à une voie d'eau, qui peut remplir le bateau en quelques minutes. </strong></p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/moteur.jpg"><figcaption>De gauche à droite : L'inverseur (boîte de vitesse) en vert, le tourteau en bronze, l'axe d'hélice en acier inox, le presse étoupe en noir</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/sch%C3%A9ma.jpg"><figcaption>Un peu de pédagogie…</figcaption></figure><p> </p><p>Heureusement, nous n'avons rien à déplorer! Pas une goutte dans le bateau et pour cause: l'axe du moteur s'est arrêté 1 mm avant de sortir du presse-étoupe. Nous avons été sauvés par les anodes sacrificielles de l'axe d'hélice, ces colliers de zinc étaient placés de manière à bloquer la sortie de l'arbre d'hélice dans la chaise de l'arbre si nous rencontrions ce problème. Un conseil que nous avait donné le responsable du chantier de Bleu Marine à Dunkerque: MERCI à François! MERCI aussi à Laurent de Khaïma (une fois de plus) qui m'a aidé à reconnecter tout ça et à le sécuriser. Ces amitiés de la mer sont précieuses et permettent clairement de rendre l'expérience humaine de ces voyages fantastique.</p><p> </p><h2>Après 21 jours à bord, le premier pas à terre</h2><p> </p><p>Une fois libres de nos mouvements, <strong>nous mettons pied à terre après 21 jours dans le voilier</strong>, drôle de sensation entre plaisir de retrouver cette liberté et un sentiment d'agression par les bruits et l'effervescence d'une ville pourtant de taille modeste. Après avoir manqué de se faire écraser 3 fois par des gros SUV américains hurlants et lancés sur une piste de bobsleigh à toute berzingue, on fait vite nos courses et on retourne parmi les poissons et les coraux pour préparer notre départ vers des îles plus hospitalières des Grenadines.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210127_112631-compressed.jpg"><figcaption>En dehors du tumulte ambiant, nous savourons le café en terrasse dans un décor de rêve</figcaption></figure><p> </p><p>Nous quittons notre lieu de quarantaine avec impatience et organisation. Impatience car il nous tarde de découvrir les autres îles des Grenadines et organisation car il nous faut préparer le bateau pour naviguer à nouveau après une semaine au mouillage. La configuration mouillage / navigation étant bien différente: dans le premier cas, serviettes, palmes, sacs, trousses à outils, paddles, annexe, bidons d’essence et autres objets insolites sont de sortie, formant un bazar plus ou moins organisé. En navigation, tout doit être calé pour éviter de voir passer en lévitation de bâbord à tribord et inversement, casseroles, chaussures, cocottes minutes, paquet de semoule, électronique. Cette fois-ci, il nous faut rendre Amorgos encore plus beau de l’extérieur, car nous allons profiter de la navigation pour faire des photos en action! <br> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/6a36b67b-8541-416d-b6f3-d38fc28937aa.jpg"><figcaption>Salut Saint Vincent …</figcaption></figure><p> </p><p>Quelle joie de retrouver le plaisir d’une courte navigation pour relier un beau mouillage vers un mouillage encore plus somptueux. Le vent est est légèrement portant, les vagues nous font surfer, toute la toile est de sortie, il fait beau, il fait chaud... les conditions sont idylliques! Merci aux photographes de Khaïma pour ces beaux souvenirs avec Amorgos.<br> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/af2b427e-5f93-4d97-9a1b-d89eade630e5.jpg"><figcaption>Bonjour Bequia!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210127_162358-compressed.jpg"><figcaption>Ça a l'air charmant par ici!</figcaption></figure><h2> </h2><h2>1ère étape: se ravitailler à Bequia</h2><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210128_095749-compressed.jpg"><figcaption>Palmiers, bungalows colorés, paillottes en bord de plage…"Welcome to Bequia"</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/IMG-20210218-WA0031.jpg"><figcaption>On se met dans l'ambiance: dans la rue, des vendeurs proposent des noix de coco fraîche. </figcaption></figure><p> </p><p>Bequia est une jolie baie orientée vers le tourisme nautique. <strong>On en profite pour refaire le plein de toutes les ressources dont nous aurons besoin pour 3 semaines en autonomie</strong> dans les îles Grenadines: eau dans les cuves, eau potable, nourriture, gasoil et gaz. Le dépaysement est total. Nous commençons à réaliser que nous entrons dans une parenthèse de quelques mois au paradis. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210130_093819%20-%20Copie-compressed.jpg"><figcaption>Linge propre sec et plié, plein des cuves à eau et gasoil, service à domicile; le Water Taxi est efficace!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210128_135310-compressed.jpg"><figcaption>Les échoppes aux couleurs vives sont bien mignonnes</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/IMG-20210218-WA0036.jpg"><figcaption>On retrouve le plaisir de la marche avec le Princess Margaret Ecotrail,  une balade aménagée le long du rivage.</figcaption></figure><p><br><br> </p><h2>Les Grenadines: eau turquoise, langoustes et cocotiers</h2><p> </p><p>Allez, on le sait, depuis le début de l'article, vous attendez les plages de sable blanc, l'eau cristalline, les mouillages de rêve…Nous y voilà! Il fallait simplement le temps de s'y préparer. Les cales sont pleines, la météo est bonne, nous pouvons embarquer.</p><p><span style="color:hsl(0,75%,60%);"><i><strong>Avertissement</strong>: Si la vue de ces paysages somptueux vous est trop pénible en ces temps de couvre-feu et de conditions hivernales, nous vous invitons à passer directement au paragraphe “l'envers du décor”.</i></span></p><p> </p><h4>Mayreau une île authentique et préservée<strong> </strong></h4><p> </p><p>Les petites Antilles sont connues pour la richesse de leurs fonds marins, les eaux turquoises, les plages “carte postale” avec cocotiers inclinés vers la mer. </p><p>Mayreau fait honneur à cette réputation. Cette petite île de 250 habitants a su se préserver du tourisme de masse . Elle assure une certaine activité continue malgré le ralentissement économique lié à la crise du Covid-19. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210201_160807.jpg"><figcaption>Salt Whistle Bay. On pourrait croire que ce cocotier était là pour être photographié.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210131_161020%20(1)-compressed.jpg"><figcaption>“Sur la plage abandonnéée, coquillages et crustacéééés”</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/IMG-20210201-WA0023.jpg"><figcaption>D'habitude, c'est bondé. Nous sommes seuls…ce qui donne parfois l'impression d'être les survivants à la fin du monde!</figcaption></figure><p> </p><p>L'île bénéficie d'électricité depuis 2002 et un système de récupération d'eau de pluie permet de cultiver et d'avoir une autonomie en eau douce. <strong>C'est rare pour être souligné: la plupart des autres îles n'ont pas de désalinisation d'eau et dépendent entièrement de Saint-Vincent pour boire! </strong>Et quand on voit le prix des bouteilles d'eau…</p><p>L'équilibre économique de Mayreau tient à sa pluriactivité: pêche, culture d'algues et tourisme font vivre les habitants. L'œil de coton est une algue recherchée. Elle pousse sur des filets que les cultivateurs disposent en mer, puis font sécher au soleil. Cette algue a de multiples vertus, telles la lutte contre les problèmes d'arthrose et de thyroïde. Elle est consommée sous forme de soupe, en glace ou en soda. </p><p><strong>Mayreau est aussi l'île sur laquelle nous nous sentons le plus accueillis par la population</strong>. Nous sommes 8 bateaux au mouillage, ce qui nous permet de demander à Robert le rasta d'ouvrir son bar rien que pour nous. Ravi de retrouver une activité pour un soir, il ne manque pas l'occasion d'improviser un concert de djembé avec ses fils, tout en nous abreuvant de Piña Colada bien chargées!</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210131_142145.jpg"><figcaption>Robert, un fan de Bob Marley, vénéré sur toute l'île (Bob, pas Robert)</figcaption></figure><p> </p><p> </p><h4>Les Tobago Cays: l'archipel du bout du monde </h4><p> </p><p>Enfin, les alizés nous donnent un peu de répit. De 25 nœuds établis et 30 en rafales, nous aurons pour les quelques jours à venir 15 nœuds établis. Nous attendions ce créneau avec impatience pour mettre les voiles vers les Tobagos Cays. En effet, cet archipel au vent de l'arc Antillais est exposé et peu protégé du vent, ce qui rend le mouillage et les plongées peu confortables quand ça souffle fort. </p><p>Nous arrivons par la passe sud en évitant les patates de corail: Amorgos trouve sa place au milieu d'une dizaine d'autres bateaux au mouillage. <strong>En temps normal, ce sont plutôt 200 bateaux qui squattent les lieux!</strong></p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210210_103147.jpg"><figcaption>Bienvenu aux Tobagos Cays! Amorgos est le voilier de gauche sur la photo</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210210_105409-compressed.jpg"><figcaption>Balades et vues panoramique. La palette de bleu utilisée par l'artiste est magnifique</figcaption></figure><p> </p><p>Les îlots de l'archipel sont paradisiaque: plages, langues de sable, cocotiers, palmiers, vues panoramiques nous en mettent plein les yeux. </p><p><strong>Sous la coque du bateau, tortues marines, raies pastenague et raies léopard déambulent avec grâce</strong>. Il n'y a qu'à passer la tête sous l'eau pour les admirer. Sur les spots de snorkeling, des poissons aux couleurs tropicales rendent chaque plongée féerique. Les balistes noires, par exemple, présentent une couleur noire intense sur l'intégralité du corps et un fin liseré blanc lumineux sur la queue. <strong>Quand on voit dans une même plongée masque-tuba un requin dormeur, une raie léopard, une tortue marine, des barracudas de 1,5m de long et une multitude de poissons tropicaux… on peut s'estimer extrêmement chanceux</strong>. </p><p>Ne nous demandez pas de photos de cet univers subaquatique merveilleux: la GoPro a eu l'angoisse du retour en métropole et a préféré se perdre dans les patates de corail. Bien planquée, elle a résisté au fin ratissage de la zone par ses propriétaires…</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210209_160610-compressed.jpg"><figcaption>La routine, ici</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210210_105937-compressed.jpg"><figcaption>Un peu de hauteur pour admirer le paysage</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210210_113835-compressed.jpg"><figcaption>Tiens, un iguane!</figcaption></figure><p> </p><p>Alpagués par des boat boys, nous cédons à l'attraction locale: <strong>le barbecue de langoustes sur la plage</strong>. Il suffit de réunir une bande de batocopains et le tour est joué. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210209_174259-compressed.jpg"><figcaption>Déjà, il nous faut une bestiole</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210209_175436-compressed.jpg"><figcaption>Ensuite, une bonne team</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210209_191948.jpg"><figcaption>Enfin, un barbecue</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210209_193827.jpg"><figcaption>Ça donne…une soirée très sympa sur la plage!</figcaption></figure><h2> </h2><h2>L'île d'Union: parfaite pour apprendre le kitesurf</h2><p> </p><p>Du kitesurf, Pauline en a déjà fait à Dunkerque. A l'époque, j'avais quelque peu surestimé mes capacités d'instructeur: suite à une fausse manip', <strong>nous nous étions envolés tous les deux, tels Mary Poppins, pour nous écraser quelques mètres plus loin sur un fond de sable</strong>. Cela nous avait valu un ticket d'entrée pour les urgences, avec une suspicion de trauma crânien. </p><p>Trois ans plus tard, elle est prête à retenter le coup (persévérante), mais pas sans un bon instructeur professionnel (prudente) et dans des conditions propres à un apprentissage agréable. Comprendre: dans une eau un peu plus chaude qu'à Dunkerque. </p><p>Union Island possède une baie, Frigate Island, qui rassemble tous ces critères. <strong>Il est généralement compliqué de trouver une zone de mouillage compatible avec la pratique du kitesurf</strong>: en bateau, on cherche à s'abriter du vent alors que le kite nécessite d'y être exposé. Mais la baie de Frigate Island est parfaite pour ça, le bateau est sous le vent d'un îlot et, en se décalant de 300 mètres, nous nous retrouvons exposés à un bon vent pour le kitesurf. Par ailleurs, une barrière de corail, une mangrove puis une digue cassent la houle: cela en fait un spot “flat”, c'est à dire plat, car sans clapot ou vagues.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210204_100224-compressed.jpg"><figcaption>On voit dans le fond à gauche Frigate Island, îlot qui protège Amorgos du vent et de la houle. Le spot de kite, lui, se trouve juste à droite</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210204_100339-compressed.jpg"><figcaption>Dans les années 90, un groupe Italien a arraché la mangrove pour un projet de Marina gigantesque… qui n'a jamais vu le jour . Depuis, une association fait un très gros travail pour convertir les anciennes fondations des pontons en mangrove. Le résultat est remarquable</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210204_100211-compressed.jpg"><figcaption>La mangrove est un lieu de biodiversité essentiel pour l'île mais c'est aussi et surtout une seconde barrière contre la forte houle venant du large. Seconde barrière car la première est la barrière de corail. Ces barrières limitent l'érosion de l'île. Les ponts sont en bois, les planches fines et déjà bien usées par l'air marin, on est passé vite de l'autre côté…</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210206_161247-compressed.jpg"><figcaption>Paré au décollage. Si je n'étais pas blanc comme un poulet, un maillot aurait été suffisant tellement l'eau est chaude</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210204_103947-compressed.jpg"><figcaption>La prochaine session a Dunkerque sera peut être moins facile</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210216_131725.jpg"><figcaption>Petit plus du spot: le catamaran de Happy kite propose rafraîchissements, pizzas maison et moments de détente dans un cadre grandiose</figcaption></figure><p> </p><p>Au nord de Frigate se trouve Clifton, capitale d'Union Island. </p><p>Nous varions les plaisirs entre les deux spots de kite, entourés de la barrière de corail.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210206_121928-compressed.jpg"><figcaption>Le spot de Clifton: au premier plan, la plage de décollage, au second plan, le spot de kite, au troisième plan, le mouillage: le rêve</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210212_155231-compressed.jpg"><figcaption>Après quatre cours, 3 autres sessions à deux, quelques péripéties, c'est officiel: Pauline gère en kitesurf!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210205_162528-compressed.jpg"><figcaption>À Clifton comme a Frigate, nous dégotons le parfait lieu de détente après la session: le “beach bar” où se retrouvent les “riders” (oui oui, comme la voile, le kite a son langage). Voilà à quoi ressemble un bar sympa (si vous avez oublié).</figcaption></figure><p> </p><p>Nous passons plusieurs jours sur ces spots de kitesurf de rêve, le temps pour moi de progresser et pour Pauline de tirer ses premiers bords.</p><p>Avant de quitter Union Island, nous nous rendons dans la baie de Chatam, magnifique pour plonger et faire un peu de randonnée.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210218_172014-compressed.jpg"><figcaption>Chatam Bay : une magnifique baie déserte </figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210218_152439-compressed.jpg"><figcaption>Déserte?  Pas tout à fait, ce restaurant nous a servi un très bon poisson. Vous l'avez compris: c'est d'habitude blindé.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210218_183340-compressed.jpg"><figcaption>La vue sur le coucher de soleil a rendu l'instant encore plus agréable</figcaption></figure><h2> </h2><h2>La face cachée des Grenadines</h2><p> </p><p>Les Grenadines ne peuvent qu'enchanter le plaisancier de passage. Les paysages sont dignes des meilleurs fonds d'écran Windows,  la faune et flore marine et terrestre sont magnifiques, nous avons pu pratiquer le kitesurf dans des spots réputés. Bref, c'est le paradis…du vacancier. <strong>Derrière ce bijou de la nature se cache une face plus sombre, sur laquelle nous n'avons pas voulu, ou pu, fermer les yeux.</strong></p><p> </p><h4>Corruption, dépendance au tourisme et inégalités</h4><p> </p><p>Moustique, Canouan…ça vous dit quelque chose? Aux Grenadines, jet-set et stars en quête de soleil y collectionnent yachts, villas et hôtels de luxe. <strong>Paradis fiscal, certaines îles sont aménagées pour une clientèle richissime, rejoignant propriétés démesurées en un coup de jet privé</strong>.</p><p><strong>Malheureusement, cette manne financière ne semble pas profiter à la population locale</strong>. La pauvreté des habitants se perçoit derrière des bicoques mal rafistolées, une dépendance totale vis-à-vis de l'île de Saint-Vincent pour l'eau et la nourriture, des prix faramineux pour s'alimenter et la propension de personnes droguées. On le voit, les gens sont loin de rouler sur l'or, et donnent plutôt le sentiment de vivoter. La sophistication des complexes hôteliers contraste avec la précarité des autochtones. </p><p><strong>Voyager en temps de Covid met en valeur les excès du tourisme de masse, du tourisme de luxe et de l'industrie nautique</strong>. Complexes hôteliers désertés, population au chômage technique…les îles exclusivement tournées vers le tourisme se retrouvent empêtrées dans une crise dont elles ne sont pas sûres de voir le bout. </p><p><strong>L'Etat semble défaillant, aussi: corruption massive et services publics quasi inexistants rajoutent une couche aux inégalités.</strong> A en voir les sourires édentés et les poubelles brûlées à l'air libre lorsqu'elles ne sont pas déversées dans la nature, on ne peut que constater l'absence d'un système de santé et d'une collecte et traitement des déchets. C'est triste, on se sent impuissant, mais c'est ainsi. Le mieux que l'on puisse faire, en tant que plaisancier, est de garder nos poubelles à bord, ce que nous nous sommes efforcés de faire jusqu'à la Martinique.</p><p> </p><h4>Un archipel déjà victime du réchauffement climatique</h4><p> </p><p>Ce qui nous aura le plus touché pendant cette étape aux Grenadines,<strong> c'est l'impact flagrant du réchauffement climatique</strong>. </p><p>Les barrières de corail ont presque intégralement blanchi les 5 dernières années. <strong>Cela signifie que le corail est mort.</strong> Sans faire pleurer dans les chaumières, constater dans les plongées au Tobago Cays que les couleurs vives du corail ont laissé place à une blancheur grisâtre ne peut que nous rendre conscients de la rapidité du phénomène. L'augmentation de la température des océans,  l'acidification des mers liée à l'accroissement de CO2 au niveau mondial et les phénomènes météorologiques plus extrêmes - que les barrières ne sont plus capables de supporter -  sont la cause au blanchiment des coraux, pourtant indispensables à la vie sur terre. <strong>Les Grenadines sont des îles fragiles, qui souffriront bien vite de la montée des eaux et de la destruction des écosystèmes</strong>.</p><p> </p><h4>L'instant cocorico</h4><p> </p><p>Ces îles nous rappellent la chance que nous avons en Europe de bénéficier de services publics efficaces, et, de façon plus terre-à-terre, d'une telle diversité alimentaire. <strong>Aux Grenadines, les étalages des superettes sont essentiellement constitués de boîtes de conserves et de denrées sucrées:  le choix est maigre et tout coûte extrêmement cher. </strong>Même les fruits et légumes sont hors de prix: les 500g de tomate sont à 4 euros et l'ananas produit localement revient à 10 euros pièce! Bon, il faut dire qu'il est aussi un sport national d'essayer de gonfler les prix lorsqu'un plaisancier s'avitaille... à tel point que les équipages s'organisent en amont de leur voyage pour faire des courses dans des échoppes mieux fournies et moins hors de prix. Je ne suis pas sûr que globalement, cela bénéficie  à l'économie de l'île…</p><p> </p><h2>Dernière escale dans un anse de pirates</h2><p> </p><p>Heureusement, une dernière escale sur l'île de Saint-Vincent nous redonne du baume au cœur. A contrario d'autres îles plus touristiques, Saint-Vincent est plus verdoyante et cultive beaucoup de fruits et légumes. Une célèbre école de permaculture y a même établi ses quartiers! Le tourisme est moins prononcé que sur les autres îles: on sent que les paysages sont davantage préservés, l'atmosphère plus authentique.</p><p>Avant de rejoindre la Martinique, nous nous sommes arrêtés dans baie de Cumberland et, au fil des balades, avons découvert <strong>une vallée autosuffisante en légumes, eau et électricité</strong>. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210221_160458-compressed.jpg"><figcaption>Pour la petite histoire, le film Pirate des Caraïbes a été tourné ici!</figcaption></figure><p> </p><p><strong>Amarrés à une cocoteraie</strong>, nous savourons nos derniers instants aux Grenadines dans un cadre idyllique. Le resto-hôtel collaboratif de John fait aussi résidence d'artistes: bonne ambiance, tours de magie d'une troupe en vadrouille, végétation luxuriante, chevaux en liberté, potager, rivière avoisinante…cette pause est rafraîchissante et nous éblouit avant de prendre la mer de nuit pour une navigation jusqu'à la Martinique.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210221_161415-compressed.jpg"><figcaption>Palmiers, hamac…encore un mouillage de rêve</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/20210221_170707-compressed.jpg"><figcaption>Les chevaux, à côté de la ferme en permaculture</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/IMG_9845.JPEG"><figcaption>MOI TARZAN</figcaption></figure><p> </p><p>Après un mois passé dans le pays, nous mettons les voiles vers la Martinique, heureux de ce qu'on a vécu et impatients de découvrir ces territoires ultramarins dont on a si souvent entendu parler. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Grenadines/IMG_9881.JPEG"><figcaption>Il y a toujours une bonne raison de prendre l'apéro. Nous trinquons à la santé des Grenadines et à notre retour sur le territoire français! Tchin!</figcaption></figure><p> </p> Mon, 01 Mar 2021 00:00:00 +0000 /blog/a-terre/les-grenadines-un-paradis-bien-fragile /blog/a-terre/les-grenadines-un-paradis-bien-fragile La transatlantique: 13j et 21h de haute mer Pauline <p> </p><p>Ça y est, nous y sommes. L'heure de départ pour la traversée la plus mythique du voyage a sonné.  Le Saint Graal de tout marin s'offre à nous: à deux, nous allons traverser l'océan Atlantique à la voile!</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210106-WA0000.jpg"><figcaption>Parés? Parés!</figcaption></figure><p> </p><p>Tandis qu'en 7h30 un vol Paris-NYC atteint sa destination, du Cap-Vert, rejoindre les Antilles nous prendra deux semaines. 2180 milles nautiques sont à parcourir en route directe.  Si nous étions partis des Canaries, nous aurions mis 3 semaines. Le défi est de taille.</p><p>Partir si longtemps en mer, loin de tout, a quelque chose d'effrayant. Nous sortons toujours plus de notre zone de confort.  Entre la peur de la météo, qu'il arrive quelque chose à l'un de nous deux, la crainte d'une casse matérielle sur le bateau...les spéculations vont bon train. Certaines sont rationnelles, d'autres moins.</p><p>Heureusement, après plusieurs jours de préparation vient le moment où l'on se dit <strong>"nous sommes prêts, empruntons la voie 9 ¾  pour entrer dans un monde parallèle, celui du grand large!"</strong>.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0024.jpg"></figure><p> </p><p>Pour faire descendre de son piédestal cette traversée, rien de tel qu'un peu de rationalisation afin de prouver à nous-mêmes que, sur le principe, nous sommes capables de le faire. Si l'on convertit ce qu'une traversée de l'Atlantique représente, prenons comme ordre de grandeur les autres navigations déjà effectuées cette année. La distance d'une transat' équivaut donc à additionner:</p><p>- 2 Traversées Canaries-Cap-Vert</p><p>- 1 Golfe de Gascogne</p><p>- 1 Traversée de la Manche.</p><p><strong>Vu comme ça, ce que l'on s'apprête à vivre n'est autre chose qu'une extension de ce que l'on a déjà vécu...en territoire encore plus hostile et engagé.</strong>  </p><p>On largue les amarres, et c'est parti!  </p><p><i>Et comme on a compris que vous aviez plutôt du temps en ce moment, vu qu'à 18h votre canapé vous attend, nous vous proposons un article plutôt copieux. A table!</i></p><p> </p><h2>La navigation</h2><p> </p><h3>Les alizés: le doux ventilateur de la transat (en théorie)</h3><p> </p><p>La traversée "aller" de l'Atlantique - dans le sens Est-Ouest - est réputée facile.  Le retour, quant-a-lui, est soumis à des régimes dépressionnaires bien plus capricieux et imprévisibles. </p><p><span style="background-color:rgb(255,255,255);color:rgb(32,33,36);"><strong>À</strong></span><strong> cette période de l'année, porté par des alizés bien établis, le bateau est censé glisser tout seul sous 15 noeuds, génois tangonné</strong>,  jusqu'à ce que ses passagers se retrouvent avec un Ti-punch dans une main et des accras de morue dans l'autre, à peine surpris d'être déjà arrivés de l'autre côté.</p><p><span style="background-color:rgb(255,255,255);color:rgb(32,33,36);">Ç</span>a...c'est en théorie.</p><p>Choisir la bonne fenêtre météo n'est pas simple, tant les conditions sont quelque peu atypiques cette année. A plusieurs reprises dans les semaines précédant notre départ, une bulle sans vent trône en plein milieu de l'océan. Elle condamne les plaisanciers engagés dans la traversée à prendre leur mal en patience, une fois englués dans "une molle" au milieu du grand bleu.</p><p>Désirant à tout prix éviter l'extension d'un séjour en pleine mer si le vent nous fait défaut, <strong>nous optons pour le menu "Mac Wind + Swell supplément roulis"</strong>.  Ainsi, en 13 jours, nous devrions nous aussi humecter nos lèvres dans le rhum arrangé. Deux petites semaines: cela ne semble pas si long, finalement!</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210126-WA0061.jpg"><figcaption>Cocktail de grains au loin</figcaption></figure><p> </p><p><strong>Il n'empêche, ces deux semaines en mer ont probablement été notre expérience en mer la plus forte et la plus éprouvante que nous ayons jamais connue.</strong></p><p> </p><h3>Les alizés : le sèche-cheveux full power de la transat (en vrai)</h3><p> </p><p>Qu'on se le dise: en mer, on aime le bateau, on aime être loin de tout, en autonomie totale, portés par les vents et les flots, surtout quand la mer est clémente, ordonnée et compréhensive à notre égard.</p><p>Il suffit que le vent forcisse plus que prévu, pour qu'une houle croisée et hachée se lève, obligeant l'équipage à reconsidérer sa position: finalement, je ne sais pas si j'aime tant que ça la mer et la voile. Au bout de quelques jours éprouvés par les conditions,<strong> je me mets à rêver d'un chalet rustique au pays de Heidi, d'un feu de cheminée et d'une bibliothèque grimpant jusqu'au plafond, dans laquelle piocher une BD régressive et réconfortante</strong>.</p><p>N'en voulez pas au caractère versatile de l'équipage, qui a bel et bien choisi de se mettre dans de tels draps - à 2 en plus!-,  cherchez plutôt à vous imaginer les deux faces d'une pièce de monnaie:</p><p>- l'océan est lisse, bleu électrique, la couleur du ciel entre en compétition avec l'intensité de la mer, l'équipage termine une pizza câpres-anchois fait maison, tout en regardant le soleil se coucher, les étoiles se lever...tiens, Cassiopée émerge, Orion avec, la constellation du Gémeaux aussi.  </p><p>- l'océan est déchaîné, il fait nuit noire. L'équipage s'apprête à prendre un 3ème ris pour faire face aux 40 nœuds de vent soudainement indiqués par l'anémomètre. Le bateau tangue, craque, l'équipage est tendu, ensommeillé, à fleur de peau. Il agit vite et bien, comme il a appris à le faire, mais commence à perdre patience, vigilance et réflexes, lassé des mouvements saccadés et parfois violents du voilier.</p><p><strong>Si nous avons tous les deux roulé notre bosse dans de grosses conditions par le passé, nous entrons là dans une nouvelle dimension: celle où il n'y a pas de bouton "pause"</strong>, pour suspendre ce brouhaha assommant.</p><p>Notre transat, c'est un peu ça. Heureusement, le scénario numéro 1 (l'océan lisse...) prend en sandwich le scénario 2 (une mer formée) au début et à la fin, d'une fine tranche de pain dans laquelle est entassée une garniture un peu trop épaisse.</p><p>Lorsque nous quittons Mindelo au Cap-Vert, les fichiers météo annoncent 2 premiers jours tranquilles voire un peu trop mous, puis l'entrée en scène d'un régime beaucoup plus costaud, générant une houle supposée assez longue.  </p><p><strong>Ce sont bien des alizés qui sont prévus, oui, ces vents portants qui nous pousseront jusqu'aux Antilles, mais force est de constater qu'ils sont plutôt de 20-30 nœuds que de 15</strong>.</p><p> </p><h3>Les faits</h3><p> </p><h4>Un départ en douceur</h4><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210126-WA0058.jpg"><figcaption>Départ de Mindelo (Cap-Vert)</figcaption></figure><p> </p><p>Nous larguons les amarres en même temps que le batocopain Khaïma (on ne vous les présente plus…) et deux autres catamarans français, juste après le déjeuner du 6 janvier. Rendez-vous de l'autre côté, sur l'île de Young Island, à Saint-Vincent des Grenadines. Si on y va directement, il n'y aura pas de quarantaine à effectuer hormis un test PCR et l'attente du résultat...c'est toujours ça de pris en temps de Covid!</p><p><strong>Étonnamment, nous ne nous sentons pas du tout stressés. Nous pouvons même dire que nous nous sentons  à notre place: prêts, sereins, avides de plonger dans le grand bain.  </strong></p><p>Impatient de profiter des conditions idylliques, Khaïma sort le spi et nous devance déjà.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0046.jpg"><figcaption>Le départ des Khaïma sur leur Sun Fizz: synchro, nous partons en même temps!</figcaption></figure><p> </p><p>Après un temps pour tergiverser sur la pertinence de hisser le notre, gréer les écoutes soigneusement rangées et gonfler "la bulle" à la place du génois, nous finissons pas céder à l'appel du mimétisme. Il serait tellement élégant d'arriver en même temps à Saint-Vincent!</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0048.jpg"><figcaption>Nav' coucher de soleil sous spi</figcaption></figure><p> </p><p>La glissade est franche, le moment est parfait.</p><p>Les deux premiers jours se déroulent sans encombres: les playlists sont lancées, les petits plats défilent, le sommeil vient facilement. Nous trouvons notre rythme sans peine. <strong>C'est donc ça la transat?! Honnêtement, c'est la navigation la plus simple que nous ayons jamais faite! </strong>C'est tout droit, les vents sont stables, il n'y a qu'à se laisser porter de l'autre côté, nous ne croisons personne, le risque de collision est quasi inexistant.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0043.jpg"><figcaption>Des débuts heureux</figcaption></figure><p> </p><h4>L'arrivée des "grains tropicaux"</h4><p> </p><p>C'est sans compter le durcissement des conditions et l'arrivée anticipée des grains tropicaux, auxquels nous nous attendions plutôt à l'approche des côtes antillaises.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0023.jpg"><figcaption>Ceci est un grain</figcaption></figure><p> </p><p>En une journée, le vent forcit. Nous réduisons la voilure. Ou plutôt, nous l'ajustons sans cesse, pour tenter de coller au mieux aux conditions changeantes de la traversée. La journée, le ciel est plutôt dégagé. Quelques nuages se baladent dans le ciel et nous invitent à deviner leurs formes.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210126-WA0040.jpg"><figcaption>Le paysage de la transat</figcaption></figure><p> </p><p>Sitôt la nuit arrivée, le vent se met à forcir, et le même scénario se répète toutes les nuits:</p><p>- une forte mais courte pluie arrose le pont (sortons le gel douche!)</p><p>- l'anémomètre passe de 20 nœuds à 30 voire 40 nœuds</p><p>- 10 minutes après, c'est le calme plat: le vent a baissé de volume.  </p><p> </p><p><strong>Seule subsiste une houle puissante, faisant de notre carène une boîte à savon ballotée par les forces de l'Atlantique</strong>.  Selon les nuits, les grains tropicaux s'enchaînent de la fin de journée au milieu de la nuit, ou se tarissent, nous laissant alors une accalmie pour reposer le corps et l'esprit. Kévin Darde, météorologue, nous explique:</p><blockquote><p>Un grain est un gros nuage noir de type cumulonimbus, porté par le vent. On dit qu'il arrive par derrière quand on est à une allure portante. Il peut amener soit beaucoup de pluie, de vent, un changement de la direction de ce dernier, soit... rien du tout!  </p></blockquote><p><span class="text-tiny">*Plus de détails sur le phénomène du grain en bas de page</span></p><p> </p><h4>Programme 60°C, tambour 2000, Coton couleur</h4><p> </p><p><i>La transat? C'est passer 2 semaines dans une machine à laver en se levant la nuit pour veiller deux bambins parfaitement éveillés...</i></p><p>Si nous avons tous deux une bonne capacité à prendre sur nous dans des conditions peu confortables, nous sentons bien que notre résilience en prend rapidement un coup au bout de quelques jours, avec ce tangage incessant. </p><p>Irritation et énervement se multiplient, secoués comme des pruniers que nous sommes. Mieux vaut que ça sorte. Des "j'en ai marre", "je n'en peux plus" et d'innombrables "p*****" fusent, lorsque l'on se retrouve projetés de l'autre côté de la cuisinière à la table à carte bien qu'on ait été campé sur ses appuis, ou que dans un mouvement brusque, la pâte à crêpes se déverse en partie dans l'évier.</p><p><strong>Le roulis incessant, tout ce qui retentit, tape, cliquette, résonne, frappe...produit un vacarme permanent, jouant sur nos nerfs à la longue.  </strong></p><p>Je subis davantage le roulis pendant la nuit que Kévin, néanmoins atteint par procuration de mon manque de sommeil . Rien ne sert de lutter, on le sait pourtant. <strong>On lutte alors pour ne plus lutter, on s'entraîne à accepter, à accueillir, à relativiser.</strong></p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0040.jpg"></figure><p> </p><p>La nuit surtout, nous avons l'impression qu'une mauvaise fée se penche sur notre berceau, l'actionnant sans répit de droite à gauche, dans un mouvement de balancier un peu trop prononcé. Les tentatives de me caler dans la couchette sont peine perdue. En phase d'endormissement, la sensation de débouler tout schuss sur une piste noire me saisit.   Parfois, la secousse est telle que je me retourne comme une crêpe.  Et voilà qu'on me grignote encore des minutes de repos sur mes 3 heures de sommeil. Cela ne s'arrête donc jamais! C'est un peu mieux dans le carré, calée dans la toile anti-roulis, mais c'est la place du responsable de quart qui a aussi le droit de se reposer.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210126-WA0048.jpg"><figcaption>La mouché tsé-tsé dort, chuuut…</figcaption></figure><p> </p><p>Dès que le jour décline, nous nous relayons avec Kévin, car oui, les 4000m de fond de l'Atlantique sont un peu trop profonds pour nos 40m d'ancre!. Toutes les trois heures, nous inversons les rôles: quand il veille, je dors, quand je veille, il dort.   <strong>La particularité d'une transat à 2 est donc de laisser peu de répit. Les nuits sont hachées, et l'autre est prêt à se lever si jamais il faut réduire les voiles, même s'il dort d'un sommeil profond et sans rêve.</strong></p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210126-WA0028.jpg"><figcaption>Nav' au clair de lune</figcaption></figure><p> </p><p>En quête d'un peu d'air frais, je garde parfois le hublot de notre cabine ouvert.  C'est sans compter la perfidie d'une vague qui, un soir, trouve le moyen de s'engouffrer par la lucarne. En plein sommeil, sentant qu'on me jette une bassine d'eau salée à la figure, j'émets un "Haaaa" de frayeur, persuadée qu'on est en train de couler. Ce n'est pas mon seul cri de surprise. A plusieurs reprises, des exclamations d'effroi sortent de ma bouche, pour me rendre compte, les yeux hagards et transpirante, redressée sur mes coudes pour vérifier que Kévin est toujours à bord, que nous sommes toujours là et en sécurité. Alors oui, la nuit, dans le noir, étourdie par les craquements du bateau ployant sous l'effort fourni et les secousses intempestives, il m'arrive d'avoir peur. La peur de couler, de mourir, de disparaître sans s'en rendre compte dure quelques secondes, puis se volatilise.  </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0035.jpg"><figcaption>y fait chauw! Et on vient de se faire rincer</figcaption></figure><p> </p><p>Un tourbillon d'émotions nous habite, parfois au point de nous déstabiliser: comment peut-on passer en quelques heures d'une sensation d'épanouissement total à une volonté puissante d'en finir au plus vite avec la traversée? A deux et en couple, l'enjeu est d'expulser ce que l'on ressent pour éviter l'effet cocotte-minute, sans pour autant s'entraîner dans une spirale négative.  Nous nous adonnons à ce jeu d'équilibriste au quotidien, et nous efforçons d'exorciser nos ressentis.</p><p>L'humour est un allié de choix, tout comme la capacité à relativiser: ces deux semaines nous paraissent deux mois, mais dans les faits, ce sont bien deux semaines dans une vie! C'est si peu.  </p><p> </p><h4>Un océan de beauté</h4><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0017.jpg"></figure><p> </p><p>Après quelques nuits à peu dormir du fait de ces conditions variables et de cette satanée houle, se réinstalle une mer docile et bien peignée. Le vent cesse de varier de 20 nœuds plusieurs fois par jour, en quelques secondes.  Le bord retrouve une sensation de maîtrise, Amorgos file droit.  Nous reprenons des forces et nous mettons à nouveau à aimer la mer, la voile, le bateau, la transatlantique.</p><p> </p><h2>Deux semaines sans wifi: au secours?</h2><p> </p><p>De plus en plus de personnes payent une fortune pour séjourner dans un espace reclus, sans fibre internet.  </p><p>Être éloigné des réseaux sociaux, mails, recherches Google et actualités du monde est le nouvel eldorado: on entre dans son cocon, on vit ce qu'il y a à vivre là, l'esprit cesse de gambader entre nouvelles peu encourageantes du monde, factures à régler, conversations à entretenir, flux Insta à faire défiler.</p><p><strong>Pour les adeptes du </strong><i><strong>multitasking</strong></i><strong>, le retrait pur et simple de la 4G entraîne le retour d'un sentiment oublié: l'ennui</strong>. </p><p>Que faire de tout ce temps dont nous disposons, déboussolés par l'arrêt brutal des sursollicitations du monde?</p><p> </p><h3>Occupation n°1: conduire le bateau à bon port</h3><p> </p><p>Tout d'abord, le bateau requiert sa dose d'attention: prendre la météo, choisir sa route, faire des manoeuvres, remplir le journal de bord, faire des checks "matos"...La veille et la navigation mobilisent notre attention.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0038.jpg"><figcaption>On tangonne, on détangonne…</figcaption></figure><p> </p><p>La mécanique s'huile rapidement: on détangonne le génois, on le repasse du bon côté, on enlève la retenue de bôme, on prend un ris ou deux supplémentaires pour la nuit, on retangonne, on enroule sous un grain, le lendemain on détangonne, on enlève un ris, voire deux, on retangonne, on enroule s'il y a un coup de vent, on empanne si besoin...et ainsi s'enchaîne cette chorégraphie de jour comme de nuit.</p><p>Barrer nous occupe aussi la journée. Nous barrons pour soulager le pilote auto et diminuer au maximum l'allumage du moteur pour recharger les batteries - en complément des panneaux solaires - mais aussi pour garder contact avec le bateau.  </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210126-WA0031.jpg"></figure><p> </p><p>C'est même la session de sport de la journée, ce qui n'est pas sans intérêt vu la sédentarité du séjour.  Certes, on compense sur nos jambes pour garder l'équilibre en nous déplaçant, mais c'est peu: en barrant, on entre dans la salle de muscu et ça ne fait pas de mal!</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0044.jpg"><figcaption>Prendre la barre nous rend davantage acteur de l'expérience: nous guidons le bateau vers sa destination nous-mêmes, ressentons les soubresauts des vagues pour mieux les négocier, face à un champ d'observation hypnotique.</figcaption></figure><p> </p><p>En somme: nous faisons corps avec lui, l'apprivoisons comme un cheval de course: le sentiment est plus gratifiant que de prendre le Ferry "Mindelo-Antilles" en se faisant transporter sur Amorgos sans le guider nous-mêmes.</p><p><strong>Pour prendre la météo, nous utilisons notre téléphone satellite afin de charger les fichiers GRIB</strong>.  En complément, nous correspondons avec Mathieu, le frère de Kévin, pour connaître la situation plus macro. Les caprices de l'Iridium Go! (le téléphone satellite) contribuent certainement au charme de la croisière: plusieurs tentatives de connexion sont nécessaires pour parvenir à nos fins.  </p><p><strong>Cela nous occupe et nous réchauffe le cœur, car la correspondance avec notre famille nous fait un bien fou. </strong>Nous nous sentons soutenus, recevons quelques nouvelles du pays et pouvons nous décharger de nos émotions.</p><p>S'il est quasi impossible d'avoir une conversation audible sur le réseau, l'échange de messages écrits se fait sans trop de peine. L'opération est bien moins facile qu'envoyer des messages en flux continu sur What's App, mais au moins, cela pousse à aller à l'essentiel, à choisir ses mots.</p><p> </p><p>Pour notre plus grand bonheur, nous n'avons pas de casse matérielle!  </p><p>Les semaines à fiabiliser le bateau paient: seule une panne électrique générale nous surprend, mais est heureusement matée par Kévin en un temps record. Le hale-bas de grande voile se déboîte, éprouvé par les efforts de l'allure portante, mais reprend sa place peu de temps après.  </p><p>Ecoutons le récit de Kévin, technicien et homme à tout faire du bord, sur la panne électrique du bord:</p><p> </p><blockquote><p>Nous sommes au milieu de l’Atlantique, nous avons donc 1800 km dans notre poupe et 1800 km dans notre étrave. Aussi nous venons de terminer une discussion par radio avec un voilier que nous croisons. La VHF indique un message d’alerte: "low battery..." je venais alors de dire à Pauline que nous n’avions pas de problèmes techniques depuis quelques mois déjà! Le message d’alerte disparaît, tout rentre dans l’ordre, on peut aller se coucher. Je m’assoupis doucement. </p><p>Bip bip bip. </p><p>L'électronique de bord redémarre sans qu’on ne lui demande de le faire. Conséquence? La radio redémarre, pas de problème. L’AIS, qui indique les bateaux aux alentours pour éviter les collisions redémarre, pas de problème. La centrale de bord, redémarre... oups, problème. Le pilote automatique a perdu sa consigne de direction: le bateau ne sachant plus où aller, il faut sauter sur la barre pour éviter un empannage sauvage. </p><p>En équipage réduit, perdre le pilote automatique fait partie des problèmes les plus redoutés. Heureusement notre bateau est bien conçu et nous avons un ordinateur de pilote automatique de secours, on le branche, il fonctionne sans encombre, on va se coucher pour résoudre les problèmes à tête reposée. Le lendemain, armé de mon multimètre, me voilà la tête dans le coffret électrique à tenter de trouver la panne. </p><p>Heureusement, dans ce genre de situations nous sommes tous les deux particulièrement soudés et nous arrivons à retrouver sang froid et pragmatisme pour analyser avec méthode le problème. Assez vite, je trouve un problème de tension dans le tableau électrique, puis en mode continuité j’arrive à remonter au fil défectueux, puis en mode résistance je détecte le domino défectueux. 100 fois la résistance d’un domino normal! Je le change, coupe le fil oxydé, redémarre l’électronique et bingo, tout refonctionne! <strong>Résoudre un problème électrique, certes simple, mais avec un impact si grave dans notre parcours déjà pas simple, me donne un sentiment de jubilation totale</strong>!</p></blockquote><p> </p><h3>Occupation n°2: vivre, le plus agréablement possible</h3><p> </p><p>La vie du bord prend beaucoup plus de temps qu'à terre. La préparation des repas, la vaisselle, un peu de rangement, un brin de toilette avec la douche à la bouteille nécessitent bien plus d'énergie que d'habitude, tant la cadence du bateau ne facilite aucun déplacement. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0022.jpg"><figcaption>Douche avec 1L dans une bouteille d'Evian au bouchon percé pour faire pommeau: merci aux Donnou pour l'astuce! Si avec ça on n'est pas dans la sobriété :D</figcaption></figure><p> </p><p>Cela me donne parfois la sensation d'être une personne âgée, pour qui le fait de se lever, prendre un petit-déjeuner, se doucher, s'apprêter et cuisiner un peu occupe finalement...toute la matinée.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0047.jpg"><figcaption>La pêche de la transat: une dorade coryphène, heureusement un chouilla moins grande que la précédente pêchée</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0019.jpg"><figcaption>La dorade passée à la casserole ^^</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0037.jpg"><figcaption>English breakfast: de quoi assurer le moral de l'équipage</figcaption></figure><p> </p><p>En dépit des soubresauts de notre monture, nous nous relayons pour effectuer les tâches du bord, ce sans quoi la vie devient juste...invivable. L'adage "un bateau rangé est un bateau en sécurité" vaut aussi bien pour l'intérieur que pour l'extérieur.</p><p> </p><p>Avoir une telle plage de liberté dans nos occupations est un luxe. Quand la fatigue ne vous étreint pas trop, c'est alors le moment d'écrémer la pile de livres qui s'est entassée sur la table de chevet.  </p><p>Lire, écouter des livres audio (belle découverte!), podcasts (Affaires sensibles, Z comme Zodiaque...) et méditations, jouer au ukulélé, regarder un film...toutes ces occupations terriennes permettent de tuer le temps agréablement.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0041.jpg"><figcaption>En concert au parking sous-terrain de Parly2 le 4 septembre prochain! …</figcaption></figure><p> </p><h4>Occupation n°3: contempler et attendre  </h4><p> </p><p>Une fois bien abrutis par cette avalanche de sons et lectures en tous genres, l'esprit ne demande plus qu'à s'évader, les yeux à se perdre sur la ligne d'horizon.   Le silence est un appel, après trop de vacarme visuel ou auditif.</p><p><strong>Là démarre l'expérience phare d'une transatlantique: se laisser absorber par les mouvements de la mer, la course des nuages, le chemin du soleil et de la lune, un vent qui se fait toujours plus chaud</strong>, au point de réduire à peau de chagrin notre tenue vestimentaire.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0025.jpg"></figure><p> </p><p>Ce qu'il y a de magique - voire de mystique - dans une telle traversée est le contact renoué avec la nature que cela procure.  </p><p>Pour y arriver, il faut du temps.  Le temps de vivre non plus au rythme des horloges mais seulement du soleil qui se lève et se couche, comprendre le cycle de la lune, penser à tout ce qui nous lie aux Hommes qui nous ont précédés - et qui avaient pour mêmes points de repères les constellations et l'astre solaire...</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210126-WA0029.jpg"><figcaption>Lever de lune </figcaption></figure><p> </p><p>Il y a même quelque chose d'émouvant à découvrir les richesses de l'astronomie et de l'astrologie: sagesses des temps anciens, elles sont une porte ouverte à des mondes merveilleux et imaginaires, tout en nous rattachant à la réalité de la galaxie dans laquelle nous nous trouvons.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0031.jpg"><figcaption>Merci Skyguide!</figcaption></figure><p> </p><p>Parfois, nous sommes tirés de cette contemplation par un mouvement dans l'eau. Si des dauphins nous ont escortés au départ et à l'arrivée, nous n'en croisons pas au grand large. Non, ce sont des poissons volants que nous apercevons sans cesse: planant au dessus de l'eau, ils se fracassent sur une vague ou sur notre bateau comme s'ils n'étaient pas maîtres de leur course, laissant alors une odeur pestilentielle derrière eux...</p><p>La transatlantique, c'est perdre la notion du temps, cesser de s'énerver contre le sablier dont les grains s'écoulent si lentement, pour se laisser captiver quelques secondes, minutes ou heures par un paysage nocturne ou diurne stupéfiant.  </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0034.jpg"></figure><p> </p><p>Le décor peut paraître terriblement morne, parfois: du bleu, du bleu, que du bleu. C'en est presque agaçant. Mais ce bleu, toujours, finit par nous fasciner: les ondulations de la mer ne sont jamais identiques, la couleur marine s'exprime autour d'une palette déclinable à l'infini, les lumières du jour et de la nuit ne cessent d'évoluer.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210126-WA0053.jpg"><figcaption>Le fléau des algues sargasses - répandu dès le début de la transat </figcaption></figure><p> </p><h2>Alors, ça fait quoi de traverser l'Atlantique à la voile?</h2><p> </p><p>"Un jour, je traverserai l'Atlantique". Il arrive que nous nous fassions des promesses à nous-mêmes.  </p><p>Souvent, ce sont des rêves. Les transformer en un projet les ancre dans la réalité. On sort du fantasme, on entre dans la concret. Et le concret ne peut que nous dévoiler une fois de plus qui on est, en prises avec le fait de vivre une situation, et pas seulement l'imaginer!</p><p>Parfois, on ne sait même pas à quoi s'attendre, d'ailleurs...Qu'imagine-t-on?  Passer deux semaines à chanter "Over the rainbow" au clair de lune? Veut-on faire un exploit, nous rendre en tel lieu, réaliser telle activité, pour annoncer qu'on l'a fait? Ou parce-que nous pensons que cela va nous procurer du plaisir? Derrière la tentation du "check: we did it" se cache une motivation bien plus profonde et mystérieuse: celle de l'accomplissement.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210126-WA0037.jpg"></figure><p> </p><p>Se lancer dans une expérience implique d'accepter le fait qu'elle nous révèle des choses sur nous-mêmes, tant l'inconnu viendra nous bousculer. Alors oui, nous nous attendons à vivre une "expérience", plaisante et déplaisante par moments, mais en tout cas grandiose.</p><p>Comment se sentira-t-on, une fois éloignés des côtes, loin de tout secours et de civilisation? Sera-t-on dans notre élément? Parfaitement vivant dans cet espace de liberté? Ou vivra-t-on un puissant sentiment d'enfermement, dans ce périmètre restreint au sein duquel nous sommes prisonniers volontaires?</p><p><strong>Au risque de vous décevoir, force est de constater qu'être au beau milieu de l'Atlantique...ne nous fait pas grand chose.</strong></p><p> </p><p>Au final, traverser la Manche sans voir les côtes ou nous retrouver à plus de 1000 milles (plus de 1852km) des côtes n'est pas si différent. La mer est toujours la même: elle peut être conciliante ou impitoyable.</p><p> </p><h3>En transat, une journée dure 48h</h3><p> </p><p>Ce qui change, indiscutablement, est le rapport que nous entretenons avec le temps, et de voir à quel point cette expérience nous confronte à nous-mêmes, à l'autre, à notre manière d'appréhender le monde, dans l'action ou la contemplation.  </p><p><strong>La transatlantique est une ascèse. Elle nous plonge dans un huis-clos duquel nous ne pouvons échapper.</strong></p><p>Sur la durée, l'équipage est davantage sollicité: ce qui est supportable quelques heures ou 4-5 jours peut devenir un chemin de croix au-delà d'une semaine.</p><p>Le plus déroutant et difficile est cet incessant mouvement du bateau.</p><p>Concrètement, dans les conditions telles qu'on les vit, avoir l'impression que quelqu'un nous berce ou nous pousse sans cesse sur une balançoire pendant deux semaines peut générer des réactions de rage désespérée: "Mais arrêtez! Je vous en supplie, arrêtez!"  </p><p>Si de telles pensées, voire de tels cris - sous forme de jurons à faire pâlir le capitaine Haddock - nous ont souvent habités, elles sont bien sûr tempérées par <strong>les bons moments passés en quart sous les étoiles ou à jouer aux échecs, éclairés par la blanche lumière de fin de journée.</strong></p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0027.jpg"><figcaption>Jouer aux échecs dans la houle = challenge. Heureusement, le jeu est magnétique.</figcaption></figure><p> </p><p>Durant ces longues journées, nous avons le temps de méditer. <strong>Si la maxime "Ce n'est pas la destination qui compte mais le chemin parcouru" me donne du grain à moudre et du fil à retordre, j'ai de la peine à me l'approprier.</strong></p><p>Regarder l'avancée du bateau sur la carte a quelque chose de décourageant "nous avançons si lentement...", me lamentai-je souvent.</p><p>Parfois, nous parvenons à oublier l'objectif, et à nous fondre dans le temps élastique de journées clémentes.</p><p>Parfois, cela n'est pas possible: suite à une trop mauvaise nuit, la fatigue habite le corps, laissant place à une indolence et à une mollesse abrutissantes.  </p><p>Accepter de se voir dans cet état, et de ne "rien faire de sa journée" si ce n'est se transporter péniblement de la couchette au carré, du carré au cockpit, n'est pas une sensation des plus plaisantes...tout en étant un excellent terreau d'apprentissage pour cesser de vouloir toujours "faire quelque chose, faire plus".</p><p>Nous sommes là, et c'est déjà bien.</p><p> </p><h3>Lao-tseu a dit: "si le sommet est trop haut, fais une pause sur un col et sors une bonne bouteille" (ou quelque chose comme ça…)</h3><p> </p><p>Quand la montagne paraît trop haute à gravir, mieux vaut se donner des objectifs intermédiaires.  </p><p>Déjà, l'objectif de la mi-transat est une source de motivation les jours précédents.  </p><p>Fêter les étapes franchies, y aller pas à pas est la clé pour garder le moral.  </p><p>Dès que nous sommes à 1000 milles de l'arrivée, nous sablons la bouteille de champagne et ouvrons le foie-gras qui nous suivent depuis Dunkerque...</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0030.jpg"><figcaption>Tchin! Hips…</figcaption></figure><p> </p><p>Cette fiesta nous fait le plus grand bien, ce n'est pas tous les jours qu'on danse au milieu de l'Atlantique sur Bon-Entendeur tout de même!</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0036.jpg"></figure><p> </p><p> </p><h3>La fesse mollit, non?</h3><p> </p><p>Ce que je n'avais jamais connu avec une telle intensité jusque là est de voir à quel point le corps est mis à rude épreuve.  </p><p>Pour nous, qui avons l'habitude de marcher, courir, grimper, nager, nous retrouver isolés dans un espace restreint sans possibilité de nous délier les jambes est pénible. A défaut de pouvoir faire nos 10 000 pas par jour, je m'efforce de faire quelques mouvements maladroits de gym et de streching pour préserver ma santé mentale.</p><p>Le dos a mal, la nuque est raide. On est mal assis, mal allongés, sans cesse ballotés de droite à gauche, d'avant en arrière.  Le corps souffre, et rêve de retrouver un semblant de stabilité, un repas pris à table sans que l'assiette fasse un aller-retour les 3 secondes où vous l'avez lâchée.  </p><p>Ainsi, le manque de sommeil, le sommeil fractionné, l'absence d'exercice physique, sont des paramètres qu'il faut apprendre à gérer. Et là...force est de constater qu'on est parfois plus résilient qu'on ne le croit: on s'adapte à tout, on serre les dents, et on attend que ça passe.</p><p> </p><h2>IV. L'arrivée</h2><p> </p><h3>Faire son check-in</h3><p> </p><p>Apercevoir la terre est un soulagement.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0018.jpg"><figcaption>“Terre en vuuuuue!” </figcaption></figure><p> </p><p>L'île la plus à l'est des petites Antilles se dessine. A moins de 20 milles, les contours de la Barbade émergent enfin! Fous de bassan et dauphins nous accueillent. </p><p>Une centaine de milles séparent la Barbade de Saint-Vincent-des-Grenadines, ce qui nous donne de quoi nous occuper la nuit. Il n'empêche que "ça sent l'arrivée", selon la formule consacrée. Les derniers milles s'égrainent à une lenteur phénoménale...</p><p>A notre propre étonnement, nous ne sommes pas dans une euphorie particulière. Après quelques jours difficiles en mer, nous voilà simplement "contents".</p><p>Pour donner un peu de piment aux dernières 24 heures, nous nous engageons dans une course contre la montre.  Pour pouvoir réaliser le test Covid, il nous faut arriver à 8h30 au mouillage de quarantaine. Ce qui signifie...qu'il nous faut tenir plus de 7,3 noeuds de moyenne. C'est largement possible, notre bateau en est bien capable.   C'est sans compter les aléas de miss Météo, qui comme toujours nous force à arriser à cause des grains fidèles au poste.  </p><p>Entre les grains, le vent mollit: nous n'avançons plus. En plein milieu de la nuit, il tombe complétement. A notre plus grand désarroi, nous voyons Amorgos ralentir, passer sous 5 noeuds de moyenne...ce qui signifie qu'il nous faut faire une moyenne de 8 noeuds pour arriver! Certes, avec l'aube, la pompe a air se réactive, mais c'est quand même un sacré challenge!  </p><p>Nous affalons les voiles avant le passage d'un grain à 40 noeuds, au sud de Young Island, puis nous réfugions dans la baie de quarantaine, située entre cette même île et l'île de Saint-Vincent-des Grenadines. Un employé de la marina nous attend sur son zodiaque. Il nous guide jusqu'à notre bouée de mouillage.  </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210126-WA0045.jpg"></figure><p> </p><p>Il est 10h mais nous sommes tout de même attendus pour le test PCR! Branle-bas de combat, nous gonflons l'annexe en moins de 5 minutes et filons sur le Dinghy Dock, escortés par un boy qui s'assure que nous ne sortions pas des rails.</p><p> </p><p>Comme prévu, le bureau ne nous demande même pas de fournir le test PCR réalisé au Cap-Vert, exigé pour l'entrée, et c'est tant mieux car nous avions fait un Quick-Test sérologique, et non un PCR. Le naseau gratté avec vigueur, nous revoilà à bord, entourés d'un panorama superbe.</p><p>Palmiers, noix de coco, villas imposantes et luxueuses (apparemment, on est sur le côté richou de l'île), eau turquoise et végétation luxuriantes nous entourent!  </p><p>Le résultat du test est censé revenir sous 24h à 72h mais, comme nous prévient la responsable du bureau de la marina, "it can take a while".  A while...a while...a while plus long que 72h?</p><p>Nous n'obtenons pas de réponse, mais comprenons bien vite que nous tombons en plein pendant la fête nationale de Saint-Vincent-des-Grenadines, un pays indépendant: vendredi et lundi sont fériés, et il n'y a pas de résultat le week-end.</p><p>C'est à dire qu'une semaine de quarantaine nous attend au mouillage. Jimmy, le big boss de la baie des quarantenaires, nous informe que nous ne sommes pas autorisés à aller sur d'autres bateaux, mais que nous pouvons nager, faire du paddle ou du kayak, nous rendre sur le caillou de Fort Duvernette - un ancien bastion anglais - et commander des fruits et légumes frais et même des langoustes en attendant le verdict.</p><p> </p><h3>Une quarantaine difficile...très difficile  </h3><p> </p><p>Dans ces conditions là, la quarantaine se déroule comme une vraie semaine de vacances à ciel ouvert. Il fait entre 25 et 30°C par jour, nous vivons en maillot et prenons tous nos repas dehors.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/20210123_133113.jpg"><figcaption>Le Sud de  Saint-Vincent-Des-Grenadines: un aquarium géant!</figcaption></figure><p> </p><p>Le kit P.M.T (Palmes Masque Tubas) est sorti, et nous partons en exploration sous-marine. De magnifiques coraux, oursins et poissons tropicaux nous offrent un spectacle éblouissant.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/20210123_133039.jpg"><figcaption>L'hôtel de Young Island n'a pas l'air désagréable</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210126-WA0046.jpg"><figcaption>Toute la journée, nous nous baladons en paddle</figcaption></figure><p> </p><p>Nager nous fait le plus grand bien. Chaque jour, les bateaux se rendent visite en paddle et kayak, et les apéros autour d'un bateau sur nos embarcations sommaires s'organisent.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210126-WA0055.jpg"><figcaption>Apéro coucher de soleil derrière le catamaran Kumbaya</figcaption></figure><p> </p><p>Il paraît même qu'un apéro clandestin sur le Fort Duvernette aura lieu le soir...</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210123-WA0013.jpg"><figcaption>A droite, Fort Duvernette</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210126-WA0034.jpg"><figcaption>Apéro clandestin</figcaption></figure><p> </p><p>Vous l'aurez compris, cette semaine de quarantaine nous recharge les batteries et, pour la première fois, nous donne le sentiment d'être complétement détendus, sans charge mentale. Nous savourons l'arrivée dans des îles incroyables et toutes proches les unes des autres: pour changer d'île, aller en Martinique ou en Guadeloupe, seuls quelques milles ou dizaines de milles nous séparent...</p><p>Fini les nav' de nuits, à nous le bonheur exotique pour les 3 mois à venir!</p><p> </p><h2>Conclusion</h2><p> </p><p><strong>Voilà, nous l'avons fait. En 13 jours et 21h (pour une moyenne de 6,7 noeuds), nous voilà de l'autre côté de l'Atlantique! </strong> </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/20210120_113553.jpg"><figcaption>Fatigués et heureux</figcaption></figure><h4> </h4><h4>Le verre à moitié vide ou à moitié plein?</h4><p> </p><p>Trop heureux d'arriver, nous ne pouvons pas dire que nous n'avons pas vu le temps passer et que tout était formidable. C'était dur, il a fallu être fort, mais nous y sommes parvenus. A peine le pied posé à terre, nous savons que l'effort en valait la peine: <strong>la sensation d'avoir vécu une épreuve s'évapore, elle fait place à un sentiment de fierté.</strong></p><p>L'adversité forge le caractère et ouvre - quel que soit l'âge - de nouveaux chemins d'exploration et de découverte. <strong>Nous ressortons encore plus soudés par cette expérience, à la fois banale car d'autres le font, et extraordinaire car tout le monde ne le fait pas non plus.</strong></p><p>Quant à savoir si nous avons apprécié notre traversée de l'Atlantique, la réponse est beaucoup moins binaire et donc simpliste que "j'ai aimé / je n'ai pas aimé".   Il y a eu des moments de joie, de bonheur même, dans cette vie si atypique, en proie aux éléments, et il y a eu d'autres moments difficiles.</p><p><strong>C'est à mon sens l'ambivalence des grandes traversées. Au final, une transatlantique, c'est une alternance cadencée de pépites extraordinaires et de moments plus durs à supporter  </strong></p><p>En discutant avec d'autres équipages à l'arrivée, nous comprenons que cette transat était bien costaude, et qu'il n'en est pas toujours ainsi. Nous ne sommes pas les seuls à avoir souffert du roulis.</p><p> </p><h4>La grande croisière, une affaire humaine plus que nautique</h4><p> </p><p><strong>De cette transat, nous retenons que la gestion du sommeil et de l'équipage est la clé pour que tout se déroule au mieux.  </strong></p><p>Clairement, nous nous sommes mis dans le rouge dès le début: une fois que le vent s'est levé au bout du 3ème jour de transat, nous avons réduit les voiles, certes, mais avancions tout de même à 8 nœuds en route directe.</p><p>Les conditions étaient costaudes. Nous nous disions "au moins, ça nous fera arriver plus vite!".   Certes, mais dans quel état?   Le plus sage aurait été d'accepter de perdre en cap, de loffer pour être sur une allure plus appuyée, afin que cesse cet usant roulis et que je puisse dormir.</p><p>Nous retenons la leçon pour la suite et ferons différemment pour la transat "retour".</p><p>Déjà, nous accueillerons un ou deux équipiers supplémentaires, ce qui allègera considérablement la pression psychologique et physique du bord, tout en créant une ambiance plus festive. Ce sera différent...et ce n'est pas maintenant. <strong> Laissons donc reposer ce qui vient de se vivre, car il est temps de profiter de notre "récompense"</strong>, ces îles antillaises que nous avons bien méritées après tant d'efforts fournis.</p><h4> </h4><h4>La suite au prochain numéro…</h4><p> </p><p>Et c'est parti pour les mouillages de rêve dans des criques d'un bleu turquoise, pour les trois mois à venir...Les Grenadines s'ouvrent nous pour commencer.</p><p>Voyager au temps du Covid reste quelque chose de possible, sans être simple pour autant. Il nous faudra être flexibles et futés pour optimiser notre séjour dans les îles, pour ne pas passer 3 semaines en quarantaine ici et là, en se faisant ratisser le fond du nez une dizaine de fois.</p><p>*Complément d'explication sur le grain, by Kévin-Jamy @cestpassorcier</p><blockquote><p>Un grain est un nuage qui condense: l’air chaud monte, il va se refroidir en remontant jusqu'à atteindre la même température que l’air ambiant et se stabiliser. </p><p>Mais là, il y a une particularité: la journée il fait très chaud et l’air va donc se saturer en humidité, la nuit il fait froid dans l’air mais la mer reste chaude, en montant l’air va donc se condenser, ce qui dégage encore plus de chaleur (le changement d’état des liquides dégage de la chaleur latente) et fait monter tout cet air encore plus haut (et forme un beau cumulonimbus). <br>Alors pourquoi cela amène t-il beaucoup de vent et de pluie? <br>La pluie, parce que le nuage condense, et donc devient liquide, on prend alors des seaux d’eau sur la tête.<br>Le vent, parce que tout cet air qui monte aspire l’air qu’il y a autour d’un grain. A l’avant du grain, le vent des alizés va tomber; sur les côtés, le vent va changer de direction vers le grain, à l’arrière le vent aspiré va s’additionner au vent des alizés et générer des grosses bourrasques de vent (de 20 à 40 nds parfois!).</p></blockquote><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Transatlantique/IMG-20210126-WA0056.jpg"></figure><h2>                                      ***</h2><p> </p><p><span style="color:hsl(210,75%,60%);"><i><strong>Merci Mathieu, nos familles et amis pour votre présence pendant cette traversée, qui nous a rappelés que nous relevions alors un défi pas si commun que ça.  </strong></i></span></p><p> </p><p> </p> Tue, 26 Jan 2021 00:00:00 +0000 /blog/en-mer/la-transatlantique-13j-et-21h-de-haute-mer /blog/en-mer/la-transatlantique-13j-et-21h-de-haute-mer Cap-Vert: Noël au soleil Pauline <h3> </h3><h3>Une ancienne colonie portugaise aux accents d'Afrique</h3><p> </p><p>Résumer nos 3 semaines dans ces îles du Cap-Vert se révèle un exercice d'équilibriste, tant ce pays nous a bousculés, surpris, émerveillés.  Il est difficile d'en dessiner les contours en quelques lignes, au risque d'être réducteurs, tant ses influences sont multiples.</p><p>Nous n'avions pas d'idée préconçue de ce que nous allions y découvrir, si ce n'est que nous savions que cela allait être exotique, dépaysant et différent des îles européennes foulées jusqu'alors.</p><p>Pour tout vous dire, nous craignions même que cela ressemble un peu trop aux Canaries..."Encore des îles volcaniques désertes" étions-nous tentés de penser.</p><p>Le drapeau, déjà, que nous avons hissé sur le hauban tribord, ne nous évoquait pas grand chose. L'aspect esthétique du pavillon national nous avait séduit, cependant: il restait à en comprendre l'essence.  Depuis, nous avons appris que <strong>le bleu symbolise la profondeur de la mer et du ciel, le blanc le pacifisme des Capverdiens, le rouge leur ardeur au travail. Enfin, les dix étoiles expriment l'unité des dix îles de l'archipel</strong>. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Sao%20Vicente/20201217_134842.jpg"><figcaption>De nombreuses barques sont aux couleurs du Cap-Vert: un fond bleu marine, une bande blanche, un trait rouge, 10 étoiles</figcaption></figure><p> </p><p>Car oui, le Cap-Vert, c'est déjà un archipel, situé en face du Sénégal. <strong>Les îles au-vent (Barlavento) se distinguent des îles sous-le-vent (Sotavento)</strong>. Nous ferons escale dans 2 des îles situées au nord-ouest de l'archipel: São Vicente, destination naturelle pour les plaisanciers en préparation pour la transatlantique, et l'île qui lui fait face: Santo Antão, paradis des trekkeurs. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Sao%20Vicente/20201217_135709-compressed.jpg"></figure><p> </p><p><strong>L'identité du Cap-Vert est bien entendu très fortement influencée par le Portugal, qui régnait en maître jusqu'à l'indépendance du pays en 1975, après l'effondrement de la dictature de Salazar.</strong></p><p>En se promenant dans Mindelo, cet héritage colonial habite les façades colorées. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Sao%20Vicente/20201217_161829.jpg"><figcaption>L'Alliance Française, bâtiment central de Mindelo</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Sao%20Vicente/20201217_162004.jpg"></figure><p> </p><p>Le style colonial des bâtisses est toujours un plaisir pour les yeux - mais le pays ne saurait se définir que par son influence portugaise: <strong>le Cap-Vert fut une plateforme d'échanges entre l'Afrique, l'Europe et les Antilles, dont la première activité était la traite d'esclaves</strong>. Il ressort de ces transits de populations <strong>un métissage extraordinaire, des vibrations musicales aux influences diverses, des accents d'Afrique et des sons de Jamaïque</strong>. L'identité des habitants est complexe, et passionnante à découvrir. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Sao%20Vicente/20201219_160836.jpg"><figcaption>Promenade dans Mindelo</figcaption></figure><p> </p><p>Comment parler du Cap-Vert sans évoquer la réputation du pays, considéré comme l'un des plus pauvres du monde? <strong>L'eau y manque cruellement, expliquant pour beaucoup l'absence de richesse…</strong>Le pays dépend grandement des importations, en provenance de l'UE mais aussi de la Chine - et exporte en majorité des bananes et du poisson à l'étranger.  Le pays importe 85% de ses denrées alimentaires.  Le tourisme, la pêche et les transferts de fonds de la diaspora sont les principales ressources du pays. Les gens vivent modestement, mais ne semblent pas malheureux pour autant. Nous avons vu quelques enfants mendier lorsque nous étions dans des contrées reculées, mais cela nous semble épisodique: en majorité, les Cap-Verdiens sont contents de revoir des touristes chez eux, et se plaisent à discuter dans un français tout à fait correct avec les plaisanciers. C'est un peuple accueillant, qui échange “gratuitement”, sans demander systématiquement d'argent en retour, tout en aimant faire découvrir à l'étranger les merveilles de son île.</p><p><strong>Il n'y a qu'à se laisser envoûter par les sonorités du créole portugais, surtout lorsqu'il est mis en musique dans l'un des nombreux airs lancinants propres à la </strong><i><strong>morna</strong></i><strong> capverdienne…</strong></p><p> </p><p><strong>Alors c'est parti, branchez une chanson de Césaria Evora ou découvrez le pep's d'Elida Almeida, et partez avec nous </strong><a href="https://www.arteradio.com/son/61657676/cap_vert_la_musique"><strong>en musique</strong></a><strong> dans ces contrées dépaysantes, où paysages, visages et villages ne peuvent que vous enchanter…</strong></p><p> </p><figure class="media"><div data-oembed-url="https://www.youtube.com/watch?v=vu5JAHRgFSU"><div style="position: relative; padding-bottom: 100%; height: 0; padding-bottom: 56.2493%;"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/vu5JAHRgFSU" style="position: absolute; width: 100%; height: 100%; top: 0; left: 0;" frameborder="0" allow="autoplay; encrypted-media" allowfullscreen=""></iframe></div></div></figure><p> </p><h3> </h3><h3>S<span style="background-color:rgb(255,255,255);color:rgba(0,0,0,0.87);">ã</span>o Vicente, l'effervescence d'une île tournée vers la mer</h3><p> </p><h4>Mindelo, la capitale de Césaria Evora</h4><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Sao%20Vicente/20201226_174159.jpg"><figcaption>Arrivée à la marina de Mindelo</figcaption></figure><p> </p><p>En touchant terre au Cap-Vert, nous nous familiarisons avec la vibrante ville de Mindelo, capitale culturelle de l'archipel. </p><p><strong>Ce qui frappe, à l'arrivée, c'est de voir à quel point la vie grouille dans les rues. Les habitants sont dehors, s'apostrophent, parlent, crient, chantent, jouent, rient.</strong> Parfois, ils sont juste là, à observer ce qui se passe. Une femme nous alpague, tentant de nous vendre un poisson entreposé dans sa bassine en plein soleil. Une autre attire notre attention, pour lui acheter un fromage, des bananes ou de la papaye. L'effervescence de la ville tranche avec le calme marin qui nous a habités pendant les cinq jours de mer pour atteindre les îles. Un peu sonnés par une telle cacophonie, nous réalisons que le Covid est une menace modérée dans le pays. Presque la moitié de la population a moins de 25 ans. Dans les rues, le masque est de rigueur. Les habitants se plient globalement à cette mesure, mais les dérogations sont monnaie courante, vu qu'il n'y a aucun contrôle. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Sao%20Vicente/20201217_161952.jpg"><figcaption>La diva aux pieds nus </figcaption></figure><p> </p><p>Mindelo, c'est aussi - et surtout - la capitale de Césaria Evora (1941 - 2011). Icône nationale, nous la rencontrons à tous les coins de rue: en photos,  sur les murs avec le street art, dans les bars en musique. La “diva aux pieds nus” est la fierté du pays. Le Cap-Vert capitalise sur cette figure emblématique pour développer le tourisme. </p><p>L'ambiance est à la convivialité dans les rues de Mindelo: les tonalités pastel et les couleurs plus vives égaient la ville. La vie y est trépidante en semaine, mais se vide le week-end: chacun part se ressourcer en famille ou entre voisins.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Sao%20Vicente/20201221_113011.jpg"><figcaption>Marché de Mindelo: manioc, patate douce, bananes…sont des productions locales. Pour le prix, c'est un peu à la tête du client! On est en Afrique ici, il faut apprendre à négocier le prix au kg!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Sao%20Vicente/20201221_132517.jpg"></figure><p> </p><p>Impossible de visiter Mindelo sans se perdre dans les étals du marché africain. De nombreux Sénégalais et Bissau-guinéens y vendent habits, chaussures, sacs, montres contrefaites, ou artisanat local ou produit en série… </p><p>Un artisanat cap-verdien se développe néanmoins: cosmétiques naturels, produits tressés avec des feuilles de bananier, bijoux, poterie, vannerie, mobilier…Une ancienne journaliste de 70 ans a créé un concept store pour sourcer ces produits de qualité fabriqués sur place: paraît-il que les Cap-verdiens ne croyaient pas eux-mêmes en la spécificité de leur artisanat! Il aura fallu le regard d'une étrangère pour le reconnaître à sa juste valeur et le développer, au lieu d'importer des statues, bracelets et cendriers d'Afrique.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Sao%20Vicente/IMG-20201222-WA0007.jpg"><figcaption>La communauté française de voileux finit chez Marie et Babou, pour se faire une tenue boubou! La prise de mesure est un peu aléatoire, mais Babou le couturier est dur au mal: il est prêt à faire plusieurs retouches, et même à recommencer entièrement la tenue avec le sourire quand il se rend compte qu'il l'a ratée!</figcaption></figure><p> </p><p>Enfin, vous ne pouvez séjourner au Cap-Vert en passant à côté de la cachupa, le plat national. Ce ragoût à base de maïs, d'haricots de toute sorte, de viandes mélangées, est goûtu, plutôt bon, surtout quand il est arrosé d'un grogue - le rhum distillé localement.</p><p> </p><h4>Vamos a la playa</h4><p> </p><p>Qui dit Cap-Vert dit mer. Il suffit de faire quelques dizaines de mètre depuis le centre de Mindelo, pour accéder à une plage sublime. La couleur de l'eau y est étonnante: aigue-marine, le bleu est sublime.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/20201227_140925.jpg"></figure><p> </p><p>Avec trois autres équipages, nous embarquons à bord d'un pick-up pour visiter deux autres villages reculés. </p><p> </p><p>San Pedro, tout d'abord, village artisanal de pêche. De nombreuses barques en bois coloré se succèdent à l'eau, tandis que les gens s'y agglutinent pour décharger de généreuses cargaisons. Un thon ou deux, parfois, en constituent le butin.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Sao%20Vicente/20201218_170623.jpg"><figcaption>Plage de San Pedro</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Sao%20Vicente/20201218_170705.jpg"><figcaption>Pêcheurs au retour d'une session en mer</figcaption></figure><p> </p><p>Les habitants échangent avec nous, sont curieux de connaître notre ville de provenance. La vie est rude dans ce petit village: le Covid a porté un coup d'arrêt au tourisme naissant.</p><p>Au détour de discussions animées, nous plongeons dans l'océan pour une expérience inédite: nager avec des tortues de mer! Symbole du Cap-Vert, la tortue est désormais une espèce protégée, après y avoir été chassée.  Elles sont plutôt paisibles, même si j'ai eu le sentiment de me faire courser…</p><p> </p><figure class="media"><div data-oembed-url="https://youtu.be/pwnRWJsIEZE"><div style="position: relative; padding-bottom: 100%; height: 0; padding-bottom: 56.2493%;"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/pwnRWJsIEZE" style="position: absolute; width: 100%; height: 100%; top: 0; left: 0;" frameborder="0" allow="autoplay; encrypted-media" allowfullscreen=""></iframe></div></div></figure><p> </p><p>Une autre journée, direction Salamansa pour rejoindre le spot de Kitesurf. Kévin y passe une session de rêve, dans des conditions idylliques, tandis que je me promène dans les dunes environnantes.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Sao%20Vicente/20201220_132450.jpg"><figcaption>Spot de kite</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Sao%20Vicente/20201220_154530.jpg"><figcaption>Le village vu des dunes</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Sao%20Vicente/20201220_155052.jpg"><figcaption>L'aile bleu et rouge de Kévin</figcaption></figure><p> </p><p>En quelques journées, nous parcourons les principaux sites dignes d'intérêt de Sao Vicente et nous apprêtons à suivre le conseil de nombreux voyageurs: nous rendre sur l'île d'en face, Santo Ant<span style="background-color:rgb(255,255,255);color:rgba(0,0,0,0.87);">ão.</span></p><p> </p><h3>Santo Ant<span style="background-color:rgb(255,255,255);color:rgba(0,0,0,0.87);">ã</span>o: le paradis sur terre</h3><p> </p><h4>Le jardin d'Eden existe</h4><p> </p><p>Vous le trouverez sur l'île de Santo Ant<span style="background-color:rgb(255,255,255);color:rgba(0,0,0,0.87);">ã</span>o, dans la Vallée de Paul.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/20201225_155317-compressed.jpg"><figcaption>La vallée de Paul</figcaption></figure><p> </p><p>Imaginez-vous...vous enfoncer dans une faille verdoyante, au rythme d'un minibus Toyota gravissant l'impressionnante route pavée dont la construction a coûté la vie à de nombreux travailleurs. </p><p>Peu à peu, le décor change: d'un paysage sec et aride, nous sommes entourés d'une végétation foisonnante, de plateaux de verdure, d'un relief déchiqueté, de cultures terrassées. Jamais nous ne nous étions retrouvés dans un tel havre de paix.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/20201224_145902-compressed%20(1).jpg"><figcaption>Vue sur un village perché au sommet de la vallée.</figcaption></figure><p> </p><p>Des hauteurs, nous savourons cet improbable paysage composé de pics rocheux parsemés de forêts, de sentiers escarpés, de modestes villages habités.</p><p>Loin de nous une organisation stricte de l'espace: le décor nous fait penser à Madère, en plus vaste, en plus insaisissable, en moins organisé. C'est un vaste jardin à l'anglaise, romantique et désordonné.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/IMG-20210103-WA0024.jpg"><figcaption>Partout, des plumes couleurs crème se balancent à quelques mètres du sol. La canne est sucre est prête: elle va bientôt être cultivée.</figcaption></figure><p> </p><p>La papaye est partout, tout comme les caféiers. Ce n'est pas la saison, mais nous reconnaissons les feuilles des avocatiers et manguiers.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/20201225_162141-compressed.jpg"><figcaption>Nous achèterons à cette Mamie des grains de café, que nous torréfierons (un jour?)</figcaption></figure><p> </p><p>L'endroit est assurément rural, isolé de toute civilisation moderne. S'y enfoncer procure un sentiment d'apaisement instantané.  </p><p>Chiens et chats errent en liberté. Parfois, nous croisons un âne, une vache, un cochon, des poules ou des lapins, permettant à une famille de subsister ou de transporter des denrées ou du matériel.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/20201230_130610-compressed.jpg"><figcaption>Bourricot</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/20201225_102850-compressed%20(2).jpg"><figcaption>Dommage que le chevreau aux haricots soit un plat de fête…</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/IMG-20201226-WA0002.jpg"><figcaption>Gillette, la biquette after-shave</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/IMG-20210103-WA0023.jpg"><figcaption>Tout est bon dans l'cochon</figcaption></figure><p> </p><p>Hommes et femmes sillonnent d'un pas nonchalant mais énergique les sentiers cachés des environs, un fardeau bien calé au sommet du crâne.</p><p>Et partout, comme une fontaine de jouvence, l'eau ruisselle le long des galets amoncelés.</p><p>Des maisons traditionnelles s'insèrent dans un paysage préservé: des familles s'y rassemblent, tous les âges y sont représentés.  </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/20201225_120425-compressed%20(1).jpg"><figcaption>Toiture traditionnelle</figcaption></figure><p> </p><p>Nous comprenons qu'il est inutile de vouloir faire ses courses dans un supermarché: les échanges se font de main à main, ici. Un voisin tue un cochon, il en vendra quelques kilos à ceux qui savent se renseigner.</p><p>Une voisine a des poules: elle échangera ses oeufs contre une autre denrée. Parfois, nous apercevons un jardin potager: plants de tomates, d'aubergines, choux, oignons, salades...loin des habitants la monoculture.</p><p>Ils cultivent ce dont ils ont besoin, et servent même à approvisionner Sao Vicente. La tradition paysanne de la vallée s'enrichit d'une récente culture marine: à Ponta Do Sol, au nord de l'île, des pêcheurs s'élancent sur leur frêle barque colorée, pour ramener un poisson imposant, aussitôt dépecé.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/20201226_124422-compressed.jpg"></figure><p> </p><p>Certes, c'est le système D: tout peut sembler galère, ici, tant le développement semble avoir déserté l'île. Cependant, ce n'est pas pour rien que quelques Français ont choisi d'y poser leurs valises.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/IMG-20201226-WA0003.jpg"><figcaption>Inspirée par Bob et Césaria, les icônes locales</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/20201225_172318-compressed.jpg"></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/20201224_164008.jpg"></figure><p> </p><p>Cela interpelle, tout de même: on est si loin de tout, ici, le chemin est long depuis la France...mais ce n'est pas pour rien que ce lieu magique et préservé a su attirer dans ses filets des compatriotes prêts à s'y installer.</p><p> </p><h4>Noël à Santo Ant<span style="background-color:rgb(255,255,255);color:rgba(0,0,0,0.87);">ã</span>o</h4><p> </p><p>C'est comme ça que nous avons fait la connaissance de Katia. Dans la communauté des voileux, tout le monde en parle. "Allez absolument à Santo Ant<span style="background-color:rgb(255,255,255);color:rgba(0,0,0,0.87);">ã</span>o et séjournez chez Katia", nous lisons sur la boucle d'échange.</p><p>Katia, c'est une Française, cuisinière de formation, qui a ouvert une chambre d'hôtes, tout en cuisinant des merveilles dans un hôtel à proximité.</p><p>Ni une, ni deux, nous nous sommes démenés pour obtenir son numéro, et organiser un séjour chez elle. Cela tombe bien, toute une tribu est prête à y aller.</p><p>Noël approche: il est temps de nous projeter. Loin de nos familles, nous souhaitons vivre cette fête bien entourés.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Sao%20Vicente/20201220_184450.jpg"><figcaption>Amorgos est décoré à l'approche de Noël </figcaption></figure><p> </p><p>Au final, nous sommes une tribu de 15 joyeux lurons à embarquer sur le ferry, pour 3 jours de vie en communauté.  </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/IMG-20210103-WA0019.jpg"><figcaption>“La colo de Santo Antao” dans le minibus! </figcaption></figure><p> </p><p> </p><p>Les talents culinaires de Katia sont avérés: à partir de peu, elle parvient à nous régaler le temps d'un dîner. Le reste des repas, nous le ferons tous ensemble.</p><p>Pour Noël, chacun revêt sa tenue colorée: le boubou est de rigueur, ce soir ça va zouker.</p><p>3 équipages se répartissent la préparation d'un menu de fête: apéritif, plat principal et dessert. Tout fonctionne à merveille, et nous avons tous concocté un plat soigné, en dépit des maigres ressources locales.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/IMG-20201224-WA0030.jpg"><figcaption>La team au complet en boubou</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/IMG-20201225-WA0001.jpg"><figcaption>Joyeux Noël! (Baba cool, vous avez dit?)</figcaption></figure><p> </p><p>Ce Noël est insolite, joyeux et solidaire...nous dansons une bonne partie de la soirée.  </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/IMG-20210103-WA0010.jpg"><figcaption>Table de fête, présidée par Césaria</figcaption></figure><p> </p><p>Si cela contraste avec un dîner endimanché autour d'un foie-gras fait-maison et d'une coupe de champagne, il n'empêche que nous fêtons le Birthday de Jesus dans la joie et la bonne humeur.</p><p>Après trois jours de franche rigolade et de randonnées, c'est un crève coeur de repartir de cette île. Nos intestins ont un peu souffert des fêtes: sans avoir trouvé le coupable, mieux vaut retrouver notre malle de médicaments...</p><p> </p><h4>C'est tellement bien, qu'on y revient!</h4><p> </p><p>C'était sans compter les caprices d'Eole: la fenêtre météo peine à arriver pour traverser l'Atlantique. Nous n'envisageons pas de passer 10 jours supplémentaires à Mindelo, et à peine 2 jours après notre retour, nous décidons avec Kévin de retourner dans la vallée, cette fois-ci à l'hôtel.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/20201230_102118-compressed.jpg"><figcaption>l'Hôtel Aldea Panoramica</figcaption></figure><p> </p><p>Enfin, deux jours de vrai repos...et de dénivelé. Une randonnée grandiose nous amène jusqu'au cratère, à l'arête et nous fait redescendre à travers les nuages. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/IMG-20210103-WA0020.jpg"><figcaption>Le cratère</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/20201230_151802-compressed.jpg"><figcaption>Rando au dessus des nuages</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/IMG-20201231-WA0001.jpg"><figcaption>Flower Power!</figcaption></figure><p> </p><p>Pour nous remettre de ces 18km et +1200m de dénivelé, nous flânons au bord de la piscine, et apprécions le déjeuner du 31 décembre au soleil, autour d'une salade colorée.</p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/IMG-20210103-WA0011.jpg"><figcaption>Le délice du bilan de l'année</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Sao%20Vicente/20201231_133019.jpg"></figure><p> </p><p>Qui aurait imaginé que nous nous sentions si bien le dernier jour de l'année?</p><p>Retour en ferry pour ne pas louper le 31 décembre à Mindelo: nous assistons à un concert à l'Alliance Française avec rien de moins que le pianiste de Césaria Evora! Puis direction Force 6, un catamaran en tour de l'Atlantique, pour un apéro dinatoire bien sympathique et festif!</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Sao%20Vicente/20210101_000656.jpg"><figcaption>Bonne année avec les fusées de détresse! </figcaption></figure><h3> </h3><h3>Préparatifs pour la transat</h3><p> </p><p>Le nouvel an est passé…Enfin, nous y sommes: la transatlantique approche!</p><p>Nous sommes impatients de vivre cette expérience en mer. La météo est capricieuse. Les dépressions sont très sud cette année, et perturbent le régime des alizés… Nous devons donc nous montrer patients et attendre la bonne fenêtre météo. En même temps, nous avons du pain sur la planche. Entre le clean intégral du bateau à l'intérieur et à l'extérieur, l'avitaillement, l'inventaire des courses et du matos de sécu, les réparations…nous ne manquons pas d'occupation. Les journées sont denses. Le bateau se prépare peu à peu, l'équipage avec. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/20201227_171439.jpg"><figcaption>Inventaire du bidon de survie</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/IMG-20210103-WA0002.jpg"><figcaption>Le hublot se refait une beauté, pour être de nouveau étanche</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/IMG-20210103-WA0003.jpg"><figcaption>Un peu de couture pour réparer le taud </figcaption></figure><p> </p><p>Après plusieurs jours de préparatifs, ça y est, nous pouvons dire que nous sommes fin prêts pour <strong>TRAVERSER L'OCEAN ATLANTIQUE!</strong> Youhou, rien qu'à l'écrire, nous en avons des frissons d'excitation!</p><p>Nous avons vraiment hâte de prendre la mer. Rendez-vous de l'autre côté, aux Antilles, que cela soit en direct des Grenadines ou de la Martinique! Le Covid décidera…</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Cap%20Vert/Santo%20Antao/IMG-20201231-WA0002.jpg"><figcaption>Nous vous souhaitons à chacun et chacune d'entre vous une merveilleuse année 2021! Qu'elle vous apporte une santé de fer et beaucoup d'inspiration et d'énergie pour avancer vers toujours plus de joie, de bienveillance et d'amour! Que ce Covid ne freine pas vos projets, mais au contraire, qu'il vous donne l'élan de vous lancer vers la réalisation de vos aspirations les plus profondes: vivons maintenant, on ne sait pas de quoi demain sera fait! </figcaption></figure><p> </p><p> </p><p> </p> Sun, 03 Jan 2021 00:00:00 +0000 /blog/a-terre/cap-vert-noel-au-soleil /blog/a-terre/cap-vert-noel-au-soleil Traversée Canaries - Cap Vert Pauline <p> </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/20201207_173642.jpg"><figcaption>Préparatifs avant la traversée</figcaption></figure><h4> </h4><h4>To go or not to go?</h4><p> </p><p>Une fois de plus, la chance est de notre côté: le Cap-Vert rouvre ses portes fin octobre, nous décidons donc d'y faire escale. Ce n'est pas sans débattre de l'intérêt de cette halte, car nous sommes déjà “en retard” par rapport à notre programme prévisionnel, et un stop sur ces îles situées en face du Sénégal nous embarque dans un “double départ en transat”. En effet, les 3 premiers jours d'une longue traversée sont éprouvants pour le corps, pas encore calé sur un rythme polyphasique de sommeil. Passer par le Cap-Vert signifie donc vivre 2 fois cette adaptation toujours un peu pénible, surtout en équipage réduit.</p><p><strong>Cela dit, l'attraction est trop forte: paraît-il que le Cap-Vert est l'escale la plus exotique d'un tour de l'Atlantique classique</strong>. Sans compter que cela nous raccourcit la transatlantique. Au départ des Canaries, une transat dure environ 3 semaines et passe à 200-300 milles nautiques du Cap-Vert: nous tranchons rapidement, autant passer les fêtes de fin d'année à terre et goûter aux saveurs d'Afrique!</p><p><strong>788 milles nous attendent, soit 5 jours de traversée. Pour la transat', il nous restera 2000 milles à faire en route directe. </strong></p><p> </p><h4>La rencontre “coup de pouce” avant le départ</h4><p> </p><p>Comme d'habitude, c'est le branle-bas de combat avant le départ: vérifications sur le bateau, préparation des sacs de survie de manière un peu plus rigoureuse que les traversées précédentes, configuration du téléphone satellite, revue de la procédure d'évacuation du navire, d'appel des secours, avitaillement, eau, gaz, téléchargement de podcasts et musiques, etc. <strong>Nous savons que cette traversée est un galop d'essai pour “la vraie” navigation, la plus mythique, celle de l'Atlantique. </strong>Nous sommes à la fois concentrés, impatients et anxieux de prendre la mer.</p><p>Comme avant la traversée du Golfe de Gascogne, où nous avions pu rencontrer Capucine Trochet, navigatrice et auteure du livre “Tara-Tari, mes ailes, ma liberté”, nous apprenons avec joie que Guirec Soudée est dans les parages! Guirec est un breton pur beurre parti à bord d'Yvinec à 20 ans, pour aller hiverner avec sa coque d'acier et sa poule Monique dans la banquise du Groënland…Saugrenue, comme idée, n'est-ce pas? </p><p>Il n'empêche que le garçon a un sacré caractère, beaucoup d'humour, et une bonne dose d'audace et de liberté dans les veines. Nous l'avions rencontré à Lille pour la projection de son film: splendide et glaçant. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/Screenshot_20201227-113557_Instagram.jpg"><figcaption>Rencontre avec Guirec à l'UGC de  Lille </figcaption></figure><p> </p><p><strong>Comme le personnage carbure au défi, il s'est dit “</strong><a href="https://www.guirecsoudee.com/rame-atlantique"><strong>tiens, je vais traverser l'Atlantique à la rame</strong></a><strong>”. </strong></p><p>Nous apprenons que son monotype aviron océanique de 8m de long sera mis à l'eau dans le petit port de La Restinga, à El Hierro…l'île sur laquelle nous sommes! Le matin du départ, nous assistons à la mise à l'eau de l'embarcation.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/20201211_120851.jpg"><figcaption>Mise à l'eau</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/Guirec%20compressed.jpg"><figcaption>Premiers coups de rame: dans 2 jours,  Guirec se lance dans la traversée</figcaption></figure><p> </p><p>Ses proches sont bien plus stressés que lui par sa périlleuse aventure, tandis que le bonhomme se sent prêt, confiant et même zen (et paraît-il que ce n'est pas un masque). Nous ne sommes peut-être pas tous faits du même cuir… </p><p>Il n'empêche que le clin d'oeil est sympathique, et nous permet de relativiser grandement notre traversée: pour nous, ce sera tout de même plus confortable et sécurisant! </p><p> </p><h4>Une traversée merveilleuse et éprouvante</h4><p> </p><p>Nous partons dans des conditions idylliques vers l'inconnu, au large des côtes africaines. Nous appareillons exactement en même temps que Khaïma, ce qui est toujours plaisant pour se sentir moins seuls au milieu de nulle part. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/IMG-20201217-WA0004.jpg"><figcaption>Départ côte à côte avec Khaïma</figcaption></figure><p> </p><p>Laisser les Canaries derrière nous est un symbole fort: nous quittons l'Union-Européenne et allons croquer un bout de cette immense Afrique. Nous appréhendons quelque peu de croiser l'une des nombreuses barques de migrants, en route vers Les Canaries, ou à la dérive, comme cela arrive souvent…</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/20201211_141131.jpg"><figcaption>Ciao le balisé, bonjour l'inconnu!</figcaption></figure><p> </p><p>Nous nous sentons de plus en plus “engagés” dans le tour de l'Atlantique, le système météo nous empêchant de revenir en arrière.  Grâce à la découverte d'un médicament “miracle” - c'est à dire sans effet secondaires comme la somnolence -,  le Stugéron, je n'ai pas le mal de mer, comme cela m'arrive parfois lors des longues navigations, avec l'appréhension de la nuit. </p><p>Nous trouvons peu à peu notre rythme, entre les repas, les premiers quarts, la lecture.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/20201215_184306.jpg"><figcaption>Voiles en ciseaux, Solent tangonné</figcaption></figure><p> </p><p>Le deuxième jour de traversée est souvent le plus dur: nous peinons à dormir la première nuit et sommes au radar le lendemain. L'enjeu est alors de se donner un coup de boost pour faire quand même des choses à bord: cuisiner, faire la vaisselle, se doucher avec son litre d'eau, jouer… </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/20201213_160646.jpg"><figcaption>Tenir le livre de bord, reporter le point GPS sur la carte, noter au crayon à papier les événements forts de la journée (en vue d'un futur encadrement de la carte une fois rentrés)…voilà des occupations fort intéressantes</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/20201215_184035.jpg"><figcaption>Prise de fichiers météo via le téléphone satellite. 31ème tentative, faut s'accrocher. Le réseau est capricieux.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/IMG_6979-compressed.jpg"><figcaption>Le seul bateau croisé de la traversée: un cargo avec qui on a tapé la discut'. C'était un Philippin parti du Portugal, en route vers le Brésil.</figcaption></figure><p> </p><p>Grâce à la VHF, Khaïma nous dicte les règles du jeu d'échecs. Nous déplions le plateau magnétique acheté à Tenerife, et tous les jours, nous nous faisons la main sur ce jeu addictif et passionnant! </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/IMG_6923.JPEG"><figcaption>Vers 16h, rendez-vous pour le Tea, biscuits & chess!</figcaption></figure><p> </p><p>Le matin, quand Kévin dort, j'en profite pour faire un banana bread ou un pain de campagne. </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/IMG_6992-compressed.jpg"><figcaption>Soleil levant</figcaption></figure><p> </p><p>Cela me réveille les mains et les narines, et me prémunit d'une mollesse usante pour le moral et le corps. Le système météo n'est pas tout à fait celui annoncé: nous sommes vent-arrière, la houle est croisée avec une période courte. Comprendre: le tangage est fort, à tel point que le roulis m'empêche de dormir convenablement. Lorsque Kévin est de quart, j'ai l'impression qu'une tempête sévit dehors.<strong> Mes tentatives de glisser dans le sommeil sont avortées par des secousses déstabilisantes et des craquages intempestifs, me donnant l'impression de tomber de ma couchette, voire d'un retournement du bateau.</strong> Il me suffit de jeter un oeil dehors pour me rendre compte que les conditions sont bien plus impressionnantes dedans qu'à l'extérieur. Nous désertons la cabine pour dormir chacun à notre tour dans le carré, avec la toile antiroulis. Peu à peu, nous prenons nos marques. J'essaie de me détacher de la fatigue qui s'installe, et de l'irritabilité qui va avec, ce qui n'est pas une mince affaire. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/IMG_6996.JPEG"><figcaption>Nous vivons au rythme du soleil: dîner tôt, dodo pour Pauline juste après, quand Kévin s'installe pour son 1er quart</figcaption></figure><p> </p><h4>Observatoire astronomique</h4><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/IMG_7015.JPEG"><figcaption>La nuit s'installe à bord d'Amorgos…</figcaption></figure><p> </p><p>Heureusement, le décor est digne de l'Opéra Garnier. La nuit, surtout…la lune s'est absentée, le ciel clignote.<strong> La voûte céleste nous enrobe de son manteau noir et scintillant.</strong> Les étoiles sont de sortie, peu farouches. La contemplation du ciel étoilé est une occupation à part entière, tant le spectacle est bouleversant. Je note dans ma liste des “choses que j'aimerais faire” qu'un livre d'astronomie pour débutants nous serait utile, afin d'apprendre à distinguer d'autres constellations que la Grande Ourse, Cassiopée et Orion… Nous nous prêtons au jeu de guetter les étoiles filantes. Nul besoin d'écarquiller les yeux de longues minutes: elles viennent à nous. <strong>Incandescentes, elles traversent le ciel dans une fulgurance lumineuse. </strong>Certaines déchirent le ciel d'une rougeur de feu. C'est splendide, nous profitons du spectacle, si petits face à l'immensité infinie. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/IMG_7061.JPEG"><figcaption>Calé pour observer les étoiles</figcaption></figure><p> </p><p>Notre sillage secoue aussi le plancton. Fluorescent, c'est un autre jeu que de le regarder s'illuminer sur notre passage. Parfois, un souffle discret parvient à nos oreilles: ce sont les dauphins, qui nagent derrière le bateau en jouant avec le plancton. Il faut alors se concentrer pour distinguer l'effet de torpille créé par le sillage du dauphin: Kévin passe des heures à l'admirer.</p><p><strong>Les longues traversées sont un savant mélange de moments magiques, presque mystiques, avec une gestion plus terre-à-terre de soi, de son corps, de son moral, du bord.</strong></p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/IMG_6926.JPEG"><figcaption>Mon moment préféré: 16h-18h, le soleil s'abaisse, nous inonde de ses rayons lumineux #goldenhour</figcaption></figure><p> </p><h3>Qui veut du poisson?</h3><p> </p><p>Une autre occupation consiste à surveiller de temps en temps la traîne. Sans moulinet, nous n'avons pas de signal auditif nous indiquant qu'un poisson a mordu à l'hameçon. Nous jetons donc un coup d'oeil au loin, à l'arrière du bateau, pour voir si ça frétille à la surface. </p><p>Le deuxième jour, au début d'une partie d'échecs, Kévin aperçoit des écailles jaunes métalliques s'agiter en surface. “OH, là, je crois que c'est gros!”. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/20201213_173647.jpg"></figure><p> </p><p>Nous remballons le jeu en quelques secondes et nous attelons à la tâche: remonter cette prise qui n'a pas l'air si petite que ça…Plus elle s'approche, plus nous réalisons la taille de l'animal. Je tends à Kévin le crochet que nous avons eu la présence d'esprit d'acheter avant le départ des Canaries en cas de grosses prises: il s'en sert pour remonter à bord la Dorade Coryphène géante que nous venons de pêcher!</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/20201213_173826.jpg"><figcaption>Là, ça ne rigole plus! </figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/20201213_173821.jpg"><figcaption>Help! Mais que va-t-on faire de ça?!</figcaption></figure><p> </p><p>Abasourdis par cette prise un peu trop généreuse pour nos deux estomacs, nous ne laissons pas passer l'occasion. Après un bain de sang maîtrisé mais bien présent, Kévin met fin à ses jours, et la dépiaute en 2 bonnes heures. Au fur et à mesure que les filets s'entassent, nous nous demandons ce que nous allons faire d'autant de poisson, tout en nous confondant en excuses auprès de la pauvre bête qui a rendu l'âme, pour tant de cruauté à son égard. Le moins que l'on puisse dire est qu'une si grosse prise, ça occupe! <strong>Pêcher, dépiauter, laver le cockpit, stocker la chair, préparer un premier plat…on n'a plus le temps de s'ennuyer! </strong>Le premier soir, c'est en tartare que la daurade sera dégustée.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/IMG_6984.JPEG"><figcaption>1 filet, 2 filets, 3 filets…18 filets…</figcaption></figure><p> </p><p>Pour le lendemain, ce sera un ceviche (contrairement au tartare, le poisson est cuit sous l'action du jus de citron, et est mariné avec ce qui nous tombe sous la main: huile d'olive, oignon, sauce soja, gingembre, orange…). Jour après jour, une odeur nauséabonde envahit le frigo: dès qu'on l'ouvre, une puissante effluve de dorade envahit l'habitacle. Du jus de poisson a dû se déverser un peu dans le bac… </p><p>Nous nous efforçons d'écouler le stock au fil des repas: poisson à la thaï avec du lait de coco, poisson pané, poisson au four, tout y passe. Nous sommes contents d'être venus à bout de la bestiole. Le régime alimentaire mono-poisson devenait rébarbatif à la longue! Il n'empêche, nous ne sommes pas peu fiers de cette belle prise!</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/IMG_7053.JPEG"><figcaption>Poisson à la thaï</figcaption></figure><h3> </h3><h3>L'arrivée…toujours un kiff</h3><p> </p><p>A l'aube, nous apercevons une forme encore floue, se mélangeant avec les nuages. Il nous faut plisser les yeux pour nous assurer que ce n'est pas un effet d'optique, mais bien la terre que nous apercevons. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/IMG_7068.JPEG"><figcaption>Terre en vuuue! </figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/IMG_7079.JPEG"><figcaption>Fatigué, mais heureux</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/IMG_7088.JPEG"><figcaption>Un bon effet Venturi entre deux îles, ou comment passer de 15 à 35 noeuds en 5 minutes. 3 ris, et c'est parti.</figcaption></figure><p> </p><p>Nous avons mis 5 jours et 1h pour effectuer les 788 milles, dans des conditions plutôt musclées, soit une moyenne de 6,5 noeuds. Nous avons navigué en majorité avec un ou deux ris, voire 3, sous Solent ou génois enroulé. Leçon de cette traversée: au portant, mieux vaut naviguer sous génois enroulé que sous Solent, afin de moins déséquilibrer le bateau… C'est surtout au près que l'étai largable est indispensable. Le roulis était pénible, nous retenons l'astuce pour la Transat'. </p><p>Nous avons la joie d'arriver en même temps que Khaïma, à 10 minutes près: nous avons pris des routes différentes, mais nos bateaux avancent à la même vitesse. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/CapVert%201/20201226_174152.jpg"><figcaption>Premier contact avec Mindelo, capitale de Sao Vicente</figcaption></figure><p> </p><p>Harassés par cette navigation éprouvante, nous nous remettons de nos émotions en quelques jours, réalisant alors le grandiose que nous venons de vivre en mer…</p><p>A dans quelques jours pour vous partager nos découvertes colorées du Cap-Vert. Bonnes fêtes à tous!</p> Sun, 27 Dec 2020 00:00:00 +0000 /blog/en-mer/traversee-canaries-cap-vert /blog/en-mer/traversee-canaries-cap-vert Canaries 3/3: Les îles de l'Ouest, des pépites reculées Pauline <p> </p><h3>Gomera, la charmante</h3><p> </p><p>L'île de La Gomera est plutôt proche de Tenerife à vol d'oiseaux. Par la mer, il est nécessaire de contourner cette dernière avant de traverser. Il nous faut donc une grosse journée sur l'eau pour atteindre notre destination.</p><p>Chose peu commune, certainement due à de puissants "effets de site" (modification du vent ou du courant en fonction du relief), la navigation s'effectue au près du début à la fin, alors que nous faisons les 3/4 de la rose des vents!</p><p>Le départ est agréable: la navigation côtière est l'occasion de découvrir les recoins de Tenerife que nous n'avons pas explorés. Un autre bateau semble vouloir jouer avec nous: nous naviguons bord à bord, nous tirant la bourre grâce à des réglages fins.</p><p>Au sud de l'île, le vent forcit: nous prenons un ris, puis deux, et enroulons du génois. La lumière décline, c'est l'heure idéale pour pêcher. Nous nous délestons enfin du poulpe blanc, leurre peu efficace à l'usage, pour installer sur notre ligne un poulpe orange.</p><p>En 5 minutes, ça frétille! Nous ramenons à bord un thon rouge, exécuté proprement et sans douleurs par Kévin. Nous progressons, et sommes heureux d'avoir quelque chose à nous mettre sous la dent pour le dîner!</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201128_163533.jpg"><figcaption>Duel avec le poisson</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201128_163540.jpg"><figcaption>C'est bon, il est à bord. A nous deux.</figcaption></figure><p> </p><p>Malheureusement, nous perdons "encore" quelque chose à la mer: mon fameux livre de cuisine en mer! Il était calé dans une pochette, malheureusement pas assez fermée pour le retenir lors d'un puissant à-coup. Pour la transat, nous installerons un autre système pour caler nos affaires.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201128_180722.jpg"><figcaption>Nav' coucher de soleil</figcaption></figure><p> </p><p>Cette navigation tire en longueur: nous arrivons avec soulagement et bonheur à 23h à La Gomera, dans le port de San Sébastian.</p><p>                                                                         ***</p><p><strong>"Vallées verdoyantes, splendides falaises, remarquables formations rocheuses"...ce qu'on a pu lire sur La Gomera n'a pu que nous convaincre d'y poser le pied.</strong></p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201201_114322.jpg"><figcaption>Paysage typique de La Gomera: des palmiers à perte de vue!</figcaption></figure><p> </p><p>Nous aurions voulu profiter des mouillages de cette île, mais la météo s'est montrée trop capricieuse. </p><p>Quel bonheur de retrouver une petite ville calme, sans trop de circulation! L'ambiance est détendue, les cafés en terrasse sympathiques.</p><p>La météo se gâtant dans quelques jours, nous nous hâtons d'explorer l'île.  <strong>D'innombrables sentiers de randonnée et de points de vue nous appellent: luxuriante, l'île est sauvage et merveilleuse</strong>.</p><p>La succession de villages nichés au creux de vallées nous enchante.</p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201129_125821.jpg"><figcaption>Plantations de bananiers</figcaption></figure><p> </p><p>Nous découvrons une végétation toujours plus généreuse et exotique. Que ça fait du bien de ressentir de l'humidité après un mois de sécheresse!</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201129_160722.jpg"><figcaption>Vallehermoso</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201129_161352.jpg"><figcaption>Chapardage d'avocats</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201129_160625.jpg"><figcaption>Des maisons d'un style colonial, des manguiers, avocatiers, bananiers…</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201129_161715.jpg"><figcaption>Vallehermoso: une charmante bourgade à flanc de montagne</figcaption></figure><p> </p><p>Le parc national de Garajonay nous réserve de belles surprises. Enveloppés par cette nature tentaculaire, nous faisons le plein de forêt avant de rejoindre la mer.</p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201129_171611.jpg"><figcaption>Forêt primaire</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201130_164056.jpg"></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201129_173142.jpg"><figcaption>Coucher de soleil dans la brume au sommet de l'île</figcaption></figure><p> </p><p>Kévin continue le trail - 25km cette fois-ci! - tandis que je profite du marché et des ruelles colorées de San Sébastian.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201130_131225.jpg"><figcaption>San Sébastian</figcaption></figure><p> </p><p>Le soir, nous croisons quelques hippies aux terrasses de café. Paraît-il que La Gomera est réputée pour l'accueil des hippies: un bon reportage Arte est à visionner <a href="https://www.youtube.com/watch?v=7bExBoJHmGU&feature=share">ici</a>.</p><p>Nous nous faisons virer au bout de 6 jours, car La Gomera accueille la Talisker Whiskey Atlantic Challenge, une compétition en aviron autour de l'Atlantique. Plus de 30 équipes s'affrontent pour parcourir les 3000 milles de La Gomera à Antigua & Barbuda aux Antilles…à voir leurs embarcations, on leur souhaite bon courage!</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201129_115448.jpg"><figcaption>Les avirons qui traversent l'Atlantique. Beaucoup d'Anglais y participent. A côté, on est sur un paquebot de luxe!</figcaption></figure><p> </p><p> </p><h3>El Hierro, paradis de la plongée</h3><p> </p><p>El Hierro est la dernière île des Canaries sur laquelle nous prévoyons d'accoster.  </p><p>Nous l'attendons avec impatience depuis notre arrivée dans l'archipel: très reculée, elle est réputée pour son rythme ralenti, la simplicité de la vie locale et son souci de l'environnement. La côte n'est pas déformée par des complexes hôteliers criards et l'île travaille sérieusement à son autonomie énergétique.</p><p><strong>Elle est aussi connue des plongeurs pour ses fonds sous-marins d'une rare diversité: ce serait même le "meilleur spot de plongée d'Europe"!</strong></p><p>                                                                                                     ***</p><p>Après une navigation éprouvante, une fois de plus au près, avec une houle de face, à travers les grains, nous arrivons enfin au sud de l'île.  </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201203_165155.jpg"></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201203_164243.jpg"><figcaption>Doublon d'arc-en-ciel</figcaption></figure><p> </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/IMG-20201204-WA0015.jpg"><figcaption>Le ciré sort enfin de la cabine! Nous ne l'avions pas sorti depuis…la Bretagne.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/IMG-20201209-WA0009.jpg"><figcaption>Après la pluie, de magnifiques lumières </figcaption></figure><p> </p><p>Nous débarquons de nuit au port de la Restinga, campement de base des clubs de plongée.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201206_180403.jpg"><figcaption>Bienvenue à La Restinga!</figcaption></figure><p> </p><p>Le port est minuscule, seulement quelques bateaux de plaisance ont pu s'y amarrer. Deux coques jaunes se détachent du lot: ce sont des bateaux de baroudeurs français.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201207_091448.jpg"><figcaption>Vue sur La Restinga</figcaption></figure><p> </p><p>Ils ont élu domicile ici, les tarifs sont plus que concurrentiels et la vie est paisible. Les autres places au catway sont réparties entre les barques colorées des pêcheurs et les semi-rigides des clubs de plongée.</p><p>L'accueil sur l'île est excellent: les sourires sont francs, les gars du port discutent, nous invitent à prendre un café chez eux. On sent déjà la sereine quiétude des habitants.</p><p>Vincent, antillais d'origine, nous le dit, même: "<i>J'ai navigué sur toutes les mers, je connais par coeur les Antilles, et vous ne trouverez pas mieux qu'ici...Il y a tout. Une bonne agriculture, de la nature, les gosses peuvent jouer toute la journée dans le village sans qu'on s'inquiète de quoi que ce soit...c'est le paradis. Vous allez voir, quand vous arriverez aux Antilles, l'accueil ne sera pas le même. Le racisme anti-blancs est encore très présent</i>".</p><p>Ce n'est pas la première fois qu'on nous avertis de l'accueil mitigé - voire hostile - des locaux dans les Antilles Françaises, mais nous le constaterons par nous mêmes si c'est le cas!</p><p>Dès que nous posons le pied par terre, toute fatigue et lassitude liée à une longue navigation au près s'évanouissent. Nous avons besoin d'évacuer la tension des dernières heures,  reconnecter avec la terre. Nous ressentons un léger mal de terre: quelques pas sur la terre ferme et une cana en terrasse nous détendent avant de nous endormir comme des souches.</p><p>Le lendemain, nous découvrons une île de nature volcanique, avec cette roche noire typique des Canaries.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201207_090716.jpg"><figcaption>Amorgos à quai (bon, on rangera la sangle pour la prochaine fois)</figcaption></figure><p> </p><p>La végétation y est plus généreuse qu'à Lanzarote, en revanche.</p><p> </p><h4>Les merveilles de l'océan</h4><p> </p><p>Un pizzaïolo de Lanzarote nous avait conseillé le centre "Meridiano Cero", fondé par un couple franco-belge. Cela fait plus d'un mois qu'ils nous attendent pour démarrer un stage de plongée sous-marine.</p><p>Kévin a déjà un niveau 1 français: il passera l'Advanced de PADI (organisme international), tandis que je passerai le niveau 1 français.</p><p><strong>La découverte d'une nouvelle discipline nous fait beaucoup de bien: nous concentrer sur l'apprentissage d'une activité est enrichissant et stimulant.</strong></p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/129939006_694502304838330_9167068389297880292_o.jpg"><figcaption>Cours théorique avant  d'aller à l'eau avec Céline de Meridiano Cero</figcaption></figure><p> </p><p>Avec quelques fondamentaux théoriques sur la pression, la flottabilité, nous partons dans le port pour notre première plongée. Avec le Covid, nous avons la chance d'avoir un cours particulier, les clients se faisant plus rares.</p><p>Si plonger dans le port n'est pas l'option la plus séduisante de prime abord, c'était sans compter sur la clarté et la richesse des fonds!<strong> Nous rencontrons une tortue et une raie dès nos premières minutes sous l'eau</strong>!</p><p>J'apprends à installer le matériel, le contrôler, décompresser, vider mon masque, récupérer mon détendeur s'il m'échappe, prendre de l'air chez l'autre si besoin, communiquer sous l'eau, tandis que Kévin évolue avec Céline quelques mètres en dessous de moi.</p><p><strong>Peu rassurée au début par ce sport qualifié "d'extrême", je comprends que les accidents sont dus à des erreurs humaines.</strong> Si je suis Claude, mon instructeur, tout ira donc bien!</p><p>Les deux jours suivants, nous embarquons avec le semi-rigide pour rejoindre à pleine vitesse la réserve naturelle de Mar de las Calmas. Là,<strong> nous entrons dans le temple de la plongée sous-marine du coin</strong>.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201207_092936.jpg"><figcaption>Départ sur le zod'</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201206_092214.jpg"><figcaption>Pour Kévin, ça bosse.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/130310040_697209317900962_2766440382944021763_o.jpg"><figcaption>Plongée avec les Khaïma dans un chouette décor</figcaption></figure><p> </p><p>La préparation de la plongée est quelque peu solennelle pour moi, et il faut débrancher son cerveau pour quitter le zodiac en se penchant en arrière, lestée par la bouteille de plongée.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/130752993_697209324567628_2264098564363861739_o.jpg"><figcaption>C'est okaaay</figcaption></figure><p> </p><p>Mes deux premières plongées à 20m sont magnifiques...un nouveau monde s'ouvre à nous. Celui de la vie sous la mer, où les poissons évoluent dans leur milieu naturel, tous plus colorés les uns que les autres.</p><p>C'est un plaisir d'apprendre à les distinguer: sars, carangues, mérous, murènes, demoiselles, raies, rascasses, poissons trompette, perroquets...nous nous invitons dans leur monde, en nous déplaçant lentement, sans mouvement brusque, en apesanteur.</p><p> </p><figure class="media"><div data-oembed-url="https://www.youtube.com/watch?v=csJzIEnVCck"><div style="position: relative; padding-bottom: 100%; height: 0; padding-bottom: 56.2493%;"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/csJzIEnVCck" style="position: absolute; width: 100%; height: 100%; top: 0; left: 0;" frameborder="0" allow="autoplay; encrypted-media" allowfullscreen=""></iframe></div></div></figure><p> </p><p>Au cours des deux dernières matinées,<strong> j'apprends peu à peu à me détendre, à gérer ma flottabilité et à comprendre que la plongée est une invitation à admirer la vie sous-marine.  </strong></p><p><strong>Nous écarquillons les yeux et nous immergeons sans retenue dans ce bleu hypnotique, en quête de rencontres avec la vie subaquatique. Nous croisons poulpes, étoiles de mer, langoustes et évoluons sur des coulées de lave et des cavités intérieures, nous offrant d'éblouissants jeux de lumière</strong>. La palette de bleu se décline à l'infini.  </p><p><strong>Contempler plutôt qu'agir, cela demande du temps. La plongée est une invitation à l'abandon: elle lave de tout. Quand on plonge, on oublie ce qui nous attend là-haut On est concentré, solidaire de la palanquée, et on prend une décharge de beauté plein les yeux.</strong></p><p>Lorsque l'esprit s'emballe, lorsqu'il envisage la rupture d'air, la noyage, l'accident de décompression, il est grand temps de reprendre les rênes de ce mental désordonné: contrôler ce qui doit être contrôlé, rationaliser au lieu de se laisser emballer par des fantasmes qui n'ont pas lieu d'être.<strong> En somme, la plongée est une excellente école de sang-froid, de confiance en soi et en l'autre</strong>. Elle est très complémentaire de la voile.</p><p> </p><h4>Vie de village à la Restinga</h4><p> </p><p>L'avantage du stage de plongée, est que nous pouvons rester quelques jours à La Restinga, pour une fois de plus vivre au rythme de la vie locale.  </p><p>Le village français se recompose: un soir, nous dînons à bord de Khaïma avec les monos de plongée, un autre soir,  nous fêtons dans une pizzéria l'anniversaire d'un des MateLowTech puis partons danser sur la plage, une autre fois, nous filons au bar local puis atterrissons dans un restau de poissons grillés...La spontanéité du planning n'enlève rien à sa richesse: simplement, nous nous laissons guider.</p><p>Ainsi se déroule la vie à La Restinga: étirée, apaisante...idyllique. On croirait presque à un mirage, tant l'esprit est ancré dans l'instant, loin de tout stress et de tout environnement pressurisant.</p><p> </p><h4>L'ombre au tableau</h4><p> </p><p>A plusieurs reprises, nous entendons les Pan-Pan à la VHF, lors de nos navigations entre les îles des Canaries. Des barques de migrants débarquent régulièrement sur l'une des îles, fuyant l'absence d'avenir dans leur propre pays.</p><p>Les savoir pas loin est étrange: les reportages télé et les histoires racontés dans les journeaux prennent vie.  </p><p>En entendre parler est une chose, les voir en est une autre: à La Restinga, nous avons vu à deux reprises des migrants débarquer sur le ponton, visiblement harassés par une traversée de plusieurs jours à bord d'une coque de bois décolorée.</p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201207_132523.jpg"><figcaption>Ce matin, nous avons vu une cinquantaine de migrants entassés sur cette barque. Sitôt débarqués, la barque est sortie de l'eau et rejoint la collection d'autres barques en provenance d'Afrique. </figcaption></figure><p> </p><p>A peine arrivés, ils sont pris en charge par la Croix-Rouge, après un test Covid, et sont ensuite dispatchés sur l'une des îles de l'archipel. Le Covid aurait accéléré l'exil: c'est presque tous les jours que des embarcations sommaires débarquent! Et encore, nous ne voyons que celles qui sont parvenues à destination...</p><p>Loin de toute considération politique, avoir à quelques mètres de soi ces femmes, ces enfants et ces hommes contraints d'avoir abandonné leur pays au péril de leur vie, est une expérience dérangeante:  nous nous sentons extrêmement privilégiés, et plein d'empathie pour ces personnes dont nous croisons le regard, nées sous des cieux moins cléments.</p><p> </p><h4>Préparation pour le Cap-Vert</h4><p> </p><p>Tandis que beaucoup de voiliers prennent la direction des Caraïbes, nous nous préparons à faire escale au Cap-Vert. Pour une transatlantique, la route classique est de passer à 200 milles du Cap-Vert. Autant s'y arrêter pour découvrir ces îles enchanteresses, bercées par la musique et les saveurs d'Afrique.</p><p>Paraît-il que c'est l'escale la plus dépaysante d'un tour de l'Atlantique...</p><p>Nous comptons passer Noël et le Nouvel-An là-bas, pour traverser l'océan début janvier.</p><p>Qui dit préparation dit logistique: cette traversée de 5-6 jours est la plus longue que nous ayons jamais faite. C'est un galop d'essai pour la transatlantique: 1/4 du parcours aura été effectué.</p><p>Pour une longue traversée, nous prévoyons un avitaillement minutieux, une autonomie et un rationnement en eau, des playlists, podcasts et livres en abondance, une vérification de la pharmacie de bord, et une révision des règles de sécurité et de survie.</p><p>Nous activons également l'Iridium, ce téléphone satellite qui nous permettra de prendre des fichiers météo à intervalles réguliers. Nous transmettons également nos fiches médicales au CCMM - les médecins du large basés à Toulouse - et une déclaration de traversée au CROSS Gris-Nez, au cas où les secours soient déclenchés.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201207_173644(1).jpg"><figcaption>Check des piles du flash relié à la bouée fer à cheval </figcaption></figure><p> </p><p>Lavage intégral du bateau, lessive, rangement au peigne fin...l'organisation est rodée. Elle est gage d'une traversée réussie, en pleine sécurité! Nous aurons une fois de plus la chance de traverser en flotille, accompagnés de Khaïma, Kerwatt (les MatelowTech) et Yapluka (les filles du projets Hisse tes rêves).</p><p>Même si la portée de notre VHF est très limitée - réduisant la possibilité de faire des quizz et autres blagues d'un goût douteux à la radio - nous sommes contents de traverser en même temps que nos amis.</p><p>En attendant, nous profitons du cadeau d'anniversaire que j'ai offert à Kévin pour nous ressourcer: les casitas d'El Sitio sont un havre de paix, d'inspiration et de tranquillité pour recharger les batteries avant le départ!</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201208_140514.jpg"><figcaption>Arrivée à El Sitio, dans notre Casita Rural. C'est une bodega réaménagée. Charmante, écoresponsable et empreinte d'une atmosphère bohème-rustique, nous nous reposons dans un studio douillet avant de reprendre la mer.</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/20201208_141419.jpg"><figcaption>Maisons typiques des Canaries en pierre noire, terrasses privatives, studio de yoga, café commun…</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/IMG-20201209-WA0012.jpg"><figcaption>L'arrivée dans les yeux: on a toujours le smile quand on sait qu'on va bien dormir ^^</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/La%20Gomera%20et%20El%20Hierro/IMG-20201210-WA0001.jpg"><figcaption>“Comment rendre un homme heureux", chapitre 12…</figcaption></figure><p> </p><p>Nous vous laissons, il nous reste encore plein de choses à préparer...</p><p>La communication sera certainement sporadique au Cap-Vert, nous vous donnerons des nouvelles dès que nous aurons accès à un wifi. Fini le réseau européen et la 4G!</p><p>C'est une plongée encore plus profonde dans le voyage...</p><p><strong>Prenez soin de vous, à bientôt!</strong></p><p> </p><h4><span style="color:hsl(210, 75%, 60%);">Et en bonus pour les fêtes de fin d'année, la première vidéo de notre voyage montée par Kévin! Mettez le son, et embarquez à nos côtés:</span></h4><p> </p><figure class="media"><div data-oembed-url="https://www.youtube.com/watch?v=5Rgpr5DeZqI"><div style="position: relative; padding-bottom: 100%; height: 0; padding-bottom: 56.2493%;"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/5Rgpr5DeZqI" style="position: absolute; width: 100%; height: 100%; top: 0; left: 0;" frameborder="0" allow="autoplay; encrypted-media" allowfullscreen=""></iframe></div></div></figure><p> </p><p> </p> Thu, 10 Dec 2020 00:00:00 +0000 /blog/a-terre/canaries-3-3-les-iles-de-l-ouest-des-pepites-reculees /blog/a-terre/canaries-3-3-les-iles-de-l-ouest-des-pepites-reculees Canaries 2/3: Tenerife, la Splendide Pauline <h3>Rencontre avec une baleine</h3><p> </p><p>La navigation entre Fuerteventura et Tenerife est une belle glissade. Nous avons la sensation d'être sur un tapis volant: la mer est lisse, le bateau parfaitement équilibré. Partis dans l'après-midi, nous prévoyons d'arriver le lendemain dans la matinée. Le bateau file parfois à 7 noeuds, parfois à 3, nous sommes tellement bien en mer qu'aucune urgence à arriver ne nous étreint. Le soleil se couche dans un splendide jeu de couleurs. Il se réveille 12h après, lors du changement de quart.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Tenerife/20201117_183701.jpg"><figcaption>Jour déclinant à bord - Gran Canaria au loin</figcaption></figure><p> </p><p> </p><h4>Un moment majestueux</h4><p> </p><p>Comme d'habitude, je me lève à l'aube tandis que Kévin rend les armes. </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Tenerife/20201118_071049.jpg"><figcaption>Changement de quart: Zzzzzz….</figcaption></figure><p> </p><p>Souvent, nous admirons le lever du soleil ensemble, toujours soulagés de la clarté naissante. Tout à coup, un souffle puissant attire notre attention. Une odeur prononcée de poissons arrive jusqu'à nos narines: pas de doute, une baleine est dans le coin! L'excitation est à son comble, nous n'en avons jamais vue, même de loin. </p><p>Nous balayons l'horizon du regard pendant de longue minutes. Face au soleil levant, une grosse masse émerge de l'eau, majestueuse et imposante. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Tenerife/IMG-20201118-WA0006.jpg"><figcaption>Lever de soleil à la baleine</figcaption></figure><p> </p><p>Dans un lent et lourd mouvement ondulatoire, elle passe de la surface à l'abîme des profondeurs. C'est incroyable, nous avons vu une baleine! Nous continuons à scruter l'océan, là où nous l'avons vue surgir. Après de longues minutes de vaine observation, nous baissons la garde.   C'est alors qu'un souffle puissant attire notre attention sous le vent: une gigantesque masse d'un noir irisé sort de l'eau à quelques mètres de nous.   Tremblante, je pousse un cri de surprise. Le volume et la puissance du plus gros mammifère marin est telle que j'ai peur qu'elle s'amuse avec notre bateau, allant jusqu'à le renverser! Les attaques d'orques auprès des plaisanciers nous rend méfiants…</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Tenerife/IMG_20201118_130657_852.jpg"><figcaption>Visez un peu la bastiole! On n'est plus dans le dauphin tout mignon là…c'est autrement imposant!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Tenerife/IMG-20201118-WA0007.jpg"><figcaption>Vue impressionnante…c'est de là que sort son souffle, un mélange d'air et d'huile sentant la poiscaille</figcaption></figure><p> </p><p>Mais non, elle s'est juste approchée de nous par curiosité, et repart comme elle est venue. Quel moment intense nous venons de vivre!   Il est très rare qu'une baleine surgisse des profondeurs si près d'une embarcation humaine. Nous avons beaucoup de chance!</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Tenerife/20201118_080430.jpg"><figcaption>Lumière vivifiante du matin, et avocado-toast oeuf pour se remettre de nos émotions. Ici, l'avocat, c'est locaaal! </figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Tenerife/IMG-20201209-WA0011.jpg"><figcaption>Instant lecture</figcaption></figure><h4> </h4><h4>Apprendre sur la vie marine et partager nos observations</h4><p> </p><p><strong>Avant de partir, nous nous sommes inscrits à un programme de sciences participatives </strong>auprès de l'association le RIEM (Réseau Initiatives des Eco-Explorateurs de la Mer), qui collabore avec l'Ifremer et d'autres programmes scientifiques internationaux.</p><p><strong>Via l'application </strong><a href="https://www.obsenmer.org/pages/presentation"><strong>ObsEnMer</strong></a><strong>, nous signalons la présence  et les caractéristiques des populations marines que nous croisons</strong>. La position géographique est donnée automatiquement: à nous de nous laisser guider dans l'application pour identifier le type de mammifère rencontré.</p><p>Il n'y a pas que les dauphins et les baleines: nous apprenons à les distinguer grâce à leur couleur, leur taille et leur comportement.</p><p><strong>Là, typiquement, nous venons de croiser un Rorqual commun, qui est le 2ème plus gros animal au monde. Il fait entre 20 et 25 mètres de long et pèse 40 tonnes.</strong> Autant dire que lorsqu'il a surgit de l'océan à deux mètres de nous, nous nous sommes sentis bien petits avec nos 7 tonnes et 11,70m!</p><p>Participer à ce programme est un enrichissement supplémentaire à notre voyage. Cela nous pousse à observer ce qui nous entoure, et à distinguer les mammifères marins de manière plus précise.</p><p>Nous comptons également participer à un second programme du RIEM, axé sur l'observation des macro-déchets flottants.  Avec le nombre de conteneurs déversé en mer, il n'est pas impossible que nous en croisions.</p><p> </p><h3>L'île de Tenerife  </h3><p> </p><p>Arriver à Tenerife est une bouffée d'air frais: après avoir passé trois semaines dans un décor désertique, nous sommes contents de poser le pied sur une terre fertile.  </p><p>Nous atterrissons à Santa Cruz de Tenerife, la capitale. L'idée était d'éviter Gran Canaria, trop grande pour nous, et de choisir sa rivale, plus attractive du fait d'une marina certes grande mais plus accueillante. Surtout...Tenerife a pour principal atout d'héberger le plus haut sommet d'Espagne: le pic Teide, culminant à 3718m. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Tenerife/IMG_20201123_121510_348.jpg"><figcaption>Vue sur le Teide</figcaption></figure><p> </p><p>Le surréaliste André Breton en parlait déjà dans Le Château étoilé: évoquant le “Teide admirable”, il le décrivait ainsi:</p><p> </p><blockquote><p><span style="background-color:rgb(255,255,255);color:rgb(51,51,51);">« À flanc d’abîme, construit en pierre philosophale, s’ouvre le château étoilé », André Breton</span></p></blockquote><p> </p><p>Nous l'avons aperçu au loin, dans la brume, avant même de dépasser Gran Canaria en bateau: ce chapeau pointu impressionne, dans ces contrées si arides.  Nous le verrons enneigé après notre ascension, comme il l'est représenté traditionnellement.</p><p> </p><h4>Santa Cruz de Tenerife</h4><p> </p><p>L'escale de Santa Cruz est l'occasion de faire des machines en série et de nous reposer quelques jours avant d'explorer les montagnes environnantes.</p><p>La ville est agréable, colorée, vivante avec son immense marché "Notre Dame d'Afrique". Nous prenons des cafés en terrasse, et rencontrons d'autres équipages, en plein préparatifs pour la transat.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Tenerife/20201119_141549.jpg"><figcaption>Ruelle colorée de Santa Cruz</figcaption></figure><p> </p><p>A Santa Cruz, ça sent le départ: ultimes travaux, derniers cheks, avitaillement...une certaine tension règne sur les pontons. L'appel du large est proche, si bien qu'on réalise, que nous aussi, nous partons bientôt.</p><p>C'est l'occasion de faire un sérieux avitaillement dans un gros supermarché de la ville, car après, la diversité ne sera plus de mise. On nous a fortement déconseillé de nous approvisionner au Cap-Vert, hormis au marché de Mindelo où les légumes sont excellents.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Tenerife/IMG-20201209-WA0010.jpg"><figcaption>Avitaillement du sec. A peine le chariot déchargé, nous entendons un étrange roulis et un gros PLOUF. Oups, le caddie est tombé dans le port :/</figcaption></figure><p> </p><p>Je m'amuse donc à nous projeter dans la transat, en établissant menus et quantités, puis en les regroupant dans un TCD (Tableau Croisé Dynamique pour les amoureux d'Excel) pour faciliter les courses. Il nous faut donc 1 semaine pour le Cap-Vert, et 3 semaines de nourriture pour la transat (une semaine de rab, normalement en 2 semaines nous devrions arriver...).</p><p>C'est un casse-tête amusant pour mêler diversité alimentaire et bon sens, afin de consommer au plus vite le frais, tout en assurant des plaisirs gustatifs jusqu'au bout de la traversée.  </p><p>Avec le bateau Khaïma et les MatelowTech, nous fêtons dignement l'anniversaire de Kévin. Il faut dire que la journée avait bien commencé, grâce aux Pancake de chez Marlette!  </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Tenerife/20201119_091758.jpg"><figcaption>Le bon début dé journée! Au secours, nous n'avons plus de Carabreizh: qui nous en rapporte?! </figcaption></figure><p> </p><p>Pour le reste, nous avons prévu un couscous géant, grâce à notre barbuc pour la viande, et mettons tout le monde dans l'ambiance avec le premier planteur. La fête est joyeuse et réussie, Kévin célèbre le passage à la 34ème année en beauté, avec un sérieux mal de crâne le lendemain.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Tenerife/IMG-20201120-WA0008.jpg"><figcaption>13 à bord: on est à l'aaaise!</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Tenerife/IMG_20201120_133217_565.jpg"><figcaption>Deux beaux gâteaux (dont un far aux pruneaux…la Bretagne est toujours avec nous!), des bougies, des copains, de chouettes cadeaux</figcaption></figure><p> </p><p>Remis de la fête, nous louons la voiture pour explorer l'île. Les vastes forêts primaire et les petits villages perchés à flanc de montagne sont un plaisir pour les yeux et les jambes.</p><p> </p><h4>Ascension du Teide</h4><p> </p><p>Nous nous échauffons tranquillement pour l'événement de Tenerife: l'ascension du Teide!</p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Tenerife/20201124_115134.jpg"><figcaption>L'objectif</figcaption></figure><p> </p><p>C'est une randonnée à la journée qui se prépare: il est nécessaire d'obtenir un permis pour l'ascension finale. Nous avons un créneau 15h-17h pour nous y rendre, ce qui est relativement tard vu qu'il faut descendre à pied.</p><p>Kévin a eu la chance d'avoir comme cadeau d'anniversaire de la part de ses parents deux nuits dans un hôtel, le seul proche du Teide. Plus que des cadeaux matériels, nous apprécions beaucoup les expériences à partager, générant des moments de qualité.</p><p>Nous nous rendons donc au Parador de las Canadas del Teide pour deux nuits dans un vrai lit. En passant à 2000m, le thermomètre chute: nous passons de 30° à 10°C. L'air pur des montagnes nous rafraîchit agréablement les poumons.</p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Tenerife/20201123_155612.jpg"><figcaption>L'hôtel, dans un décor sympathique</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Tenerife/20201122_170230.jpg"><figcaption>Feu de cheminée, piscine intérieure avec vue sur le Teide, Hammam…on profite</figcaption></figure><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Tenerife/IMG-20201209-WA0008.jpg"><figcaption>On ne se refuse rien</figcaption></figure><p> </p><p>L'hôtel est rustique et authentique, nous nous sentons bien. Après un trail de 20km pour Kévin et une randonnée ensemble l'après-midi, nous nous détendons autour du feu de cheminée et nous couchons tôt pour partir à 8h30 le lendemain.</p><p>Nous avons 1700m de dénivelé à faire, sans trop nous attarder pour ne pas rentrer de nuit. Un téléphérique se rend quasi au sommet, mais cela ne nous intéresse guère: nous préférons marcher.</p><p>Le chemin que nous empruntons n'est pas le plus commun, mais la difficulté supplémentaire nous motive, d'autant plus que nous aurons droit à une vue sur l'impressionnant Pico Viejo, un cratère gigantesque.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Tenerife/20201124_132412.jpg"><figcaption>Vue sur le Pico Viejo. On commence à cailler, on sort le bonnet.</figcaption></figure><p> </p><p>Au fur et à mesure que nous évoluons sur la roche, la végétation s'amenuise, le paysage se précise. Des boules de lave trônent au milieu d'un champ de lave séchée, le sol est rocailleux, il n'est pas toujours simple d'avancer sur des pierres instables. </p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Tenerife/20201124_104752.jpg"><figcaption>Quand l'escalade sur bloc le démange… (Je prie pour qu'il ne se viande pas)</figcaption></figure><p> </p><p>La pause sandwich aux 3/4 de parcours fait du bien. Nous finalisons l'ascension comme dans les Alpes: rythme régulier et lent.</p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Tenerife/IMG-20201124-WA0007.jpg"><figcaption>Déboîtement de machoire </figcaption></figure><p> </p><p> </p><p>La récompense au sommet est là: nous apercevons La Gomera, El Hierro et la Palma et pouvons contempler ce spectacle volcanique à couper le souffle. Le volcan se rappelle à nous: des volutes de soufre s'échappent des profondeurs. Elles nous saisissent par leur odeur putride...ça sent l'oeuf pourri!</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Tenerife/IMG-20201125-WA0000.jpg"><figcaption>Au sommet!</figcaption></figure><p> </p><p>On imagine l'activité qui gronde sous la terre. Calme à l'extérieur, brûlant de l'intérieur...</p><p>Nous cavalons pour descendre au plus vite, tandis que de nombreux trailers profitent de la fin d'après-midi pour rejoindre le sommet, afin d'admirer le coucher du soleil. Le chemin ordinaire est bien plus praticable de nuit que celui que nous avons emprunté.</p><p> </p><figure class="image"><img src="/content/2321233423/userfiles/Tenerife/20201124_161625.jpg"><figcaption>L'autre versant du Teide, appelé montana blanca (bon, c'est plutôt jaune que blanc, mais on aime quand même)</figcaption></figure><p> </p><p>La chance est avec nous: en arrivant au niveau du téléphérique, les gardiens nous offrent un café. A peine descendus, nous rencontrons un couple de belges disposé à nous déposer à la voiture: vu qu'il est 18h, nous sommes ravis de raccourcir la route!</p><p> </p><h4>Repos et dépressions successives </h4><p> </p><p>Le retour à Tenerife s'effectue sans encombres. Nous avons la sensation de revenir de loin et, comme à chaque expérience au creux des cimes, d'avoir vécu quelque chose d'exceptionnel.</p><p>Les jours suivants sont consacrés au repos, aux formalités de sortie de l'Union-Européenne et à quelques déambulations dans la ville.  </p><p>Nous sympathisons avec O'Alen, une famille d'Arcachon et leurs deux petites filles de 3 et 5 ans, et retrouvons Shanty, un bateau allemand qui modifie son projet initial: avec d'autres allemands, ils se rendent en Gambie, paraît-il une destination merveilleuse!</p><p>Nous suivons les systèmes météo de près: les dépressions se succèdent, il n'est pas évident de trouver le bon créneau pour partir à la Gomera.</p><p>Lorsque l'horizon s'éclaircit, nous nous lançons: une "petite" nav' de presque 80 milles nous attend.</p><p>Réveillés par des fêtards à 5h du mat', nous saisissons cette opportunité pour larguer les amarres.</p><p>La suite au prochain numéro :)</p><p> </p> Wed, 09 Dec 2020 00:00:00 +0000 /blog/a-terre/canaries-2-3-tenerife-la-splendide /blog/a-terre/canaries-2-3-tenerife-la-splendide